⚠️⚠️ Menaces sur l’archéologie française
À l’occasion d’une visite sur un château en cours de restauration à Dampierre (78), Rachida Dati, patronne du Ministère de la Culture, et à ce titre haute responsable de l’archéologie nationale, a fait sur le réseau X des déclarations aussi alarmantes que brutales.
Après un éloge dithyrambique sur la restauration proprement dite (méticulosité, expertise) et sur le château (un « joyau », propriété de la puissante famille Mulliez), le message de Madame Dati bascule soudainement vers des souhaits généraux concernant l’archéologie :
- ne retenir que les prescriptions archéologiques indispensables
- rendre possibles des dérogations pour les prescriptions archéologiques
Le lien entre les deux sujets, restauration et archéologie, est totalement elliptique. Il faut, me semble-t-il, en déduire que des archéologues ont accompagné la restauration du Château de Dampierre, et que le chantier de restauration a dû intégrer ce paramètre.
Et c’est tant mieux ! Car il faut rappeler avec force que la sauvegarde du patrimoine, bâti mais aussi enfoui, est inscrite dans la loi française.
Cette sauvegarde prend la forme de fouilles archéologiques lorsque des terrains sont impactés par de nouveaux aménagements, ou d’études des bâtiments, lorsque ce sont des édifices existants qui sont concernés. Dans tous les cas, le caractère « indispensable » et le cadre des interventions des archéologues sont appréciés et déterminés par les services du … Ministère de la Culture.
Si le travail des archéologues apparaît comme « retardant » le reste du chantier, ce n’est pas à l’archéologie qu’il faut s’en prendre, mais bien à une méconnaissance des procédures en la matière - quand il ne s’agit pas d’une tentative de passage en force ou en catimini au nom de divers intérêts.
Quant au poids économique, non mentionné dans le message de Madame Dati, il doit représenter bien peu de chose face à la centaine de millions d’euros investis dans la restauration du château de Dampierre.
En revanche, en me fondant sur les expériences de mes collègues archéologues du bâti, je tiens à souligner que l’analyse archéologique fait pleinement partie de la restauration. Elle précise et renouvelle les connaissances sur les monuments : cela donne un sens supplémentaire à un lieu, fait grandir son image et son histoire. L’étude archéologique oriente également les choix de restauration et renforce leur cohérence : matériaux, couleurs, décors n’en sont que quelques exemples.
Méticulosité, haute qualité, expertise, enrichissement historique au profit d’un « joyau » (ou du patrimoine en général) : tous ces bénéfices mentionnés par la Ministre concernent aussi le travail des archéologues !
Chercher à les minimiser voire à s’en priver n’est de loin pas la meilleure des idées.
Je soutiens donc pleinement la position de la
CGT Archéologie ⬇️
#archeologie #amenagement #menace