Après 8 ans au service du CEA, je rejoins HEXANA en tant que responsable du cycle du combustible nucléaire. Cette entreprise, créée et dirigée par deux anciens du CEA – Sylvain NIZOU et Paul Gauthé, développe un réacteur à neutrons rapides refroidi au sodium. Je rejoins HEXANA pour deux raisons principalement. La première est que face la double contrainte carbone – réchauffement climatique et épuisement des combustibles fossiles – toutes les énergies alternatives aux combustibles fossiles auront un rôle important à jouer, dont le nucléaire. Or les réacteurs à neutrons rapides permettent d'extraire près de 100 fois plus d'énergie d'une quantité donnée d'uranium que les réacteurs actuels. Il s'agit donc d'une technologie dont le déploiement me semble à terme physiquement nécessaire et incontournable, outre ses atouts sur le plan de la souveraineté énergétique. Ensuite, si différents concepts de réacteurs à neutrons rapides sont envisageables (sodium, plomb, sels fondus...), la technologie sodium est la plus explorée et la mieux connue. La France a exploité trois réacteurs de ce concept (Rapsodie, Phénix, Superphénix) et travaillé à la conception d'un 4e (ASTRID). Ce retour d'expérience a une valeur. Repartir de zéro sur une technologie peu explorée nécessiterait d'importants et coûteux efforts de recherche, maintenus sur le long terme, avant d'espérer disposer d'un réacteur industriel. Cela ne me paraît pas être réaliste dans un pays comme la France où les moyens sont limités, de même que la visibilité du soutien politique. Autrement dit, un concept de réacteur ne se juge pas uniquement à ses atouts théoriques, mais aussi au réalisme de sa mise en œuvre industrielle dans les délais envisagés. Enfin, le concept développé par HEXANA, qui interface un stockage de chaleur sous forme de sels fondus (même technologie que le solaire thermique à concentration) entre le réacteur et ses applications (production d'électricité, réseaux de chaleur...), répond à un enjeu majeur des systèmes énergétiques actuels et encore plus de demain : la flexibilité. Autrement dit, ce réacteur est conçu pour produire en base et gérer la flexibilité à partir de la réserve de chaleur tampon. HEXANA n'est peut-être pas pour le moment l'entreprise la plus grosse en termes de levées de fonds et de masse salariale, mais elle capitalise sur un vaste retour d'expérience sur les plans de la recherche et de l'industrialisation. Elle me semble être la plus solide – dans le domaine des réacteurs à neutrons rapides – de par ses choix stratégiques, avec un concept réaliste et pensé pour répondre à des enjeux centraux d'un système énergétique bas carbone, via un concept dont le développement sera extrapolable à la forte puissance. Je conclurai en remerciant chaleureusement mes anciens collègues et chef(fe)s du CEA, et notamment des directions des relations internationales et des affaires européennes, avec qui j'ai eu énormément de plaisir à travailler durant toutes ces années.
