La double royauté spartiate est l’un des aspects les plus étonnants de la constitution de Sparte : en dépit des vicissitudes de l’histoire, elle s’est perpétuée avec une certaine constance dans un système politique particulier depuis ses origines mythiques jusqu’à son évolution en monarchie et disparition à l’époque hellénistique. Cette perpétuation s’est effectuée au prix d’une réinvention permanente de la représentation des rois et de leur rôle institutionnel.

Présentation

La double royauté spartiate est l’un des aspects les plus étonnants de la constitution de Sparte : en dépit des vicissitudes de l’histoire, elle s’est perpétuée avec une certaine constance dans un système politique particulier depuis ses origines mythiques jusqu’à son évolution en monarchie et disparition à l’époque hellénistique. Cette perpétuation s’est effectuée au prix d’une réinvention permanente de la représentation des rois et de leur rôle institutionnel.

En effet, il y a bien deux rois héréditaires, qui appartiennent à deux maisons, en fonction de deux généalogies distinctes, descendantes de Zeus, Héraklès et dans une certaine mesure de Ménélas, par l’intermédiaire d’Hélène (et ses frères jumeaux) ; toutefois, les fondements de la royauté spartiate ne se limitent pas à la dyarchie institutionnelle. La basileia à Sparte n’est pas une simple archè, une magistrature royale ou même une « charge de stratège confié à des gens qui ont les pleins pouvoirs et à perpétuité » (Arist., Pol. 1285a7). Elle n’est pas non plus l’équivalent de la tyrannie grecque de l’époque archaïque ou classique. Et même à l’époque hellénistique, Nabis rappelle à Flamininus que dans le passé, au lieu de tyran, les Romains l’appelaient roi (Liv. 34.31.13). Par leurs prérogatives religieuses, militaires, politiques, judiciaires, par leur régime de vie spécifique depuis leur éducation jusqu’à leurs funérailles et surtout par leur charisme intrinsèque et particulier, les rois des Lacédémoniens n’ont eu de cesse de conquérir « du prestige […] en dépit des bornes qu’imposaient les lois aux pouvoirs de cette royauté » (Cloché 1949).

Ce colloque international organisé avec le soutien d’AnHiMA et d’EDITTA a pour but de faire le point sur cette institution, son incarnation et son prestige. Le pouvoir royal à Sparte n’a pas fait à notre connaissance l’objet de colloque ou de monographie depuis les études de Pierre Carlier (1984, 2008) et de Paul Cartledge (1987, 2001) ; les mises au point les plus récentes sont celles d’Ellen Millender (2009, 2018). On peut s’interroger en premier lieu sur les origines mythiques et politiques de la dyarchie royale, ainsi que sur son originalité dans le monde méditerranéen ; il est possible d’évoquer aussi le fonctionnement et/ou les dysfonctionnements du régime au gré des querelles de succession ou des antagonismes entre familles royales : est-elle facteur de stabilité ou d’instabilité au sein du régime ? Il peut paraître intéressant de réfléchir aux attributions et aux rites cérémoniels qui entourent la fonction, ainsi qu’aux pratiques de pouvoir en fonction des acteurs et des circonstances historiques, sur le temps long ; enfin, une attention toute particulière sera accordée à la représentation – pivot ou non du « mirage » spartiate ? –, voire à la réappropriation de la royauté spartiate à travers les prismes athénocentriste (Isocrate, Platon, Aristote, etc.), hellénistique et romain.

Programme

Vendredi 15 novembre 2024

Matinée : Salle G 073, escalier E, 3^ème étage, Sorbonne Université, 1 rue Victor Cousin/54 rue Saint Jacques, 75005 Paris

8h30 – Accueil des participants

9h00 – Ouverture du colloque

Session 1 : La royauté spartiate des origines

• 9h10 – Ariane Guieu-Coppolani (Sorbonne Université) – Autour de Ménélas
• 9h35 – Olivier Gengler (Académie des Sciences de Heidelberg/Université de Tübingen) – Pausanias, Hérodote et la liste des premiers rois de Sparte   

