Il est urgent d’accélérer le développement de l’éolien en mer pour atteindre un objectif de 50 GW en 2050 !
L’éolien en mer, composante incontournable du mix électrique décarboné
Découvrez notre tribune co-signée par @Yara Chakhtoura, Vice-Présidente de la commission éolien en mer de France Energie Eolienne et @Frédéric Petit, Président de la commission éolien en mer de France Energie Eolienne.
RTE l’annonçait le 25 octobre dernier dans le cadre de la publication de son étude « Futurs énergétiques 2050 » : les énergies renouvelables sont indispensables pour décarboner le mix électrique et garantir la sécurité d’approvisionnement en France.
Avec ses 3 500 km de côtés et ses 3 façades maritimes, la France métropolitaine dispose du 2e gisement de vent d’Europe. De plus, l’éolien en mer représente l’une des sources d’énergie les plus compétitives du marché parmi les nouvelles installations de production électrique. Il constitue une composante indispensable du mix électrique à horizon 2035 pour couvrir la hausse anticipée de la consommation électrique et la baisse de production de la capacité nucléaire historique, et à horizon 2050, pour atteindre la neutralité carbone.
Dans ce contexte, nous devons, avec l’ensemble des parties prenantes – professionnels de la filière, représentants de nos territoires et élus – participer à faire de l’éolien et, plus particulièrement de l’éolien en mer, un moteur essentiel pour accélérer la transition énergétique. La filière des énergies renouvelables, que nous représentons avec France Energie Eolienne et le Syndicat des énergies renouvelables, a publié le 2 décembre dernier les résultats d’un travail d’analyse sur l’éolien offshore qui montre qu’un objectif de 50 GW d’ici 2050 est réaliste. C’est également un objectif auquel la France doit se préparer comme l’indiquait le CIMER présidé par le Premier Ministre en Janvier 2021. Pour l’atteindre, nous adressons aux pouvoirs publics 5 propositions concrètes pour accélérer le développement de l’éolien en mer en France.
Elaborer, en 2022, la planification spatiale du déploiement de l’éolien en mer
Seule une planification précise, pilotée par l’État en associant l’ensemble des acteurs du monde maritime, permettra un déploiement plus ambitieux de l’éolien en mer. Atteindre les objectifs de 18 GW en 2035 et de 50 GW en 2050 dans des conditions optimales pour l’ensemble des parties prenantes doit passer par une nouvelle approche du développement de l’éolien en mer ainsi qu’une clarification de la stratégie de l’État. La pratique de développement actuelle privilégie une logique de déploiement « parc par parc », sans stratégie de planification à long terme. Cette approche est devenue illisible pour tous les acteurs, tant ceux de la filière de l’éolien en mer, que pour les usagers de la mer et l’ensemble des Français.
Sur la base des décisions prises lors du CIMER en janvier 2021 actant le lancement d’une planification dédiée à l’éolien en mer, notre première proposition est donc la création en début 2022 d’une mission de planification précise de l’espace maritime français pour prévoir le déploiement de l’éolien en mer dès 2023 avec un maillage de l’espace bien plus fin qu’actuellement.
Fixer un premier cap de 18 GW pour 2035
Comme nos voisins européens, il est impératif de fixer des objectifs de déploiement intermédiaires et de prévoir un rythme d’attribution des projets plus soutenu. L’horizon 2035 et une puissance de 18 GW sont pertinents et cohérents avec 5 des 6 scénarii des « Futurs Energétiques 2050 » présentés par RTE. Or, la seule échéance en vigueur aujourd’hui est celle de la PPE qui prévoit d’attribuer environ 8,6 GW d’ici à 2028.
Par ailleurs, la durée entre l’attribution d’un appel d’offres et la mise en service effective du parc en mer est estimée à 7 à 8 ans. Ainsi, seuls les projets attribués jusqu’en 2028 seront mis en service d’ici à 2035 dans le meilleur des cas. À ce rythme, atteindre 50 GW en 2050 supposerait une cadence très soutenue au-delà de 2030 et compliquerait l’atteinte des objectifs de transition énergétiques fixés à 2035 !
Dans le cadre de la prochaine période de la PPE (2024-2028), nous proposons donc un rythme d’attribution réhaussé : passer à au moins 2 GW attribués chaque année jusqu’en 2028 puis à 2,5 GW par an jusqu’en 2050.
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Changer l’échelle des projets et de la concertation
Il nous paraît indispensable de recentrer l’objet de la participation du public en mutualisant les débats sur plusieurs projets, avec des horizons de temps plus lointains. À l’heure actuelle, les débats publics restent des concertations successives qui n’offrent aucune visibilité tant à nos entreprises qu’aux acteurs de la mer et au public. Quant aux projets de parcs éoliens eux-mêmes, leur puissance s’accroit, notamment grâce à l’augmentation continue de la capacité unitaire des éoliennes, et cela permet d’importantes économies d’échelle.
Il convient donc de décloisonner les projets de parcs en mer pour que chaque expérience bénéficie aux suivantes, au profit d’un déploiement vertueux, accéléré et cohérent. En ce sens, nous proposons de renforcer l’information et la concertation des parties prenantes à travers l’organisation des débats publics sur un « programme » éolien en mer à horizon 10 ans pour chacune des 4 façades maritimes.
Anticiper et entreprendre la transformation des infrastructures
Tout l’écosystème autour des parcs éoliens en mer doit être pensé en amont pour optimiser les coûts et les usages, à commencer par le développement du réseau électrique associé et des ports. À terme, les parcs éoliens en mer et leur raccordement pourront devenir de véritables hubs énergétiques et maritimes associant production d’électricité et d’hydrogène, activités conchylicoles ou encore activités de recherche scientifique sur le milieu marin.
Nous recommandons de planifier, avec RTE, le développement spécifique d’un réseau électrique en mer, en cohérence avec le système terrestre, en prévoyant le raccordement mutualisé de plusieurs parcs éoliens en mer.
Adapter le cadre économique et réglementaire
Outre la planification des futurs parcs, le développement de l’éolien en mer en France nécessite un cadre réglementaire et économique sécurisé, stable et efficace à même de rassurer les investisseurs et maintenir la compétitivité de notre filière : c’est l’objet de notre cinquième proposition adressée aux pouvoirs publics.
Le cadre juridique doit ainsi être clarifié pour favoriser les projets à plus grande distance des côtes. De plus, le délai relatif à l’ensemble des étapes des projets éoliens en mer (études de levée des risques, dialogue concurrentiel, instruction, recours, etc.) doit être encadré comme cela se fait par exemple pour certains secteurs d’activité en France, limitant ainsi largement les risques de retard. Enfin, le mécanisme de « complément de rémunération » doit être maintenu : il facilite le financement des projets en assurant la stabilité des revenus des producteurs, il préserve l’attractivité du marché éolien en mer français et pourrait même bénéficier largement à nos finances publiques.
Il est urgent que ces 5 propositions soient entendues et que les mesures soient prises en conséquence. Il nous faut agir maintenant, avec l’appui de l’Etat, pour déployer ces 50 GW de capacités d’ici 2050 et passer sur un rythme d’au moins 2 GW/an dès la prochaine PPE. Ce développement doit être planifié en intégrant les enjeux de l’ensemble des acteurs et en tirant profit de nos atouts collectifs : faisons de l’éolien en mer un véritable moteur de développement économique et industriel en France !
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Journaliste éco Les Échos /Vendée
1 ansPossible de vous joindre demain ? merci