Dans la petite commune de Blain, en Loire-Atlantique, un vent de nostalgie et d’inquiétude souffle sur le carnaval local. Cet événement populaire, dont les origines remontent à 1875, est aujourd’hui menacé de disparition. Son ennemi ? Une fête du pain de plus en plus populaire, qui lui fait directement concurrence. Entre des charistes vieillissants peinant à passer le flambeau et des jeunes générations davantage attirées par d’autres festivités, l’avenir de ce rendez-vous traditionnel semble plus qu’incertain.
Un carnaval en quête de renouveau
Pendant des décennies, la Saint-Laurent et son défilé haut en couleurs ont rythmé la vie des Blinois. Chaque mois d’août, les chars décorés à la main défilaient fièrement dans les rues, sous les applaudissements des petits et des grands. Les jeunes se bousculaient pour intégrer l’aventure carnavalesque, perpétuant avec enthousiasme cette tradition familiale. Las, les temps ont bien changé…
Ces dernières années, la fête a perdu de sa superbe. La faute notamment à la pandémie de Covid-19, qui a entraîné l’annulation de plusieurs éditions. Mais aussi et surtout à un cruel déficit de bénévoles, de plus en plus âgés et fatigués. Car fabriquer un char demande du temps et de l’énergie. Un investissement que les nouvelles générations ne semblent plus prêtes à consentir, préférant se tourner vers des festivités moins chronophages.
Les plus anciens se retirent sans que des jeunes prennent le relais. Ceux qui restent autour de Blain ne s’impliquent pas.
– Éric Fenasse, président du comité des fêtes de Blain
Quand la fête du pain vole la vedette au carnaval
Pour ne rien arranger, le carnaval doit composer avec l’émergence d’un concurrent de taille : la fête du pain de Saint-Omer de Blain. Vitrine des savoir-faire artisanaux locaux, cet événement gastronomique attire chaque été des milliers de visiteurs. De quoi faire de l’ombre à la vénérable Saint-Laurent, qui se tient aux mêmes dates.
Une situation qui agace les organisateurs historiques du carnaval, persuadés que la mairie n’en fait pas assez pour défendre leur manifestation. Certains l’accusent même de favoriser délibérément la fête du pain, au détriment de la tradition carnavalesque. Une « concurrence directe et malsaine », déplore Éric Fenasse.
Un avenir en pointillé
Alors, le carnaval de Blain est-il condamné à disparaître ? Rien n’est moins sûr. La municipalité affirme vouloir tout faire pour maintenir cet événement populaire. Mais elle reconnaît aussi que son format actuel a fait son temps et qu’il doit impérativement se réinventer pour séduire à nouveau.
Le format traditionnel de cette fête populaire doit évoluer.
– Jacky Flippot, adjoint à la culture à la mairie de Blain
Quitte à bousculer les codes et les habitudes ? C’est en tout cas le pari des organisateurs, prêts à tout pour éviter que leur carnaval ne sombre dans l’oubli. Raccourcissement de la durée de l’événement, développement d’animations plus « dans l’air du temps »… Toutes ...