LA PREMIÈRE MESURE UTILE
En soutenant le camp du président résiduel, le patronat suit une logique.
Cette logique, argumentée, évoque celle de Guizot en 1847-8.
Alors qu'une campagne des banquets, organisée par l'opposition, se développait dans les grandes villes françaises - pas seulement Paris ! - pour exiger l'instauration du suffrage universel, François Guizot (1787-1874), qui avait ses raisons - en un mot, le peuple n'est pas raisonnable- ne s'apercevait pas que sa logique devenait inaudible.
Surtout, le patronat oublie que la politique a ses raisons que l'économie ne connaît pas.
Par-delà les vagues de fond, qui enflent et balaient tout ce qui leur résiste, il existe aussi des modes en politique.
Il a ainsi existé une mode, y compris vestimentaire, des quarante-huitards (1847-48), chevelus post-romantiques, qui au demeurant paraît une prémonition des tendances de la période 1968-81, avec socialisme(s), cheveux longs, pattes d'éléphants, chemises à fleurs et marijuana si affinités.
De tous temps, la mode, la coiffure, la tenue, et jusqu'au comportement accompagnent les lames de fond politiques.
Ainsi, le communiste surréaliste - exclu du groupe à la demande d'André Breton sur un réquisitoire de Louis Aragon - Roger Vailland (1907-67) fait dire à la grand-mère de son héros du roman Un jeune homme seul, paru en 1951 :
- Ta mère t'a fait faire des pantalons ridicules. Elle t'habille comme un calicot qui essaie d'en jeter plein la vue à une bonniche.
- Mais grand-mère, c'est la dernière mode !
- Quelle mode ?
On ne peut rien contre les tendances lourdes et la mode qu'elles portent.
Avec le recul du temps, on distingue bien ce qu'il reste d'une époque. Par delà les engagements politiques, remonte(nt) à la surface la triste destinée des condisciples du lycée de Reims de Vailland, René Daumal et Roger Gilbert-Lecomte, beaucoup moins les récurrentes recherches adolescentes -depuis Rimbaud- par les drogues et l'alcool, du dérèglement de tous les sens.
Aujourd'hui comme hier.
En 2024, la mode légionnaire - cheveux rasés, barbe taillée - semble le pendant d'autres tendances, notamment chez les femmes.
Indifférent à ces phénomènes qui n'entrent pas dans la sphère économique, le patronat ne voit pas l'extraordinaire paradoxe de la période qui s'achève, cet aboutissement.
Même si le gouvernement et les dirigeants suivent une mode les faisant furieusement ressembler à des employés des Pompes funèbres.
Le président résiduel, le plus financier de tous les présidents français depuis 1871, qui pourrait -s'il était logique- faire établir un audit de la période, laisse une dette abyssale.
La première mesure utile serait un audit confié à des personnalités incontestables.
Car après-demain, l'homme du Havre plaidera.
Encore.
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Photographie de Savy Svay. Paris, 20 juin 2024.
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2 moisFélicitations !