Toute ma vie, j’ai travaillé avec des hommes.
Ma vie professionnelle assez mouvementée m’a bizarrement amenée de façon quasi systématique vers des métiers dits masculins
J’ai été productrice télé - je dirigeais des équipes de tournage ou de post-production composées essentiellement d’hommes.
Puis j’ai été restauratrice - on sait combien la cuisine est surtout un métier d’hommes, même si cela a changé ces derniers temps.
Ce n’est que lorsque je suis arrivée à la Knesset que j’ai trouvé un environnement comprenant beaucoup de femmes, surtout des conseillères parlementaires comme moi.
J’ai conseillé trois députés hommes, puis une femme.
Dans ce dernier cas précisément, c’était totalement différent.
Pour la première fois, le crédit de mon travail m’était toujours donné, et ma boss disait : “Yaëlle travaille avec moi”, (et pas pour moi).
Et au cours des années, j’ai trouvé ma vocation d’entrepreneuse sociale. Sauf qu’avec un projet high-tech, une start-up sociale, je me retrouve dans un élément bien connu : un monde d’hommes (dont beaucoup savent tout et le font savoir).
Quelque chose pourtant est essentiel : mon choix, dans tous mes projets, d’essayer de changer la vie quotidienne, et non pas de vouloir lancer des vols spatiaux ou d'éradiquer la faim dans le monde, en dit beaucoup selon moi sur les différences d’approche, et sur la nature des relations interpersonnelles que construisent les hommes et les femmes au travail. J’avais lu il y a quelques années un article amusant sur les joujoux des milliardaires : plus ils étaient riches, plus leur ambition de résoudre des problèmes macro était immense.
Je suis experte en macro, je connais ces chiffres, les politiques gouvernementales, la législation, pourtant à chaque fois que j’imagine un projet, il touche à la sphère la plus immédiate, et je dirais la plus intime de notre vie.
Je pense que mon expérience de femme, de mère, mais aussi, comme beaucoup d’entre nous, de responsable de la quasi-totalité de la charge mentale d’un foyer, m’a amené à comprendre que l’émancipation et l’amélioration de la vie au quotidien se nichent dans les détails. Dans les quelques minutes que l’on peut gagner ici ou là, dans l’empathie et la bienveillance, dans la solidarité, et dans une certaine harmonie difficile à obtenir dans la routine.
Avec Maagolot comme avec Kaspenu, je cherche à impacter la vie quotidienne, à générer du confort, un peu d’aisance à l’intérieur des carcans qui nous enserrent. J’aime qu’on se parle et qu’on échange beaucoup, car l’information, c’est le pouvoir. Et le pouvoir n’est pas toujours détenu par les femmes, loin de là.
On est ce qu’on fait, on est ce qu’on aime, et moi j’aime apprendre, être solidaire et partager des combats, et je ne suis pas tellement intéressée à construire des satellites ou à résoudre des problèmes de façon verticale. Chacun sa vocation, bien entendu, la mienne est celle de la sororité, du tissu de la vie, ce qu’on appelle la vie même.
החיים עצמם.
Question de sens de la vie ?