Attachés de presse : arrêtez d'ajouter les journalistes à vos listes de diffusion !
Remerciements à Oli pour son autorisation d'utilisation de son dessin - © Olivier Pirnay – Oli (www.olillustrateur.be)

Attachés de presse : arrêtez d'ajouter les journalistes à vos listes de diffusion !

© Olivier Pirnay – Oli (www.olillustrateur.be)

Parmi les nombreux comportements qui ont le don d’agacer les journalistes, il en est un qui risque de vous classer directement dans leur blacklist : la liste de diffusion.

Ajouter des journalistes à vos newsletters et autres listes d'emailing est certainement la pire décision en matière de relations avec les médias.

Les solutions d’envoi de mails automatique et en masse vous paraissent pratique et rapide. Mais cette pratique vous assure surtout de réussir à irriter les journalistes non pas une fois, mais plusieurs fois par semaine.

Même si de nombreux communicants adressent encore leur pitch en masse à une liste d'email, cette approche ne peut pas se prévaloir de l’abonnement consenti du destinataire à vos envois réguliers. N’attendez pas le 25 mai 2018 pour vous imposer l’obligation de demander le consentement imposée par le règlement européen sur la protection des données personnelles (RGPD), dès lors que vous utilisez une donnée personnelle. A noter : une boite email professionnelle identifiable avec un prénom et un nom est une donnée personnelle.

La plupart des journalistes régionaux reçoivent quotidiennement plus de 100 mails. Les journalistes nationaux, eux, en reçoivent plus de 400 ! Les ajouter à vos listes d’envois et participer ainsi à polluer leur boite mail de messages non souhaités ne vous aidera pas à gagner leur faveur.

La mention “Cliquez ici pour vous désabonner", légalement nécessaire dans un emailing, ajoute encore de l’huile sur le feu. Car vous les obliger à perdre de leur temps précieux, pour rectifier la surcharge que vous avez créée.

J’ai questionné une dizaine de mes contacts journalistes sur leurs principales frustrations inhérentes à l’envoi de pitch par des attachés de presse.

A l’unanimité, ces journalistes déclarent assimiler l'envoi de communiqués ou de pitch non pertinents à du spam :

"Dans cette course frénétique pour obtenir à tout prix une couverture (de n'importe qui), les attachés de presse (bons ou mauvais) peuvent oublier que la plupart des journalistes ne veulent pas être les victimes de spams”

a révélé un journaliste couvrant la rubrique Culture d’un média national de la presse féminine.

“Nous journalistes, accordons une grande valeur en tant que source aux attachés de presse. Pour autant, nous sont très protecteurs et tout aussi fiers de nos publications”.

précise un présentateur d'un journal télévisé.

Posez-vous ces questions essentielles : qui est mon public cible ? Pourquoi cette information leur sera-t-elle utile? Est-ce que je porterai atteinte à ma réputation à long terme pour obtenir un couverture/ un KPI quasi nul à court terme ?

"En ma qualité de rédactrice en chef d’un magazine spécialisé Tourisme, j'écouterai toujours les attachés de presse qui sont bien informés sur ma publication, si ils sont capables de parler avec force de ce que nous faisons, et d’expliquer clairement pourquoi leur information est importante pour moi. Si vous ne pouvez pas le prouver, je crains que nous n'ayons rien à nous dire."

Bien que la bonne réponse à la question, "Quand devrais-je ajouter des journalistes à ma newsletter ou à mes listes d'email ?" est "jamais", il y a toutefois quelques occasions où il est acceptable de leur demander s'ils souhaitent s'abonner.

Par exemple : un journaliste vous contacte par téléphone. Lui proposer à la fin de votre échange de lui envoyer une lettre d’informations ou des communiqués sur les thématiques qui l’intéresse pourrait lui être utile et lui permettrait de garder votre entité en mémoire.

Autre exemple : la transmission d'une actualité ou d'une tendance pertinente, surtout si ce n'est pas lié à l’un de vos sujets. Vous repérez la demande d’un journaliste sur une plateforme dédiée, ou sur les réseaux sociaux, et vous connaissez des contacts presse qui peuvent répondre à sa requête. Aidez-le en lui donnant l’information, simplement. S’il reprend contact, vous pouvez alors lui proposer de recevoir vos informations sur les thématiques qui l’intéressent.

Notez que dans les deux cas, vous demandez au journaliste s’il accepte de s'inscrire à votre liste de diffusion.

