Selon un rapport de l’Assurance-maladie de 2022, le secteur du BTP a enregistré près de 79 000 accidents de travail en un an. L L’Institut de recherche et d’innovation sur la santé et la sécurité au travail (IRIS-ST) a recensé 32 629 accidents de travail avec arrêt pour les artisans en 2021, marquant une hausse de 2 % par rapport à 2019, ainsi que 44 accidents mortels. Malgré l’existence de règles d’encadrement de la sécurité remontant au XIXe siècle, leur application n'est pas systématique. Un ouvrier du bâtiment anonyme reconnaît que bien que certaines normes soient justifiées, elles manquent parfois de praticité. Par exemple, les équipements de protection individuelle (EPI), tels que les lunettes ou les chaussures de sécurité, sont souvent jugés encombrants ou même dangereux par les artisans, comme un couvreur expérimenté qui trouve que les chaussures de sécurité compromettent sa stabilité sur les toits. Face à ces défis, Point P, appartenant au groupe Saint-Gobain, a lancé une campagne de sensibilisation utilisant un style cartoonesque pour illustrer les conséquences de la négligence sécuritaire. Nicolas Godet, directeur général de Point P, déclare que les outils de travail servent de "prétextes pour créer un réflexe sécurité" parmi les ouvriers. L'entreprise espère ainsi encourager l’adoption des EPI à travers des illustrations humoristiques et choquantes placées directement sur les équipements tels que scies et masses. Cependant, l'efficacité de cette campagne est sujet à débat parmi les artisans. Oliver C. Rabacal, ECE,CSP estime que la prévention est mieux transmise par l’expérience professionnelle que par des campagnes de sensibilisation. En outre,de nombreux ouvriers sont réticents à changer leurs habitudes tant qu'ils n'ont pas été personnellement victimes d'accidents. Cette résistance au changement souligne l’importance d’une application plus stricte des règles de sécurité par les employeurs, ainsi que la nécessité de sanctions financières contre les entreprises qui ne respectent pas les normes de sécurité, comme le suggère Olivier Rabaca. Toutefois, le manque de contrôles réguliers, surtout sur les chantiers de petites envergures, continue de poser un risque significatif pour la sécurité des artisans.
Ingénieur en sûreté des réacteurs nucléaires
6 moisCyril Douhard