Extraits : « Le fossé se creuse » : Enrico Letta dévoile ses antidotes au « décrochage » économique de l'Europe - L’ex-chef du gouvernement italien présentait, à l’occasion d’un Conseil européen extraordinaire, les conclusions d’un rapport marathon qui alerte sur la vulnérabilité de l’Europe dans la nouvelle compétition mondiale. par Timothée Vilars L’écart se creuse avec les Etats-Unis « Le rapport d’Enrico Letta montre que le marché unique est tout sauf une question technique, c’est un débat éminemment politique, souligne un haut responsable du Conseil européen. Il s’agit désormais de penser à l’intérêt européen, au-delà des intérêts nationaux. » Au vu de « l’urgence », le social-démocrate se dit déterminé à ne pas voir son rapport terminer au fond d’un « tiroir » comme ceux de ses prédécesseurs. Les anciens chefs de gouvernement italiens ont d’ailleurs la cote à Bruxelles puisque l’ex-président de la BCE Mario Draghi doit rendre un autre rapport en juin, lui aussi très attendu, sur la compétitivité européenne. Régulièrement cité comme un potentiel successeur d’Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne, il a appelé mardi à un « changement radical ». https://lnkd.in/evWUeBrE
L’Europe court un sérieux "risque de décrochage", déplore Enrico Letta, ex-chef du gouvernement italien. "Le fossé se creuse entre l’Union européen et les Etats-Unis. La prochaine législature doit être celle du rattrapage de notre retard." Le leader de centre gauche se fait particulièrement sévère sur trois secteurs clés du déclassement européen. Le marché des télécoms d’abord, en proie à une fragmentation caricaturale : plus de 100 opérateurs coexistent aujourd’hui sur le continent. "La révolution des télécoms se passait en Europe dans les années 1990, aujourd’hui elle est ailleurs." Le secteur de l’énergie ensuite, qui souffre d’interconnexions insuffisantes au niveau européen. Celui enfin de la défense, où l’Europe paie là encore "le prix de la fragmentation" : "80% de ce que nous avons dépensé pour soutenir militairement l’Ukraine est allé vers des fournisseurs non européens. C’est de la folie !" Ces secteurs ont pour point commun d’être touchés par le morcellement de réglementations nationales qui empêche de profiter des effets d’échelle d’un marché de 450 millions d’habitants. Pour Letta, tout passe par une intégration continentale accrue, et surtout une réforme européenne des marchés financiers, le nerf de la guerre. Par Timothée Vilars