Avant la révolution industrielle, dormir d’un seul bloc de huit heures n’était pas la norme. Dans les années 1990, l’historien Roger Ekirch a découvert que nos ancêtres pratiquaient un sommeil biphasique, divisé en deux périodes séparées par une pause nocturne.
🔎 Un sommeil en deux temps, une tradition oubliée
Dans les archives judiciaires, journaux intimes et œuvres de fiction, Roger Ekirch a trouvé plus de 2000 références à un "premier sommeil" et un "deuxième sommeil", mentionnées aussi bien par Érasme, Plutarque, Tite-Live que dans L’Odyssée d’Homère. Cette habitude était totalement acceptée et pratiquée.
"Les gens allaient au lit vers 21h ou 22h, se réveillaient après minuit, pour une heure environ, et ensuite se recouchaient", explique Roger Ekirch. Ce réveil nocturne n'était pas perçu comme un trouble du sommeil, mais comme un moment naturel intégré à la vie quotidienne. Pendant cette pause, les gens méditaient sur leurs rêves, priaient, s’occupaient du bétail ou d’un enfant malade, entretenaient le feu. Certains médecins de l’époque considéraient même ce moment comme "un instant de premier choix pour avoir des relations sexuelles."
💡 Pourquoi avons-nous abandonné ce rythme naturel ?
Au XIXe siècle, deux grands changements ont bouleversé nos nuits. L’apparition de l’éclairage artificiel a prolongé les journées et retardé l’heure du coucher. L’électricité et le gaz ont modifié notre horloge biologique en supprimant l’obscurité naturelle qui signalait autrefois au corps qu’il était temps de se reposer.
Dans le même temps, la révolution industrielle a imposé de nouveaux rythmes de vie, avec des horaires de travail fixes et une valorisation de l’efficacité et de la productivité. "Les valeurs associées à cette époque mettent en avant l’importance de l’efficacité, de la ponctualité" explique Roger Ekirch. Le sommeil en deux segments, jugé peu compatible avec ces nouvelles exigences, a progressivement laissé place à une nuit d'une traite de 7 à 8 heures.
🛏️ Se réveiller la nuit ? Ce n’est peut-être pas un trouble du sommeil !
Aujourd’hui, de nombreuses personnes s’inquiètent de leurs réveils nocturnes, les considérant comme un signe d’insomnie. Pourtant, selon Roger Ekirch, ce phénomène pourrait être un vestige de notre passé.
"D’un point de vue historique, ils ne vivent probablement pas un trouble du sommeil, mais plutôt une résurgence de cette forme de sommeil ancestrale." explique-t-il. Se réveiller au milieu de la nuit n’est peut-être pas un problème à combattre, mais une habitude profondément ancrée dans notre biologie.
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