Chasser ou ne pas chasser une espèce en déclin ? La réponse n'est peut-être pas si évidente que ça...
Jusqu'à demain, une consultation publique est en cours au sujet de la prolongation d'un moratoire interdisant la chasse de la tourterelle des bois. Chacun y va de la mobilisation de ses adhérents avec des posts sur les réseaux sociaux : fédérations des chasseurs d'un côté, écologistes et antichasses de l'autre.
Si l'équation peut paraitre simple ("si l'espèce est en déclin, il suffit d'arrêter de la chasser"), ce qui est en train de se passer sur les réseaux sociaux est intéressant.
Les thèses évoquées à l'encontre du maintien de la chasse posent un problème intellectuel majeur, en ce qu'elles ne s'attachent à montrer que ce que la chasse coûte à l'espèce et non ce qu'elles lui apportent. Par méconnaissance ou par idéologie, on omet souvent de préciser que la chasse n'est qu'une cause parmi d'autres de diminution des effectifs en France. La cause majeure de déclin est l'industrialisation agricole qui aboutit à la destruction des habitats de l'espèce depuis un peu plus de 60 ans.
Ensuite, on ne rappelle jamais que la chasse et les chasseurs, parce qu'ils ont besoin d'une ressource de gibier viable, sont parmi les seuls à travailler, à dessein, en faveur de l'amélioration des habitats relativement "ordinaires" et des ressources alimentaires de la tourterelle des bois.
Dans les faits, rappelons que c'est parce qu'ils peuvent chasser, que les chasseurs et leurs fédérations ont intérêt à sensibiliser le monde agricole, à planter des haies et à restaurer des points d'eau pour le gibier. C'est parfois contre-intuitif mais la chasse est donc dans bien des cas le principal outil permettant de concurrencer ou d'amoindrir les effets d'usages néfastes aux espèces sauvages. Rappelons quand même que les chasseurs et leurs fédérations sont parmi les premiers acteurs à aménager et à gérer les espaces ruraux "ordinaires" de manière à bénéficier aux espèces sauvages ("les premiers écologistes de France", il fallait oser, mais sous cet aspect ça reste une réalité 😌).
De fait, et parce que personne n'investit du temps et de l'argent s'il n'a pas un intérêt à le faire, interdire la chasse revient à prendre le risque de ne plus travailler sur ces questions et donc d'arriver à l'exact opposé de ce que l'on souhaite. Un choix lourd de conséquences.
Moralité, s'agissant de questions écologiques, par nature complexes et multifactorielles, tâchons d'analyser le contexte sous toutes ses dimensions. Raisonnons de manière systémique, et non pas monocentrée. Enfin, tâchons de prendre le recul nécessaire en privilégiant la raison aux émotions. Les décisions prises sous le coup de l'indignation ou de la colère, sans disposer de l'ensemble des données, sont rarement des décisions efficaces et constructives.
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2 moisLaissez-les tranquilles ! Ils étaient là avant nous