On connaît bien l'affaire #Landru, du nom du criminel guillotiné le 25 février 1922 (https://lnkd.in/dUTX_Gei). On connaît moins le rôle essentiel que cette affaire a joué dans la conservation des #archives de la #Justice.
Voici le témoignage de Robert #Badinter, ministre de la Justice de 1982 à 1986 :
« En 1984, au cours d’un voyage à Vienne, je suis allé voir la maison de Freud car je m’intéressais aux recherches qu’il avait menées sur les origines du crime chez l’être humain.
J’en parlais au conservateur qui m’apprit ainsi l’existence d’une correspondance du psychanalyste avec Landru. [...]
Rentrant à Paris, je fis aussitôt des investigations à Versailles où Landru avait été jugé. Au bout de plusieurs mois et demandes réitérées, le greffier m’apporta deux cartons à chapeau contenant le dossier Landru. Si à l’intérieur, il n’y avait, hélas, aucune trace de correspondance, en revanche j’y trouvai beaucoup d’éléments sur l’affaire Landru que j’avais ignorés.
Je dressai une liste de dossiers intéressant l'#histoire et demandai leur communication. Leur examen me permit de constater que, jusqu’en 1914, les archives étaient admirablement conservées. Elles ont été relativement bien conservées jusqu’en 1939. C’est depuis lors que leur conservation était plutôt désolante. Par exemple, le dossier Brasillach a disparu. Il n’y avait pas de dossier sur l’affaire Kravchenko non plus ! On a eu, par ailleurs, les plus grandes difficultés à trouver, au fond d’un placard à balai de la cour d’appel de Lyon, le dossier Maurras.
Jugeant que la situation était périlleuse, j’ai créé une commission des archives de la justice, qui désormais est permanente. Ainsi, sans cette providentielle affaire Landru, les archives auraient-elles continué à se détériorer. »
[𝘴𝘰𝘶rce 𝑅𝑜𝑏𝑒𝑟𝑡 𝐵𝑎𝑑𝑖𝑛𝑡𝑒𝑟 𝑒𝑡 𝐴𝑛𝑛𝑒𝑡𝑡𝑒 𝑊𝑖𝑒𝑣𝑖𝑜𝑟𝑘𝑎, « 𝐽𝑢𝑠𝑡𝑖𝑐𝑒, 𝑖𝑚𝑎𝑔𝑒, 𝑚𝑒́𝑚𝑜𝑖𝑟𝑒 », 𝑄𝑢𝑒𝑠𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑑𝑒 𝑐𝑜𝑚𝑚𝑢𝑛𝑖𝑐𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 1, 2002]
🔎 Cette commission recensera les archives judiciaires, en particulier celles des grandes affaires politiques et criminelles depuis le Premier Empire.
🎥 Les archives audiovisuelles de la Justice seront quant à elles constituées grâce à la loi Badinter du 11 juillet 1985. Ce sera le cas :
► des procès pour crimes contre l'humanité de Klaus Barbie (1987), Paul Touvier (1994), Maurice Papon (1997-1998) ;
► des 2 procès du sang contaminé (1992 & 1993) et AZF (2009 et 2011-2012) ;
► du procès dit de la dictature chilienne (2010) et des 2 procès de Pascal Simbikangwa accusé de "complicité de génocide" au Rwanda (2014 & 2016) ;
► des procès des attentats terroristes.
En 1987, cette commission créera l’Association française pour l’histoire de la justice (AFHJ), présidée par Robert Badinter alors Président du Conseil constitutionnel.
Leurs travaux sont précieux et contribuent à nous éclairer sur l’évolution du #droit et de la justice.
Très intéressant, merci !