Overlord a republié ceci
Il n’aura été ni le plus performant, ni le plus aimé. Mais il aura donné à notre époque sa culture, sa spiritualité. En regardant le patron de Nvidia, Jensen Huang sur scène hier, je ne voyais que Steve Jobs. La culture d’une époque n’a jamais été autant façonnée par un seul homme. Avec ces cérémonies produits si normées, tous les CEO de la Tech reproduisent ses rituels, comme s’ils cherchaient à s’inscrire dans la lignée d’un maître spirituel. Le prophète et ses apôtres. Il y a les fidèles. Chaque designer qui affine une interface, Chaque utilisateur qui déverrouille son téléphone, Chaque frisson en ouvrant une boîte prolonge son héritage. Tout chez lui relevait du sage : la parcimonie des gestes, le physique émacié d’un ascète tel Gandhi, la barbe de l'érudit, le noir de la tenue comme un pope grec. Spinoza disait que le prophète n'est ni un philosophe ni un ingénieur : il ne découvre pas des vérités rationnelles, il voit des images puissantes et sait leur donner une forme que les hommes comprennent. Sa force ne réside pas dans sa raison, mais dans son imagination. Hier on disait paraboles, aujourd'hui storytelling. Jobs n’était pas un inventeur. Et ce qu’il a révélé, c’est une nouvelle relation entre l’homme et la machine. Il a donné à la technologie un récit, une esthétique, une vision du monde : la machine est une extension de l'homme, et inversement. Nous disons tous : "Je" n'ai plus de batterie, comme si nous étions la machine. Le réduire à Apple serait une erreur. C’était un mystique, féru de voyages en Inde et de calligraphie japonaise. Il a choisi l'entrepreneuriat comme canal, ses magasins comme chapelles, ses produits comme symboles. "Oh, one more thing"… Spinoza disait que les prophètes n'existent que si les fidèles adhèrent à leur récit. Combien de temps durera encore celui de la machine comme extension de nous-même ? ----------------- Pour penser l'esprit du temps, suivez-moi, Gaspard et Overlord