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En janvier 2024, Gwenola Joly-Coz, première présidente de la cour d'appel de Poitiers, a marqué le système judiciaire français en introduisant la notion de "contrôle coercitif" dans cinq décisions historiques concernant des violences conjugales. Cette approche, première en France, vise à mettre en lumière les mécanismes de domination et de surveillance constante exercés par l'agresseur sur sa victime, transformant la manière de juger ces affaires. Le "contrôle coercitif" a été vulgarisé en France par la psycho-sociologue Dr. Andreea G. Gruev-Vintila, qui a adapté les travaux d'Evan Stark sur les prisonniers de guerre américains en Corée. Ce concept décrit une série d'actes imposant une soumission totale de la victime à son agresseur, incluant des menaces de mort et des restrictions sévères sur la vie quotidienne. Lors des audiences, Gwenola Joly-Coz a utilisé des preuves telles que des SMS et des mémos de vie tenus par les victimes pour illustrer la réalité de ces violences. Ces documents ont eu un impact profond sur la salle, révélant l'ampleur de la manipulation et de la terreur subies par les victimes. La distinction entre "emprise" et "contrôle coercitif" a également été clarifiée. Si l'emprise représente un cycle de manipulation psychologique souvent difficile à prouver, le contrôle coercitif se caractérise par des actions concrètes et mesurables de domination et de surveillance, rendant son identification plus directe dans le cadre judiciaire. Gwenola Joly-Coz a souligné que cette nouvelle approche ne se contente pas de juger les infractions pénales classiques, mais contextualise les actes de violence dans un cadre plus large de contrôle coercitif, permettant une compréhension plus profonde des dynamiques de violence conjugale et favorisant des jugements plus éclairés. Cette initiative a également été accompagnée d'innovations procédurales, comme la tenue d'audiences combinant les aspects pénaux et civils des affaires de violences familiales, visant à rendre des décisions cohérentes et immédiates sur tous les aspects de la situation des victimes. Gwenola Joly-Coz envisage que la notion de "contrôle coercitif" pourrait éventuellement être reconnue comme infraction pénale, soulignant l'importance de cette reconnaissance pour améliorer la réponse judiciaire aux violences conjugales en France.

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