Contraindre au nom du bien commun ?
Tehop accompagne régulièrement l'élaboration de programmes de prévention des déchets.
C'était le cas il y a quelques mois, pour une intercommunalité qui souffre de la pollution de l'air, en raison d'émissions de polluants liées au transport, et, selon certains habitants, à l'incinérateur local.
Objectifs fixés en début de mission : réduire le plus possible les déchets et donc les quantités incinérées, réduire le transport des déchets, et en corollaire contribuer à réduire la pollution de l'air.
Après la phase d'état des lieux, puis de diagnostic, les élus se sont réunis pour le moment le plus important du projet de programme : le calibrage du programme d'actions.
Nous avons animé cette réunion et proposé quelques pistes préparées avec l'équipe technique de la collectivité.
Parmi celles-ci, des incitations tarifaires (tarification incitative, redevance spéciale), la régulation des entrées en déchèteries (pas plus de 24 (!) passages gratuits par an), voire l'arrêt de l'accueil des tontes de pelouse en déchèterie.
Aucune de ces mesures n'a trouvé grâce aux yeux du comité de pilotage.
"Contraindre, c'est prendre les habitants pour des enfants", "Quand on contraint trop, on voit comment ça finit au niveau des votes ...", "Avec ces contraintes, les déchets retourneront dans le lit des ruisseaux"... Non, "il vaut mieux se concentrer sur la sensibilisation, et la mise à disposition de solutions". Deux des élus, en désaccord, mais minoritaires, rongeaient leur frein.
Bref, une nouvelle mise en scène du débat éternel "peut-on restreindre les libertés individuelles au service du bien commun" ?
Un programme d'actions pour l'environnement dispose de 3 catégories d'outils complémentaires : la sensibilisation (inefficace seule à cour ou moyen terme), la mise à disposition et l'accompagnement vers des solutions alternatives (chère, reposant sur la bonne volonté) et enfin la contrainte règlementaire ou financière (levier d'efficacité majeur, conjuguée aux 2 autres outils).
Conclusion assumée ici : pas de contrainte, quitte à perdre en efficacité. En compensation, "on va mobiliser des moyens pour accompagner". Soit. Donc tous les citoyens vont payer via leurs impôts pour éviter trop de contraintes liées à l'environnement, et pour un résultat moins efficace.
Un cas exemplaire, fréquemment rencontré. A l'échelon local comme national.
Faut-il pointer du doigt les décideurs concernés ? Peut-être. Mais alors sans oublier que, dans leur rôle, les élus ont à mesurer ce qui peut être accepté collectivement. Et qu'ils seront en première ligne face aux mécontents.
D'autres choix collectifs sont possibles. Parfois, sur certains territoires, lorsque la situation l'exige, lorsqu'un nombre suffisant de citoyens comprennent les enjeux, les décideurs actionnent ensemble les 3 outils, au service de politiques environnementales efficaces.
Assistante d'Élus à la Mairie de Tourcoing
2 sem.Beau travail, autant de mégots 😡