Drame de la diversité : Gaspard Proust obligé de rejoindre France Inter.
En fait non. Pas tout de suite.
Le gouvernement veut recréer l'ORTF, ou presque, en créant une holding pour chapeauter tout l'audiovisuel public (France TV, Radio France, Ina, …).
C'est une place d'influence de choix pour celui ou celle qui en prendra la direction.
Ce qui suscite l'appétit de Sibyle Veil, PDG de Radio France, et de Delphine Ernotte, PDG de France TV.
Une bataille d'influence se livre donc dans l'ombre.
Pour se faire bien voir, Sibyle Veil essaie d'introduire un peu d'équilibre et de diversité pour calmer les critiques récurrentes quant à France Inter notamment.
Ce qui explique en partie les changement de grille, la mise à l'écart de Guillaume Meurice, la suppression d'émissions militantes.
Et la grève d'hier.
Pour bien comprendre l'état d'esprit à France Inter, petit retour en arrière à l'été 2021.
On annonce l'arrivée à l'antenne de la matinale de chroniqueurs aux opinions supposées marquées :
❤️ Cécile Duflot (Oxfam, écologie de gauche),
🩷 Natacha Polony (Marianne, souverainiste de gauche),
💛 Étienne Gernelle (Le Point, droite orléaniste),
💙 Alexandre Devecchio (Le Figaro, droite bonapartiste).
À l'époque, et c'est encore le cas, les émissions des tranches horaires les plus écoutées sont toutes conduites par des journalistes marqués à gauche.
Et si on respecte une objectivité de forme, on ne peut dire que le traitement soit exactement le même sur le fond.
L'arrivée de 2 chroniqueurs étiquetés à droite et d'une identifiée comme "souverainiste" suscita l'ire de la société des journalistes.
"Peu de gens comprennent et valident ce choix", témoigna un membre de la rédaction, "Les gens sont un peu hallucinés du casting et trouvent regrettable que ces éditos remplacent la chronique Environnement."
Pourtant toutes les précautions avait été prise :
✅ une chronique de 2 minutes 30 secondes chaque jour,
✅ baptisée "En toute subjectivité", manière de bien montrer où était l'objectivité,
✅ le tout sous forme d'échange avec Nicolas Demorand, ex-Libération, pour bien cadrer les choses.
Bref, il s'agissait de cracher un peu moins sur toute une partie de la population.
C'était visiblement trop.
Ce ne serait pas gênant si Radio France était un groupe privé : chacun a sa ligne éditoriale, et chacun est libre de financer par une contribution volontaire ou en écoutant et donc en créant de l'audience monétisable.
Mais ce n'est pas le cas, nous payons tous.
Je suis pour la liberté d'expression.
Je ne trouve pas Guillaume Meurice très drôle : c'est plus du ricanement conformiste que de l'humour, mais c'est le ton France Inter.
Il ne s'agit pas de taire des opinions, mais faire que les opinions reflètent la diversité de celles du pays.
Gaspard Proust a eu la classe de défendre Guillaume Meurice. On peut se demander si l'inverse aurait été vraie.
Poser la question n'est-ce pas y répondre ?