Super panorama de Jérôme Mousset (ADEME) des enjeux autour du rôle de la biomasse agricole et forestière dans la transition écologique. Equation extrêmement complexe, expliquée avec pédagogie.
1) La biomasse jouera un rôle important :
* Production d'énergie renouvelable (bois, biométhane, biocarburants, électricité en cogénération disponible sur demande...) en remplacement d'énergie fossile... notons qu'à ce jour, le bois reste encore notre principale source d'énergie renouvelable
* Production de biomatériaux (ex. construction bois, textiles à base de lin et chanvre, emballage carton, chimie biosourcée etc.) en remplacement de matériaux non-renouvelables et polluants (ex. béton, fibre synthétique, emballage plastique...)
* Stockage de carbone dans les sols forestiers et agricoles, dans les arbres, et dans les matériaux (ex. l'ossature bois d'une maison stocke du carbone !)
Je me permets de rajouter que la biomasse jouerait aussi un rôle dans notre souveraineté et notre sécurité énergétique et matérielle, pour éviter qu'on ne finisse trop vite à poil. Le bois-énergie et les emballages carton à usage unique, ça fait pas très sexy et c'est à consommer avec parcimonie, mais ça fournit une soupape.
2) La biomasse est elle-même menacée par le changement climatique : dépérissement des arbres, sécheresses agricoles, érosion des sols sous l'effet des événements climatiques extrêmes...
Le changement climatique va donc nuire aux fonctions susnommées (énergie, matériaux, séquestration de CO2), et bien sûr à la biodiversité.
Je me permets de rajouter qu'en cas de rareté croissante d'énergie et de matériaux, si on ne gagne pas en sobriété, cela accroitrait d'autant plus la pression sur les écosystèmes forestiers et agricoles. Ex. on se jetterait sur le bois-énergie ou les agrocarburants pour compenser la sortie des fossiles.
3) A ce propos, il faut prévenir les conflits d'usage, "repenser la gouvernance de la biomasse pour permettre une vision plus systémique et sortir d’une vision en silo, filière par filière".
Je me permets de citer des exemples : les agrocarburants occupent déjà 800 000 ha agricoles en France (sur 28 millions ha de SAU), pour ne produire que quelques % de nos carburants. Donc il n'est pas question que ça aille beaucoup plus loin.
Pour le biométhane, il faudra passer à grande échelle sans concurrencer l'alimentation (ex. par de vastes monocultures de maïs, plante très méthanogène), en employant essentiellement des Cultures Intermédiaires à Vocation Energétique (CIVE).
Et le bois-énergie pose des questions quant à l'allocation du gisement entre la production d'énergie, l'industrie, et la construction.
Des acteurs de la filière bois avec lesquels je me suis entretenu observent avec inquiétude des bioraffineries qui produisent du biokérosène à base de bois. C'est nouveau et c'est en effet préoccupant.
4) L'adaptation des écosystèmes est un chantier aux proportions bibliques. Je cite en commentaire un passage de l'article.
World citizen concerned by air pollution and means to reduce it
8 moisIl faudrait vous calmer à l'ADEME avec la biomasse ! https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/hugo-clement-en-toute-subjectivite/hugo-clement-en-toute-subjectivite-du-mercredi-28-fevrier-2024-1039541?fbclid=IwAR065v4xn9Csn5n4Hxu1jSIG3Lk84_DrEvJG_WTYdJzvhZCrslmATG8STyI