Bâtir pour créer du lien

Histoire(s) de chantier… L’escalier monumental de la gare Saint-Maur - Créteil

Mercredi 16 octobre à Saint-Maur-des-Fossés. Il est 5h du matin, un convoi exceptionnel serpente en profitant du calme et de l’absence de circulation. Direction le chantier de la future gare de Saint-Maur - Créteil, située sur la future ligne 15 du Grand Paris Express réalisé par la Société des grands projets, pour y livrer le premier élément d’un édifice particulièrement ambitieux : l’escalier monumental. Un chef d’œuvre d'ingénierie qui permettra aux voyageurs de rallier les voies situées 52 mètres sous leurs pieds. Soit plus que la hauteur de l’Arc de Triomphe (49,5m), ce qui en fait déjà la gare la plus profonde de France !

« Pour vous donner une idée, en bas, nous sommes à treize mètres sous le niveau de la mer », situe Martin-Hubert Airiau , responsable de production de cet ouvrage que tout le monde ici attend depuis de longs mois.

Sur ce chantier, l’escalier suspendu de 291 marches, conçu comme une œuvre d’art par l'Agence ANMA, représente un défi de taille pour les équipes de Bouygues Bâtiment Ile-de-France que ce soit d’un point de vue technique, logistique, ou humain. Un projet hors du commun, où chaque étape est millimétrée…

« C’est clairement le plus gros challenge du chantier et c’est ce qui le rend aussi atypique. Cet escalier, c’est un an et demi de développement, avec beaucoup d’allers-retours entre les différentes parties prenantes, en particulier l’architecte, Cyril Trétout de l'agence ANMA Architectes Urbanistes, et l’artiste Susanna Fritscher. Et là, de voir la première pièce arriver comme ça, on se dit que ça y est, ça devient concret »

Des chantiers d’exceptions, Martin-Hubert en a pourtant connu quelques-uns, lui qui a notamment travaillé sur la rénovation de l’Accor Arena (ex POPB) et de l’hippodrome de Longchamp.

Située sur la future ligne 15 Sud du métro qui reliera Pont de Sèvres à Noisy - Champs, la gare de Saint-Maur - Créteil, qui sera mise en service fin 2026, permet de connecter ce nouveau réseau au RER A. Un point central, donc, qui devrait accueillir 45 000 voyageurs quotidiennement et pour lequel il a d’abord fallu creuser un immense trou sur un tout petit emplacement coincé entre la gare RER et une zone d’habitation.

Sept ans de travaux, plus de 107 000 m3 de terres excavées, et des parois de deux mètres d’épaisseur qui descendent à près de 70 mètres pour former une enceinte étanche en béton armé autour du site avec, au milieu, l’emplacement de l’escalier monumental dont Bouygues Bâtiment Ile-de-France est en charge de l’assemblage.

« Une œuvre d’art à part entière », précise Martin-Hubert Airiau.

Et on ne peut que l’admettre bien volontiers. Imaginez : la gare est conçue comme un puits de lumière dans lequel un escalier concentrique tourne autour d’une nébuleuse de câbles en acier très fins, qui s’intègrent parfaitement au garde-corps pour donner l’impression d’un léger ruban blanc tournoyant à l’infini. « C’est ce qui complexifie la chose. Car l’escalier ne repose que sur la partie basse et toutes les parties hautes et intermédiaires sont suspendues à 16 consoles en béton. Il faut donc raccorder un à un tous les éléments, de bas en haut et dans un ordre bien précis, pour qu’ils se tiennent tout seuls ». Soit :

✅ 12 paliers

✅ 14 volées d’escalier

✅ 291 marches de 3,50m de long

✅ plus de 1500 barreaux de garde-corps

La principale difficulté réside d’ailleurs dans la pose de la partie haute, la dernière vrille de l’escalier, que les ingénieurs ont résolue en prévoyant un dispositif appelé passe charretière : une plateforme aérienne composée de grosses poutres en acier, qui vient étayer le dernier niveau pour permettre aux nacelles de prendre appui.

Un challenge de premier ordre pour les équipes de Bouygues Bâtiment Ile-de-France ! Et pour ceux qui se demandent pourquoi construire un escalier de 291 marches alors qu’il suffit d'emprunter l’une des onze cages d'ascenseurs également prévues pour descendre sur les voies, Martin-Hubert a la parade :

« Parce qu’il existe des personnes claustrophobes qui n'aiment pas les ascenseurs et que l’escalier est bienvenu pour elles. Et puis peut-être que, à terme, des courses à pied passeront par là comme elles le font, par exemple, pour monter au premier étage de la Tour Eiffel. On ne sait jamais… »

Verdict fin 2026, pour l’ouverture de la gare Saint-Maur - Créteil au public.

