Post de PHILIPPE DICQUEMARE

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Militant pour la participation sociale et l'accès aux droits des personnes en situations de handicap et de vulnérabilité.

Suite au reportage de M6, on voit se dérouler le nième feuilleton de la série "indignation et contrôle de l'Etat vs ne généralisons pas et donner nous plus de moyens des ESSMS". Et comme après les épisodes précédents, rien ne changera. Parce qu'à rebours d'une dynamique croissante d'inclusion dans les pays sociodémocrates, des discours, de plus en plus audibles en France, disent stop à l'inclusion. Parce que si un tiers des français considèrent qu'il est normal de ne pas accorder les mêmes droits aux personnes en situations de handicap (PSH) qu'aux autres citoyens, une large majorité, y compris dans le secteur médicosocial, n'est pas dérangée par le déni de droits envers ces personnes. Parce que pour la grande majorité des acteurs le seul responsable du problème c'est l'Etat. Les dirigeants des ESSMS et une bonne partie de leurs personnels ne réclament que des places en plus et des moyens supplémentaires, sans jamais questionner l'institutionnalisation déjà énorme et qu'ils veulent croissante des PSH/PA, 2 fois supérieure à la moyenne européenne et 4 fois à la moyenne canadienne. Parce que l'enfermement favorise la maltraitance et les toutes les formes de violence. Parce qu'il est impossible de concilier règles collectives et respect des droits individuels, ces derniers étant toujours sacrifiés au profit des règles de sécurité, de gestion et des intérêts financiers des gestionnaires de ces établissements. Le "toujours plus de places" se justifie par l'incapacité du milieu ordinaire à accueillir et soutenir correctement les PSH/PA. L'Etat en a la volonté politique, mais, englué dans sa vision médicale et réadaptative du handicap, il pense pouvoir faire de l'inclusif avec des AESH mal formé(e)s, des "places" en habitats inclusifs gérés par des ESSMS, des parcours d'un établissement à un autre, ... C'est à dire en ne changeant rien aux environnements ordinaires pour les rendre accessibles, non-discriminants et adaptés / aidants : les 3 critères indissociables de tout environnement inclusif. Le manque de moyens est mis en avant pour expliquer la crise des secteurs social et de l'enseignement, passant largement sous silence la perte de sens, de motivation, des professionnels qui y travaillent. Il y a 8 jours je republiais une excellente vidéo sur les préjugés envers les personnes trisomiques, accompagnée du message : "Ce sont les environnements inaccessibles, stigmatisants, discriminants, excluants, en raison de préjugés / stéréotypes, aux fondements capacitistes, qui créent le handicap... A chacun de nous de choisir dans quelle approche nous nous situons". Elle a été vue à ce jour plus de 33.000 fois, saluée plus de 450 fois et repartagée plus de 110 fois. Ce qui démontre un vrai intérêt des acteurs du médicosocial pour une autre approche du handicap, biopsychosociale, fondée sur les droits humains, plus porteuse de sens et de réels progrès. Nos politiques et dirigeants d'associations gestionnaires ne peuvent plus l'ignorer.

Aude Massiet du Biest

Senior Advisor creative entrepreneurs - Neurodiversity advocate - Board member

7 mois

Exactement, il y a blocage des représentants (politiques et syndicaux) mais en fait les professionnels de terrain, il y en a des milliers convaincus, comment faire pour faire bouger le système ?

Aude Massiet du Biest

Senior Advisor creative entrepreneurs - Neurodiversity advocate - Board member

7 mois

Mon post qui met en lumière l’école inclusive italienne (la vraie) a également été salué par l’ensemble des professionnels du secteur de l’éducation et du médico social français, vu par 68.000 personnes. Je me suis fait exactement la même réflexion, il y a des milliers de professionnels qui sont prêts aujourd’hui à changer d’approche sur le handicap en France.

Guillaume Jacquinot

Policy Coordinator for Inclusion Ireland and Secretary General at Inclusion Europe

7 mois

Merci pour ce post qui fait du bien à lire au milieu d'une avalanche de "donnez nous plus de moyens et arrêtez de vouloir nous contrôler". Ça fait étrangement penser aux prisons et l'effet boomerang de courir vers louverture de plus de places pour au final accroître la demande et donc la nécessité d'accueil. (Cf Ervin Goffman) Toutes les occasions de pouvoir remettre en question notre système, la prestation de service, l'approche du handicap ont été accueillies par des huées, des indignations, de la peur et disons le aussi, un système qui n'a pas intérêt au changement. Au lieu de parler de desinstitutionalisation, de fermeture des établissements et d'investissement massif dans le secteur ordinaire, comme dans bon nombre d'autres pays dont celui où je travaille, l'Irlande, le débat en France a été changé en "améliorons nos institutions" qui restent fondamentalement les mêmes: imposition de règles, d'une vie en collectivité, prise de décision réduite au minimum. Foyer "occupationnel" comme ils disent. C'est gentil de voir des outils sur l'autodétermination développés dans des institutions mais assez vide de sens. Dommage que nous quittions la France et qu'ils y restent.

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