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Executive Vice-President, VINCI - Chairman, VINCI Autoroutes - Chairman, VINCI Stadium - Vice-President, Asfa - Chairman, VINCI Autoroutes Foundation - Chairman, Aurore - Chairman, Centre de Musique Baroque de Versailles
Le contre-exemple des autoroutes espagnoles Concession ou pas pour les autoroutes ? Un débat politique enflamme régulièrement les esprits, d’autant que l’horizon de la fin d’ici 10 ans des contrats attise les arguments de leurs contempteurs. Ces critiques reposent sur une vision erronée du système. Trop cher ? Les tarifs autoroutiers français sur le réseau historique se situent dans la moyenne européenne et ils contiennent une fiscalité si généreuse pour l’Etat qu’elle représente 5 Mds € de recettes par an. Trop opaque ? Les profits – qui remboursent les investissements initiaux colossaux - sont en ligne avec les prévisions des modèles de 2000, selon l’ART qui arrive à cette conclusion après sept années de travail sur le modèle concessif. Trop inégal ? Les tarifs des péages sont approuvés chaque année par les Ministres des Transports et de l’Economie. Trop ambitieux ? le système des concessions a doté la France du meilleur réseau autoroutier européen, sans solliciter le contribuable ! Décider de changer le système serait une décision qui mériterait d’être bien pesée et d’en mesurer précisément les conséquences. Or, une expérience proche et récente a lieu en Espagne où, depuis 2018, huit concessions sont arrivées à leur terme : la puissance publique a décidé de reprendre la gestion des autoroutes en régie et de supprimer les péages au nom du fait que les investissements sont désormais amortis. Le bilan est éloquent. - Le transfert de la charge d’exploitation et d’entretien des usagers vers les contribuables – à la fin, il faut bien que quelqu’un paye - a conduit à la suppression de 1 283 emplois. - Il n’y a plus d’investissements et surtout pas ceux que la décarbonation de la route appelle. - Plus grave, la gratuité a provoqué une hausse du trafic d’environ 50 % (40 % pour les véhicules légers, 90% pour les poids lourds) et une augmentation conséquente de l’insécurité. - Le nombre de morts a plus que doublé par rapport à la période antérieure et l’incivilité a bondi. - Quant à l’Etat, il a perdu 400 M€ de recettes fiscales par an, et doit consacrer sur son budget 125 M€ de dépenses additionnelles. Tels sont les enseignements d’une étude. Elle devrait inspirer les responsables en charge d’imaginer une suite au modèle concessif français. Plutôt que de jeter le bébé avec l’eau du bain, ceux-ci seraient peut-être bien inspirés de scénariser une saison 2 qui consacrerait bien sûr, comme c’est déjà le cas aujourd’hui, la propriété publique des autoroutes mais qui, par souci d’efficacité et de bonne gestion, en confierait l’exploitation à des entreprises privées. Dès lors, la seule question pertinente, dans l’intérêt des usagers et des contribuables, serait de négocier les termes des contrats futurs de façon à garantir les investissements et les OPEX requis et de préserver les recettes de l’Etat. De nombreuses pistes sont sur la table, qu’il serait prudent d’examiner avant que la proximité des échéances ne brouille la sérénité de la décision publique.