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Pour la relance d’un projet de réacteur à neutrons rapides au sodium en France #TksTo Le Point 💪‼️ #Go HEXANA #TeamRNRAuCoeur Face aux enjeux climatiques, des parlementaires de tous bords, du PCF à LR, s’unissent pour appeler à la relance du programme français de réacteurs nucléaires à neutrons rapides, clé de notre indépendance énergétique. La décennie 2020 sera marquée par la relance du programme nucléaire français après une attente interminable pour toute une filière. Mais cette relance est aussi mondiale, ce qui doit conduire nécessairement à nous poser la question des ressources en combustible et des aspects géostratégiques afférents. La France se trouve à un carrefour décisif en matière de politique énergétique. L'arrêt des projets Superphénix en 1997 et Astrid en 2019 a marqué une pause dans l'exploration des technologies de réacteurs à neutrons rapides refroidis au sodium (RNR-Na), pourtant porteurs d'espoir pour une gestion durable et innovante de notre énergie nucléaire. Aujourd'hui, la France dépend toujours fortement de l'énergie nucléaire pour son électricité. Face aux défis climatiques, nous appelons à la relance d'un programme national ambitieux de réacteurs à neutrons rapides, moteur de la transition et de l'indépendance énergétique de notre pays. Pourquoi relancer un programme de réacteurs à neutrons rapides ⁉️ 🔹Pour enfin mettre à profit cette technologie de pointe française, leader sur le sujet dès les années 70. 🔹Pour enfin fermer le cycle du combustible, et mettre en œuvre ce projet faisant partie intégrante du plan Messmer (1974) 🔹Pour limiter la dépendance en uranium naturel et à ses variations de prix prévisionnels. 🔹Pour limiter la quantité le déchets MA-VL à devoir être stocké sur la longue durée en les valorisant énergétiquement. 🔹Pour une utilisation et une valorisation de nos réserves en uranium appauvri et mettre à profit cette réserve énergétique de près de 1000 ans dormant actuellement sur le territoire français. 🔹Pour envisager à terme l'utilisation de thorium 🔹Pour capitaliser sur le REX des RNR-Na avant qu'il ne soit trop tard : Phenix - Nadine Bonny, Superphenix - Till von Bandel et Joel Guidez, Astrid - Paul Gauthé et le support de brechet yves. #Source : https://lnkd.in/eJYax4bm
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Le cycle du 'combustible' nucléaire se divise en 2 : l'amont du cycle et l'aval. La charnière entre ces 2 mondes c'est le passage des assemblages en réacteur. On voit ici une dénomination historique, les premiers exploitants de centrale nucléaire provenant du thermique à flamme, la matière entrant dans le procédé -l'uranium- a été nommé 'combustible', alors que rien ne brûle, et le nom est resté. Pour l'amont du cycle, l'uranium est un métal, certes émetteur alpha mais il est très facile de s'en protéger. Les processus industriels sont principalement des procédés chimiques de changement de phase pour permettre l'enrichissement puis la calcination pour produire des céramiques (pastilles), la métallurgique du zirconium et la fabrication (des assemblages). Pour l'aval c'est une autre histoire. Les produits issus de la fission sont fortement émetteur béta-gamma (un peu de neutron aussi) : il faut se tenir loin du procédé. Si dans l'amont du cycle on peut trier les pastilles à la main, il est fortement recommandé de ne pas toucher un assemblage ayant passé 3 cycles en réacteurs ! Pour l'aval, on aura donc des procédés physico-chimiques, et des moyens de maintenance dans des zones où l'homme ne peut pas aller. Toutes les zones ne sont pas comme les zones 4 bien sûr mais le retraitement exige en son cœur de pouvoir télécommander des équipements voire de pouvoir téléopérer certaines opérations manuelles. Et cela doit marcher pour des décennies. Pour en savoir plus voici une présentation rapide mais détaillée de étapes du cycle complet du 'combustible' https://lnkd.in/eAp6b5Jm Notons que la stratégie de retraitement fait gagner énormément de place par rapport à la stratégie du stockage des combustibles irradiés lorsque ceux-ci sont considérés comme des déchets (ils sont stockés dans des dispositifs comme les MACSTOR que l'AIEA contrôle lors d'inspection en comparant leur signature radiologique avec la première signature enregistrée lors de la déclaration). https://lnkd.in/ewSGEegr