Mes conseils :  n’inscrivez pas automatiquement les journalistes pour recevoir plus de courriels qu'ils n'en reçoivent déjà. Le succès des relations avec les médias repose en grande partie sur l'établissement et le maintien de relations mutuellement avantageuses avec les journalistes.

Réfléchissez à deux fois avant de céder à la facilité d’automatiser vos envois. Vous allez probablement énerver plus que plaire au journaliste ciblé. Plus grave encore, vous risquez d’être à la source d’un article ou d’un tweet au vitriol, quant à votre mauvais comportement en relations médias.

 Quant à vous, chers lecteurs attachés de presse, comment demanderiez vous à un journaliste s'il souhaite recevoir votre newsletter/vos communiqués ? Avez-vous une stratégie éprouvée ?

Et vous, chers lecteurs journalistes, quels conseils souhaiteriez-vous ajouter à cet article ?



Jennifer Pétré

Attachée de presse freelance

6 ans

Bonjour, de mon côté, je leur pose la question le plus souvent lors de RDV : s'ils souhaitent recevoir les infos, quelles infos et aussi quel canal ils préfèrent pour les relances (email, RS, téléphone...) Maintenant j'avoue n'avoir pas encore eu l'occasion de poser la question à la totalité de mes journalistes coeur de cibles et continue donc de les mettre dans la boucle systématiquement...

Celine Housez✍️

Rédactrice presse & web 💻 Community manager 📚 Bêta-lectrice

6 ans

Surtout que la majorité du temps ils oublient complètement la cible (comme le dit Katya des BIC pour un magazine de luxe... J'en reçois des tonnes du même acabit), mais bon sang la forme m'horripile encore plus (graphisme peu attrayant, textes fades...). Cibler, faire joli : voilà déjà un minimum!

Katya Pellegrino

Owner & Chief Editor at Luxe Magazine & Hotel CX & UX Expert - 600 Hotels tested - Expertise in reviewing hotel service qualité. diagnosis recommendation, implementation - Mystery Customer

6 ans

Il est vrai que nous croulons quotidiennement sous une avalanche de mails ( pour ma part plus de 300/ jour) maintenant sms, messenger et aussi whatssap ! Au secours ! Impossible de faire le tri au quotidien , beaucoup de perte de temps, d'énergie et de réactivité sans parler de ceux ou celles qui vous mettent systématiquement dans leurs listes de diffusion sans pertinence aucune ! Je reçois des CP pour Bic, papier de toilette ou petit pois .., Qui dit mieux ? Normal je suis Luxe Magazine !😉 Je pense effectivement qu'il faudrait une meilleure concertation entre journalistes et agences de presse et définir ce qui nous intéresse en fonction de notre magazine et non systématiquement nous mettre sur toutes les listes. Peut être se rencontrer aussi pour ne pas perdre le contact et se connaître, même si j'avoue que nous sommes tous et toutes débordées . Car j 'imagine que les attachées de presse croulent aussi sous les mails. Pour ma part je porte beaucoup plus attention à une AP qui m'envoie avec discernement un communiqué qui correspond à ma ligne éditoriale et qui cible avec cohérence les journalistes pouvant être intéressés . Et heureusement il y en a aussi.Merci à elles Vaste débat qui mérite réflexion et remise en cause

Peggy Palmieri

International Sales Manager Tootbus Global by Ratp Dev

6 ans
Anne-Catherine AYE

Experte Communication & Gestion de projet - Bilingue (anglais)

6 ans

Bonjour Aurélie, En effet, la diffusion des CP est un sujet vaste. Sans parler de votre triste expérience de réception de CP par sms et l'échange "musclé" avec le RP qui n'acceptait pas de vous supprimer de ses envois. Intéressant votre challenge. Je vais le diffuser à mon réseau. Je vais creuser votre ligne éditoriale et certainement postuler pour mon client Petites Cités de Caractères de France. En effet, très bonne démarche de cette agence de RP au l'aube du RGPD de laisser le choix au journaliste sur le type de source souhaitée. Comme vous le soulignez, reste à passer la barrière du mail. Et pourquoi pas à nouveau utiliser le courrier postal ? Certes cela à un coût financier, mais la relation de confiance avec les journalistes ne le vaut-il pas ? De plus, le fichier de cette RP sera plus ciblé et lui permettra certainement de faire plus de sur-mesure auprès de cibles médias intéressées. A bientôt,

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