Dans les archives… de la construction de la station Crows Nest du métro de Sydney en Australie

2020. C'est là, à Crows Nest, petite banlieue pittoresque située à seulement 5 kilomètres de l’effervescence du centre d'affaires de Sydney, qu'une aventure colossale a débuté. L'enjeu ? La construction d'une nouvelle station de métro qui constituera le premier arrêt de la ligne allant de Chatswood (au nord-ouest) à Bankstown (au sud-ouest).

Il s'agit là d'un chantier inédit pour A W Edwards, le plus important projet jamais réalisé par la filiale australienne de Bouygues Bâtiment International. Il s'écoulera 3 ans avant que les clés de l'ouvrage soient remises au client, Sydney Metro.

Depuis son ouverture à l'été 2024, la station de Crows Nest, située à 25 mètres sous terre, permet aux usagers de rejoindre le cœur de Sydney en un temps record de 11 minutes, soit trois fois plus vite qu'auparavant. Une révolution pour ce quartier qui n’avait, jusqu’ici, jamais été relié au réseau ferroviaire de la ville. Finis les embouteillages, bienvenue dans une ère de mobilité douce !

L’ampleur du chantier est vertigineuse : imaginez un immense espace souterrain de 220 mètres de long et de 25 mètres de large et de haut, conçu pour accueillir les milliers de passagers qui passeront ici chaque jour. En surface, c'est un nouveau centre névralgique qui prend forme avec des espaces publics métamorphosés, un centre commercial flambant neuf et des aménagements pensés pour la vie urbaine – du mobilier durable aux voies piétonnes et cyclables.

Bien plus qu'une prouesse d’ingénierie, le projet Crows Nest conjugue technologie et durabilité : 95 % des déchets générés par le chantier sont recyclés, 75 % de l’énergie provient de sources renouvelables, et la station vise la prestigieuse certification Green Star 6 étoiles, la note maximale en matière de durabilité en Australie. Un symbole du savoir-faire et de l'engagement de Bouygues Bâtiment International en Australie... et au-delà !

Crows Nest devient ainsi la porte d'entrée d'une ville connectée, plus verte et plus résiliente.

Ce projet urbain visionnaire, nous vous proposons de le découvrir en images ! ⤵️

Le débriefing... Chantier du pont de Duisburg sur l'A40 en Allemagne

En plein cœur de l’Allemagne, le projet de démolition et de reconstruction du pont de l’A40 à Duisburg, traversant le Rhin, vient de franchir une étape critique : le retrait de la tension dans les haubans de l’ancien pont avant leur dépose, une étape essentielle du processus de démantèlement. La structure haubanée du pont ne soutient pas seulement le tablier, mais introduit également des forces supplémentaires dans la structure.

VSL International Ltd., notre filiale spécialisée notamment dans les structures haubanées et la précontrainte des ponts, a introduit une technologie et une méthode disruptives pour démanteler en toute sécurité la structure haubanée :

« Ce processus est crucial pour de nombreuses raisons, notamment pour des questions de sécurité. Si un hauban venait à être coupé alors qu’il est encore sous tension, les conséquences seraient dramatiques. Nous parlons d’un morceau d’acier de plus d’une tonne qui pourrait parcourir une énorme distance ! », explique Rachid Annan , directeur de la Business Line Technologies chez VSL.

Le système de pince à clavettes breveté par VSL — une première en Allemagne — a permis le détensionnement sécurisé et efficace de 108 haubans. Ce système innovant crée un bloc de confinement solide au sein du dispositif de treuil, où la force de serrage est générée mécaniquement par les clavettes, sans intervention humaine. Cette approche améliore ainsi la sécurité et la performance, en maintenant fermement les centaines de fils de chaque câble.

« Tous les développements que nous avons introduits dans cette technologie ont fait l’objet de tests. Une fois le système qualifié, nous avons entamé le développement de la méthode de mise en œuvre. Toutes les étapes de l'opération ont été éprouvées avec les équipes de terrain en amont, en atelier, pour s’assurer de leur sécurité », poursuit Rachid Annan.