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"Et si des quartiers entiers étaient chauffés de manière décarbonée grâce à des chaudières nucléaires situées en périphérie des villes ? C'est l'ambitieux projet de l'entreprise Calogena, portée par le groupe familial Gorgé, qui, comme une dizaine d'autres acteurs en France, s'est récemment lancé dans la course aux nouveaux petits réacteurs nucléaires modulaires (ou SMR pour small modular reactor)" Commentaire: Sur la toile foisonnent d'innombrables articles sur les SMR comme si c'était LA trouvaille du siècle dans le nucléaire au sujet de la fission et des installations soit-disantes "modulaires" Sauf que cette techno a déjà plus d'un demi-siècle concernant les sous-marins nucléaires et leur réacteurs embarqués qui sont aussi Small, Modular, extrêmement compacts et pouvant générer jusqu'à 250MW. Cette techno est éprouvée depuis très longtemps ! La seule différence est qu'ils seront civils et pas forcément aussi mobiles que les réacteurs embarqués qui sillonnent tous les océans. Sans mauvais jeu de mots, on ne vient pas d'inventer l'eau chaude et ce n'est nullement une révolution... #nuclear #SMR #SN #SNLE
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🌍💡Innovation Nucléaire : Le trichlorure d’uranium redéfinit l’énergie! Découverte fascinante du laboratoire national Oak Ridge : le trichlorure d’uranium sous forme de sel liquide, un combustible nucléaire qui se rétracte à haute température au lieu de se dilater. Cette caractéristique unique pourrait révolutionner la sécurité et l’efficacité des réacteurs nucléaires. Avec un potentiel immense pour réduire les déchets radioactifs et améliorer la gestion des déchets, cette avancée est au cœur des discussions sur les solutions innovantes face au réchauffement climatique. #InnovationNucléaire #TransitionÉnergétique #DéfisÉnergétiques
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🌍 💡#Nucléaire | Une avancée majeure pour l’énergie propre La NRC a approuvé la construction d’Hermes 2, le premier réacteur à sels fondus des États-Unis. Développé par Kairos Power, il promet une énergie sûre, efficace et sans carbone. 🔑 Pourquoi c’est important ? • Sécurité et sûreté : Pas de fuites radioactives. • Efficacité énergétique : Technologie TRISO et sel fluoré. • Objectifs climatiques : Une alternative sans carbone. 👉 Le nucléaire nouvelle génération, une solution d’avenir
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🤝 Nous avons été reçus par le Haut-commissaire à l'énergie atomique pour une restitution de son rapport sur le nucléaire innovant. Nous partageons en toute transparence ses conclusions, en ligne avec notre roadmap et nos actions. Du côté de nos points forts : ✔ le combustible : le sel simplifie les étapes de fabrication des combustibles, la conservation du volume/qualité du plutonium d'EDF en isogénération, une version thorium et U235 reste possible. ✔ la sûreté : 4 barrières de sûreté (1msv à la clôture), une démonstration de sûreté majorante avec une rupture postulée de la première barrière n'engendrant aucun incident majeur, un système basse pression à convection naturelle. ✔ la sécurité : prise en compte dès la conception, avec un réacteur enterré et un sel combustible demeurant plus de 20 ans en réacteur, limitant radicalement le nombre de transport de matières radioactives. ✔ le business : des partenaires industriels solides (Technip Energies, Schneider Electric, Orano), un modèle d’affaires spécifique qui optimise le besoin en financement avant les premières ventes et un coût du réacteur structurellement bas du fait de son ratio compacité/rendement. Sa pilotabilité permet de réaliser un suivi de charge rapide et efficace, parfait pour remplacer les centrales fossiles qui aujourd'hui remplissent cette fonction. Du côté des axes de travail : ➖ le combustible : quelle stratégie d'Etat autour de l'augmentation des capacités de production en plutonium civil alimentant l'ensemble des réacteurs à neutrons rapides ? Pour limiter l'engorgement à la Hague, nous concevons un réacteur autonome pendant plus de 20 ans grâce au renouvellement interne du combustible fissile, unique sur le marché des réacteurs rapides. D'autre part, il est conçu pour fonctionner aussi avec de l'uranium de type HALEU. Nous travaillons avec notre partenaire Orano pour synchroniser les roadmaps et les volumes. ➖ le réacteur : l'échangeur combustible est complexe. ➡ Notre design 3D précis est sorti, déjà calculé en thermo et en pression. Nous travaillons avec les meilleurs experts du domaine français, basé au CEA-Liten à Grenoble, pour optimiser sa fabrication. ➖ la chimie des sels : un important programme de R&D a été initié avec nos partenaires (CNRS, CEA, IJCLab) et le sharing group d'Orano (THORIZON, NAAREA) permet de mutualiser la R&D sur la synthèse des sels, leur retraitement et la maîtrise de la corrosion. ➖ la qualification des codes de calculs pour la sûreté : la première expérience mondiale de fission en sels chlorures à neutrons rapides validera nos calculs. ➡ Son avant-projet sommaire (APS) a déjà permis de la chiffrer. Nous nous engageons pour créer une nouvelle filière RNR, qui reste un choix national et qui nécessite la mobilisation de l'ensemble des acteurs du nucléaire et de l'Etat pour rechercher la souveraineté énergétique. 🔵⚪🔴 #stellaria #energie #nucleaire #industrie #startup #innovation
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Réacteurs à neutrons rapides (RNR) : préserver un savoir-faire français unique ! Alors que des pays comme le Japon misent sur des technologies de pointe pour boucler le cycle du combustible nucléaire et renforcer leur indépendance énergétique, la France, pionnière des RNR, doit elle aussi faire de cette technologie l’une de ses priorités. Chez NAAREA, nous croyons en une innovation, fondée sur un vrai savoir-faire français, capable de redéfinir l’avenir énergétique : les micro-réacteurs à neutrons rapides et à sels fondus, destinés à produire à la fois de l’électricité et de la chaleur, permettant ainsi de manière significative de décarboner la production industrielle. ➡️ Avec 24 brevets déposés et en cours de dépôt, un laboratoire unique sur les sels fondus inauguré le 3 octobre 2024 en partenariat avec le CNRS et l’Université Paris-Saclay, et un premier jalon du jumeau numérique du micro-réacteur XAMR réalisé en seulement 18 mois, NAAREA montre que la France peut jouer un rôle clé dans la conception des réacteurs de 4ᵉ génération. Découvrez l'article de L'Express 👉 https://lnkd.in/eEAhVtyb
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Sept questions sur la première demande d'autorisation d'un mini-réacteur nucléaire en France https://lnkd.in/eG9mBWwp étonnant! Voici le retour d'une modération au graphite! on va déjà leur laisser développer l'ingénierie et j'espère que l'asn/IRSN leur demandera un plan de démantèlement et préciser le temps qu'il faut pour démanteler un réacteur au graphite. deuxième point qui m'inquiète est l'usage du graphite qui par expérience française et russe sont des réacteurs sur modérés. si en plus le combustible est enrichi a 20Pourcent....hummm
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À lire, l’article du Point paru en ligne le 22 novembre concernant les premiers retours de l’audit mené par le Haut-Commissaire à l’énergie atomique Vincent Berger et sa cohorte d’experts. A retenir : - Sur les 12 projets examinés, seuls les projets CALOGENA (chauffage urbain) et JIMMY (chaleur industrielle) paraissent viables à court terme. La sélection de JIMMY est surprenante, car utilisant un combustible Triso, non disponible à court terme. - Les projets BLUE CAPSULE et ARCHEOS paraissent dignes d’intérêt - Il est clairement exprimé que les projets NAAREA, NEWCLEO, HEXANA, STELLARIA n’ont aucune chance de voir le jour avant 2040, ‘’date considérée comme extraordinairement ambitieuse’’. - Le projet OTRERA n’est pas mentionné, mais étant de maturité équivalente à HEXANA, les conclusions devraient être les mêmes - Le projet NUWARD n’est pas mentionné, mais depuis sa remise à plat en juillet 2024, sa mise en service n’est pas attendue avant la fin de la décennie 2030. - Les résultats et les conclusions de l’audit doivent normalement être analysés au cours du prochain Conseil de Politique Nucléaire le 10 décembre 2024. L’audit du Haut Commissaire vient confirmer que nos start-ups ne sont pas bien positionnées pour participer à la compétition mondiale sur les SMR où au moins 6 projets seront sur le marché avant 2030. - BWRX 300 de GE-Hitachi (USA) - SMR 300 de Holtech (USA) - AP 300 de Westinghouse (USA) - UK-SMR de Rolls-Royce (GB) - SNP 350 de SNERDI (Chine) - VBER 300 de Rosatom (Russie)
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