10h00 – Discussion

10h20 – Pause

Session 2 : La royauté spartiate : une institution et des hommes

• 10h45 – Ellen Millender (Reed College, Portland) – An Imperfect Integration or a Fatal Flaw? The Dyarchy and the Spartan Politeia
• 11h10 – Nancy Bouidghaghen (Dr. Université Paris XIII-CSPS University of Nottingham) –“Cléomène, dit-on ... ” : retour sur la vie politique à Sparte sous le règne de Cléomène I^er
• 11h35 – Annalisa Paradiso (Università della Basilicata) – Abattre la maison du roi: le cas de Léotychidas II 

12h00 – Discussion

12h30 – Déjeuner 

Après-midi : Salle des Actes, Sorbonne Université

Session 3 : Succession royale : un régent et des héritiers

• 14h00 – Vassiliki Pothou (Universität Regensburg) – Pausanias n’était pas un monstre : quelques réflexions sur son portrait déformé dans l’œuvre de Thucydide
• 14h25 – Andrew Bayliss (University of Birmingham) – Outside the we-group ? - the relationship between Spartan kings and the homoioi
• 14h50 – Marcello Lupi (Università degli Studi della Campania “Luigi Vanvitelli”) – The sorrows of the young Akrotatos. Some notes on being heir to the throne in Sparta 15h15 – Discussion

15h45 – Pause

Session 4 : La royauté spartiate à l’époque d’Agésilas

• 16h15 – Nicolas Richer (ENS de Lyon) – Le dialogue entre Lysandre et Cyrus le Jeune dans l’Économique (4, 18-25) de Xénophon : l’expression d’une conception de la royauté aux traits partagés ?
• 16h40 – Louis-André Dorion (Université de Montréal) – Agésilas et la basilikê tekhnê
• 17h05 – Philip Davies (University of Nottingham) – Cleomenes in the shadow of Agesilaus

17h30 – Discussion

18h00 – Fin de la première journée

Samedi 16 novembre 2024

Auditorium Jacqueline Lichtenstein, INHA, Galerie Colbert, 2 rue Vivienne/ 6 rue des Petits-Champs, 75002 Paris 

8h30 – Accueil des participants

Session 5 : La royauté spartiate à l’épreuve du temps

• 9h10 – Adrien Delahaye (Université Montpellier - Paul Valéry) – Héraclides, Tyndarides et Atrides : archéologie de la légitimation du pouvoir dyarchique à Sparte
• 9h35 – Louise Brouard (Doctorante, ED022 de Sorbonne Université) – La représentation des rois de Sparte dans les Histoires d’Hérodote  
• 10h00 – Carol Atack (Newnham College, University of Cambridge) – Spartan kingship and the invention of tradition

10h25 – Discussion

10h55 – Pause

Session 6: Ecrire la vie d’un roi spartiate : Agésilas post mortem

• 11h20 – Noreen Humble (University of Calgary) – Would the real Agesilaus please stand up: the cultural politics of writing ancient lives
• 11h45 – Pierre Pontier (Sorbonne Université – EDITTA) – Un portrait royal : les tribulations de l’éloge d’Agésilas, de Xénophon à Cornélius Népos

12h10 – Discussion

12h30 – Déjeuner 

Session 7 : La royauté spartiate hellénistique, entre époque classique et époque romaine

• 14h00 – Jacqueline Christien (Université de Nanterre– AnHiMA) – Secret militaire et évolution sociale : le rôle des rois eurypontides d’Agis II à Agis IV
• 14h25 – Jean-Christophe Couvenhes (Sorbonne Université – AnHiMA) – Les patronomoi du roi Cléomène III 14h50 – Discussion

15h10 – Pause

Session 8 : Nabis, le dernier roi

• 15h30 – Michèle Ducos (Sorbonne Université– EDITTA) – Le portrait de Nabis dans l’Histoire romaine de Tite-Live
• 15h55 – Ioanna Kralli (Ionian University) – Nabis and Apega: The Machiavellian last royal couple of Sparta, from Antiquity to Modern Times

16h20 – Discussion

16h40 – Conclusion

Organisateurs 

• Jean-Christophe COUVENHES
• Pierre PONTIER