[Retrospective] 🌡️🌃 Coup de chaud sur nos nuits, avec des températures qui ne descendent pas sous les 20 °C durant la période estivale.
Interrogé par Le Monde, Matthieu Sorel, climatologue à Météo-France, s’inquiète en regardant les tendances à la hausse de ces nuits « tropicales ». « Cela ne nous étonne pas, mais ça nous affole un peu quand même quand nous nous penchons sur les données. On constate une multiplication de ces épisodes dans le Sud et une remontée très nette du phénomène vers le nord de la France. Plus aucune région n'est à l'abri »
📈 Une nette augmentation des nuits chaudes sur tout le territoire
Entre 2015 et 2024, 58 % du territoire avaient connu, en moyenne, au moins une nuit à plus de 20 °C, avec des pics notables, contre seulement 14 % entre 1960 et 1969. Même la moitié Nord de la France est concernée : à Paris, 10 nuits tropicales ont été recensées entre 1901 et 1932. Depuis dix ans, c'est désormais la moyenne annuelle dans la ville.
⚕️ Le pourtour méditerranéen particulièrement impacté
Sur les villes du pourtour méditerranéen, le nombre de nuits "tropicales" a particulièrement augmenté. La température est même montée à 30,5 °C en pleine nuit le 1 août 2017 à la station de Marignana en Corse, une valeur inédite. C’est également la succession des nuits "tropicales" qui est problématique, car elle empêche aux organismes (déjà éprouvés en journée) de se reposer et de se régénérer pendant le sommeil, fragilisant davantage la santé des personnes les plus vulnérables.
Durant l’été 2024, souvent plus de 20 nuits chaudes "tropicales" ont été enregistrées au cœur de l’été comme à Marignane (28 jours), à Bastia (27 jours), à Cannes (26 jours) et à Perpignan (20 jours) et même 60 nuits à Nice.
« La mer Méditerranée agit comme un régulateur thermique, elle peut adoucir les températures la journée mais aussi les maintenir à un niveau très élevé la nuit. Elle pousse le taux d'humidité, ce qui ajoute une moiteur très désagréable qui, combinée à la chaleur, peut avoir des conséquences sanitaires importantes. » décrypte M. Sorel.
🌆 Un phénomène amplifié dans les villes avec la surchauffe urbaine
Dans un environnement urbain, les matériaux des bâtiments et des surfaces urbaines emmagasinent l’énergie solaire le jour et la restituent à l’atmosphère urbaine une fois le soleil couché. L’air au-dessus de la ville se refroidit ainsi moins qu’à la campagne, générant ainsi un « îlot de chaleur urbain » (ICU). Ce phénomène, essentiellement nocturne, conduit à un écart de température observé entre une agglomération et les zones moins urbanisées aux alentours.
À titre d’exemple, Paris génère un ICU qui se traduit par des différences de températures nocturnes de l’ordre de 2,5°C (en moyenne annuelle) avec les zones rurales voisines. Ces différences peuvent atteindre 10°C en été en cas de canicule.
En commentaire, retrouvez le lien du dossier très complet avec des infographies de Matthieu Goar pour Le Monde