Diversifier son patrimoine en investissant dans l'art

Diversifier son patrimoine en investissant dans l'art

À l’occasion de la Foire Paris + by Art Basel, nous avons donné la parole à Alice Ducros DUCROS,  gérante de portefeuilles financiers au sein de la Banque Bordier & Cie, Banquiers Privés autour des investissements dans l'art. Également passionnée d’art, et titulaire d’un titre d’experte à la suite d’études spécifiques, elle propose un conseil de premier niveau aux clients de la banque Bordier & Cie pour l’achat et la vente d’œuvres d’art. 🖼

🧑 🎨 Alors que la foire Paris + by Art Basel se déroule actuellement à Paris, pourquoi est-ce pertinent de diversifier son patrimoine en investissant dans des œuvres d'art ?

L’art est un actif tangible, très décorrélé des autres classes d’actifs. C’est à la fois une valeur refuge et un actif avec un potentiel de valorisation important. Au sein de cette classe d’actif, il y a plusieurs possibilités. Acheter différents types d’œuvres (peinture, dessin, sculpture, photographies, ou encore planche de bandes-dessinées) et différentes époques (old masters, impressionnisme, moderne, post-war, contemporain, street art) est une sous-stratégie intéressante quand on n’est pas spécifiquement amateur/collectionneur : diversifier au sein de cette même poche. Mais il est aussi vertueux de se focaliser sur une période de passion, si elle s’impose bien sûr ! L’œuvre d’art traditionnelle est illiquide par nature, ce qui la protège contre les effets épidermiques que l’on peut connaître sur les marchés cotés. En revanche, il faudra considérer que les œuvres sont génératrices de flux au passif pendant leur détention (assurances notamment), et que la plus-value ne se matérialisera qu’à la revente. Si elle se matérialise !

Une autre raison rationnelle d’investir dans des œuvres est la dynamique exceptionnelle du marché de l’art. Une part croissante des (U)HNWI, High Net Worth Individuals, s’intéresse à ce segment et participe à sa croissance (le marché de l'art s'est fortement redressé en 2021, avec des ventes cumulées - marchands et maisons de vente aux enchères - estimé à 65,1 milliards de dollars, en hausse de 29 % depuis 2020, surperformant également les niveaux pré-pandémiques de 2019). De plus, la digitalisation, l’ouverture de nouveaux musées aux quatre coins du monde, les relais de musées prestigieux dans des pôles stratégiques ( Louvre Abu Dhabi , Beaubourg à Jersey City) et de fondations ainsi que la valeur incarnée dans les œuvres dans un monde en quête de sens participe globalement à l’attrait du marché.

🎨 Comment bien choisir les œuvres d'art dans lesquelles investir ? Ou comment les acquérir ?

Il faut privilégier les circuits reconnus par le marché de l’art. Commencer à défricher à travers la sélection des maisons de ventes aux enchères, qui opèrent uniquement sur le second marché. Quand Christie’s, Sotheby’s, Phillips ou Piasa organisent une vente d’art contemporain par exemple, leurs propres experts ont déjà fait une importante partie du travail : retenir uniquement des artistes qui bénéficient d’un marché de collectionneur - car les maisons de vente n’ont aucun intérêt à produire des catalogues de ventes et des expositions qui engendrent des frais si elles se retrouvent avec des invendus – et elles ont fait également le travail d’estimation de la fourchette de valorisation. Après c’est la règle de l’offre et de la demande qui sera déterminante. Si vous achetez en vente aux enchères, allez voir l’œuvre si possible « en présentiel », échangez avec les spécialistes en charge de la vente, et fixez-vous un plafond lors du jeu des enchères.

Un autre canal est l’acquisition via une galerie d’art. Dans cette perspective, une bonne façon d’identifier les acteurs sérieux est de se rendre dans les foires prestigieuses, qui là aussi effectuent une due diligence et une sélection des galeries participantes. En ce moment Paris + by Art Basel qui se tient au Grand palais éphémère répond parfaitement à cette exigence. C’est un excellent filtre.

 🖥️ Quelles sont les nouvelles formes d'art dans lesquelles investir ? 

J’imagine que c’est le sens de l’histoire et constituer un portefeuille d’art virtuel prend son sens au sein d’une diversification au sein de la classe d’actif globale. Attention tout de même aux phénomènes de bulles, cela reste volatile. Il est préférable d’être bien accompagné sur ce segment, par exemple par une galerie qui a une activité « classique » et qui se déploie sur le digital en parallèle, comme ALMINE RECH ou encore Kamel Mennour .

 🔑 Il y-a-t-il des spécificités à anticiper dans le cadre de transmissions d'œuvres d'art (donation, succession, etc.) ?

Il est possible de donner la seule nue-propriété d’une œuvre, par exemple un tableau, et d’en conserver la jouissance, c’est-à-dire de conserver le tableau dans son salon ! Ce qui permet d’optimiser fiscalement la transmission car seule la nue-propriété est taxée aux droits de donation. En présence de plusieurs enfants, pensez à privilégier une donation-partage pour figer les valeurs des œuvres d’art transmises au jour de la donation. Et un point de vigilance : dans le cadre du règlement des successions, plusieurs méthodes de valorisation peuvent être retenues.

À noter que les tickets d’entrée pour l’achat d’oeuvres d’art sont élevés, surtout lorsqu’il s’agit de diversifier ses investissements. Ce marché reste complexe car il n’est pas côté, il peut subir des biais parfois importants du fait des tendances actuels, des goûts, etc. Ce type d’investissement doit représenter une part de diversification dans le patrimoine globale, maximale de 10 % du patrimoine global.

🙏🏻 Un grand merci Alice pour cet échange très intéressant et ces conseils avisés sur l’achat et la vente d’œuvres d’art. Voilà une bonne occasion de venir découvrir la foire Paris + by Art Basel 😀

Sandrine GENET

Présidente, fondatrice de Carat Capital

2 ans

Merci Alice pour tes conseils éclairés 💡

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