Article très intéressant. Pour avoir été DGA de l’Anact entre 2006 et 2013 je me retrouve assez dans ces constats, au risque de faire « ancien combattant » et c’était mieux avant. Le fait est qu’étant un utilisateur assidu du site de l’Anact j’y trouve un outillage opérationnel assez performant sur des sujets anciens (même si toujours présents dans les entreprises) et très peu de choses nouvelles. Les acteurs ont besoin de modèle de pensées opératoires, de système de compréhension du travail d’aujourd’hui. En ce sens on peut regretter l’abandon complet d’une politique éditoriale appropriable par ceux qui agissent dans les entreprises. Nous avons besoin d’un organisme qui aide et accompagne les acteurs de l’entreprise et les partenaires sociaux à sortir des constats sur le mal travail aujourd’hui pour aller sur l’expérimentation de solutions vers une véritable QVT. J’ai rencontré des entreprises qui sont sur cette voie. Il faut aller les voir pour comprendre et en tirer des guides de bonnes pratiques qui ne soient pas uniquement construits à partir d’entreprises en difficulté. Le. Travail aujourd’hui est trop absent du débat politique. Encore faut-il en parler correctement. C’est la mission de l’Anact que d’aider à sortir des platitudes trop souvent entendues et lues. Elle a été fondée pour ça. Je note aujourd’hui son orientation forte sur le dialogue social. Très bien, je ne vais pas minimiser le rôle primordial de celui-ci pour partager des points de vue et dans le meilleur des cas élaborer du droit qui participe à la résolution des problèmes du travail. Mais attention, cela reste un moyen pour améliorer le travail, pas un objectif. Et pour le coup l’Anact n’est pas exclusive sur ce champ où beaucoup d’autres institutions, acteurs et/ou chercheurs sont aussi, voire plus pertinents. Attention de ne pas se perdre dans les « à côté » du travail ( même les plus pertinents comme le dialogue social) au risque de déserter le cœur de métier de l’Anact, le champ sur lequel elle a finalement tellement peu de concurrence : le travail et ses conditions de réalisation. Un beau programme pour les 50 ans à venir.
Journaliste, ex-rédacteur en chef du magazine Santé & Travail ; Membre fondateur et dirigeant de l'Andeva (association nationale de défense des victimes de l'amiante) ; ex-conseiller prud'homal Paris
A l’occasion des 50 ans de l’Anact, Santé & Travail a réuni plusieurs figures de l'agence qui ont œuvré pour porter ses missions. Tous reconnaissent son rôle déterminant pour avoir su défendre, au fil des années, des enjeux forts, tels l’organisation du travail comme déterminant majeur de la santé des salariés mais aussi de la performance des entreprises, la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) ou encore la nécessité d’une prévention pensée avec les travailleurs... Toutefois, plusieurs "anciens" regrettent que l'on n'ait pas beaucoup entendu l'Anact sur des sujets majeurs de la santé au travail comme la réforme des retraites où elle n'a pas pu réellement faire valoir la question de la pénibilité du travail. L’Anact reste traversée par des enjeux politiques susceptibles de freiner les transformations du travail visant à redonner du pouvoir d’agir aux salariés. Il serait opportun qu'elle retrouve ses ambitions fondatrices pour aider les entreprises à s'engager sur la voie de la qualité du travail. C'est à lire sur www.sante-et-travail.fr Et si vous n'êtes pas abonné, c'est le moment d'y penser 😉
Directeur Régional honoraire du Travail, de l'Emploi et de la Formation Professionnelle chez Ministère du Travail
3 moisMerci Dominique de tes propos. En raison de son statut paritaire fondateur lequel permet l’équidistance « des points de vue », l’ANACT est en effet investie d’une fonction essentielle de « vigie » sociale. En 50 ans les organisations productives se sont considérablement transformées induisant des transformations du travail. Les connaissances que l’ANACT tire de ses pratiques d’intervention au cœur des organisations doivent être versées au débat public et faire bouger les représentations que l’on a du travail, de son rôle, de son statut réel et de sa reconnaissance. Au moment où les entreprises on un devoir d’introspection sur leurs modèles d’affaire et l’impact de leurs activités sur les hommes et la nature, les questions du « mal travail « et du ´bien-être au travail’ sont des questions de société; elles ne sauraient demeurer le domaine réservé des seuls spécialistes. Elles doivent devenir un élément clé du diagnostic de durabilité et de l’analyse de double matérialité qui le soutient. Elles doivent alimenter le débat sur la gouvernance de nos entreprises L’Anact doit apporter sa pierre à cette. démarche essentielle qui fait le lien entre l’économique et le social et à promouvoir une approche holistique de la performance