« Nous avons mis au point une méthode de démantèlement sûre et rapide, en grande partie grâce à l’aide de VSL. La technologie choisie ici est également facile à coordonner. Je pense qu’elle aura un large éventail d’applications à l'avenir, en particulier en Allemagne », commente Frank Feldmann , directeur du projet chez Hochtief.

Ce chantier colossal, orchestré par DEGES Deutsche Einheit Fernstraßenplanungs- und -bau GmbH et un consortium mené par HOCHTIEF et MCE GMBH , prévoit in fine la construction de deux ponts à haubans de 802 mètres de long chacun. L’objectif ? Remplacer l’ancien pont tout en élargissant cette portion de l’autoroute A40 à huit voies, un axe crucial reliant les Pays-Bas à la région de la Ruhr.

Le premier pont a été inauguré en 2023. VSL a été chargée du levage des segments du tablier du pont et de la fourniture et installation du système haubané, comprenant également des amortisseurs de friction pour limiter les vibrations des câbles. C’est la première fois que cette technologie, dont VSL est aussi spécialiste, est mise en œuvre en Allemagne :

« La construction de la structure haubanée brevetée VSL, la première que nous installons en Allemagne a nécessité la conviction du client, mais aussi l'approbation des autorités compétentes et des laboratoires allemands, avec lesquels nous avons mené le processus d'homologation et des tests spécifiques au projet à échelle réelle, en finalisant le tout dans les délais avant la construction du pont », raconte Philip Egger, responsable commercial de VSL pour les pays germanophones.

« Tout s'est déroulé parfaitement, et nous sommes ravis de construire de nouveau le tablier nord en collaboration avec VSL. Pour le pont sud, nous avons formé une équipe dynamique et efficace, dont VSL a été un membre clé et indispensable », commente Jörg Schultz, chef de projet chez MCE – Travaux de structure métallique.

Une fois l’ancien pont démoli, le second pont sera construit. Au-delà de la capacité de supporter 8 voies ouvertes à la circulation, l'approche des deux ponts parallèles simplifiera les opérations de préservation et de maintenance de l'ouvrage sur le long terme. Avec une livraison finale du chantier en 2026, le pont de l'A40 constituera aussi un point névralgique des infrastructures de transport allemandes et un héritage durable pour les générations futures.

La photo du mois…

Le pont Simone Veil, un ouvrage d'art hors norme au service des mobilités de la métropole bordelaise.

C’est l’histoire d’un nouveau pont géant qui relie désormais les deux rives d’une des plus grandes métropoles françaises, offrant une vue imprenable sur la ville depuis une esplanade piétonne de 15 mètres de large. Un ouvrage qui, en plus d’assurer la circulation routière, met à l’honneur les mobilités douces avec des voies réservées aux bus et des pistes bidirectionnelles pour les cyclistes.

Vous l’avez peut-être reconnu, surtout si vous habitez dans le sud-ouest... cet ouvrage, c’est le pont Simone Veil, un bijou d’ingénierie, dessiné par Rem Koolhaas , lauréat du Prix Pritzker 2000, pour l’agence OMA . Il relie désormais Bordeaux à Floirac et son ARKEA Arena, et constitue un nouveau lieu de mobilité mais aussi, grâce à son esplanade, de rencontre. Véritable prouesse technique, ce pont d'exception se distingue par son tablier de 550 mètres de long et 44 mètres de large (l’équivalent de quatre terrains de rugby) et repose sur huit piles solidement ancrées dans la Garonne.

Une fierté locale qui, bien avant d’unir les deux rives, a rassemblé les équipes de Bouygues Travaux Publics Régions France , de la maîtrise d’ouvrage et tous les acteurs du projet autour d’une mission commune : mettre l’innovation au service de la population. Bien plus qu’un ouvrage d’art, le pont Simone Veil incarne ainsi l’esprit pionnier et l'ingéniosité nécessaires pour transformer un projet en lien durable entre les hommes et leur environnement. 

Au fil des mois, des centaines de visiteurs ont pu découvrir les coulisses de cette réalisation, témoignant de l’effervescence et de l’engagement collectif pour ce pont aux dimensions inédites, jusqu'à son inauguration le 6 juillet dernier. Depuis, le pont Simone Veil a ouvert ses voies à la circulation et permettra de fluidifier le trafic de part et d’autre du fleuve en assurant, à terme, près de 30 000 passages quotidiens.