Un café et une chaise a republié ceci
Je me suis posée les mêmes questions que Marie Robert hier. Pourquoi ? Et que fait-on de cette tristesse et de ce sentiment d’injustice face à ces morts si précoces ? Alors oui, comme elle le dit si bien : « habitons le temps avec justesse, tant qu’il se conjugue au présent. » Et vivons !
Philosophe, Autrice, Conférencière, Consultante & Co-Fondatrice des crèches et des écoles internationales Montessori Esclaibes / Podcast "Philosophy is sexy".
Ceci est une invitation. Hier, je me suis posée une étrange question, qui pourtant n’est pas une interrogation froide, encore moins cynique. Je me suis demandé à quoi « servaient » les morts. Non pas dans une perspective d’utilité évidemment, mais dans la trace qu’ils sont capables de laisser sur notre actualité. Il faut dire que j’ai ressenti une émotion particulière en voyant les dizaines de photos d’Émilie Dequenne dans mon fil d’actualité. Je me suis arrêtée longuement sur les contours de son visage, sur l’éclat de ses yeux périodes « Rosetta », sur son air conquérant et ses cheveux rasés sur le tapis rouge à Cannes, sur son épaule posée contre celle de son amoureux. J’ai regardé les vidéos d’archives de cette jeune femme, dansant dans sa cuisine, de cette actrice à la présence intense, imposante, solaire dit-on. J’ai lu des mots écrits par cette inconnue familière, et des témoignages sur sa générosité et son sens de l’amitié. En étant face à ce magma disparate, à cette matière étrange qui résume si succinctement une existence, j’ai été traversée par cette pensée : que nous dit la mort de cette jeune femme célèbre ? Que nous murmure-t-elle ? De quoi est faite cette tristesse collective ? Que vient-elle chercher en nous que nous ne connaissons pas déjà, ou que nous oublions, dans l’anonymat des naissances et des décès ? Je crois qu’Emilie Dequenne et ses yeux bleutés, viennent insister sur une chose que nous savons parfaitement, mais que nous omettons comme pour conjurer le sort. Les destinées ne sont pas régies par la justice, par la logique, par une louable hiérarchie entre ceux qui méritent de mourir et les autres qui méritent de vivre. Au contraire, nos destinées font face à l’insupportable hasard qui nous frappe par sa beauté et qui vient nous ôter dans la douleur. Grandeur et misère, sans constance, sans assurance. Mais peut-être que la leçon que porte son visage est moins triste qu’elle n’en a l’air. Peut-être est-ce une incitation à vivre coûte que coûte, à habiter le temps avec justesse, tant qu’il se conjugue encore au présent. Je vous souhaite un mardi diablement vivant. #Bonjour