"On ne peut pas remplir une tasse déjà pleine."
C'est ce que j'ai pensé en observant mon cappuccino fraîchement servi, ce samedi après-midi... Laissant d'abord naître de ses couches, une métaphore sur les mouvements entre le dedans et le dehors.
Laisser sortir pour ensuite laisser entrer... Laisser entrer pour pouvoir ensuite laisser sortir...
Avec quelles limites, quelles frontières ?
Une chose est sûre, c'est que pour recevoir, il faut qu'il y ait de la place pour accueillir.
Cette réflexion m'a ensuite emmenée vers la notion de sécurité. Pour qu'il y ait de la place pour accueillir, il faut que cet espace de soi que l'on partage avec l'autre soit sécurisé.
Cela veut dire que pour offrir suffisamment de contenance à l'autre, il faut soi-même être en sécurité. Et cette contenance que l'on donne, c'est l'or de notre posture de psychologue.
Préjudiciable serait donc l'idée de vouloir verser du café dans une tasse posée dangereusement sur le fin rebord d'une table bancale. Cela, d'autant plus si cette même tasse est déjà remplie d'un café qui tangue, qui finira par rapidement déborder avant de précipiter le mouvement de chute.
Face à ma tasse encore chaude, s'invite alors le rappel d'une difficulté. Celle de ne pas céder à la tentation institutionnelle de rendre nos pratiques professionnelles interchangeables afin de répondre à l'urgence de colmater les trous, de répondre à l'inconfort... De qui ? Avec en parallèle, le paradoxe de la nécessité de prendre le temps de se positionner avec soin. Celle de prendre le temps de prendre soin certes, mais aussi de prendre le temps pour prendre soin.
"Non, ici est ma limite", devient la qualité de pouvoir signifier quand une situation avec un patient ou une famille, un contexte de travail, ... etc, ne permet plus la sécurité fondamentale pour soi, socle nécessaire pour offrir une contenance à l'autre, à une rencontre, une relation thérapeutique.
Se protéger soi devient aussi protéger l'autre.
Sur ce, je m'en vais savourer mon café avant qu'il ne refroidisse, ce qui le rendrait plus difficile déguster... Et ainsi faire de la place dans ma tasse... Pour un prochain café... Et pourquoi pas du thé.
À lundi,
Pauline