Interview de Lauriane Nolot par l'Equipe
Après une étincelante saison 2023 en kitefoil, Lauriane Nolot, 25 ans, est l'un des gros espoirs de la voile tricolore pour la conquête de l'or olympique à Marseille l'été prochain. « L'Équipe » l'a rencontrée fin janvier à Fuerteventura (Espagne) où elle effectue sa préparation hivernale.
« Comme l'an dernier, vous avez choisi Fuerteventura comme base d'entraînement hivernale, pour quelles raisons ?
💬C'est cool comme endroit. Il y a du vent quasiment tous les jours, c'est un plan d'eau intéressant, pas facile, avec une belle houle. Pour nous qui passons du temps dans l'eau, comme il fait autour de 20 degrés, on peut naviguer deux-trois fois plus de temps que si on restait en France. On fait une ou deux sessions de 2 heures par jour. Quand tu en fais deux, ça pique !
C'est aussi un site où vous retrouvez une grande partie de la concurrence internationale. Fuerteventura est plus connue pour le surf mais ici, c'est un spot réputé pour le kite. Beaucoup d'étrangers sont présents, ce qui permet aux coaches d'organiser des régates et de créer une belle émulation. Côté français, il y a une bonne ambiance. Ce qui est bien, c'est que dès qu'il y a des kites en l'air, je les vois depuis la terrasse de mon appartement !
À six mois des Jeux, comment vous sentez-vous ?
💬Tout va bien, je sors d'un gros bloc d'entraînement, je vais rentrer chez moi pour une petite semaine de break puis je reviendrai tout le mois de février avant de rejoindre la région de Murcie début mars pour le Championnat d'Europe (du 15 au 24 mars à Los Alcazares). Pour l'instant, je pense plus à la sélection qu'aux JO. Je sais que c'est bien parti, mais tant qu'il n'y aura pas marqué mon nom sur le papier, je ne crierai pas victoire (nom de la sélectionnée annoncé fin mars).
La Varoise aime les sensations et l'adrénaline que procure le kitefoil. (Sailing Energy)
Avec le recul, quel regard portez-vous sur votre exceptionnelle saison 2023 ?
💬Je suis fière, mais c'est hyper stressant de sortir d'une telle année. Ça me met énormément de pression car je sais que tout le monde m'attend pour les Jeux et la médaille. La barre est haute pour rester à ce niveau.
Le regard de vos adversaires a-t-il changé ?
💬Je suis plus observée, il y a des coaches étrangers qui me filment un peu en cachette, c'est rigolo. Je suis la fille à battre, j'ai la cible dans le dos, mais ça ne me dérange pas tant que ça.
Vous dites que vous avez eu un déclic en 2023, pouvez-vous nous en dire plus ?
💬Je pense que j'ai eu un déclic au niveau de la vitesse et surtout, j'ai repris beaucoup de plaisir sur l'eau. Dès les premières compétitions, j'ai vu que j'étais devant et ça a boosté ma confiance. Du coup, tout déroule derrière. J'avais une belle avance l'année dernière, mon but aujourd'hui est de la conserver. Mais ça va être dur quand je vois à quel point les autres s'entraînent.
Quels sont vos principaux atouts ?
💬Je suis championne du monde donc censée être la meilleure en technique, en vitesse... Mais quand je regarde les garçons naviguer, je suis toujours en train d'apprendre des choses. Je suis un peu une éternelle insatisfaite. Avec ma coach (Ariane Imbert), on a mis en place un système d'évaluation où l'on note de zéro à cinq tout ce que je fais sur l'eau, que ce soit un virement, un empannage. Je ne me suis jamais mis cinq. Je trouve toujours un truc à redire.
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Vous dégagez une impression de facilité, qu'en est-il réellement ?
💬Ce sport me fait kiffer, je suis une passionnée, c'est pour ça que je suis épanouie. Mais derrière, il y a des milliers d'heures de navigation. J'arrive à me nourrir des ondes positives, des montagnes russes d'émotion que le kite me procure. C'est aussi du stress, quelques sacrifices, mais je crois que j'ai trouvé la bonne balance, les deux s'équilibrent.
« Il a fallu que j'apprenne à ne pas passer ma vie à raconter des blagues sur la plage pour ne pas arriver sur l'eau surexcitée ! »
La glisse, l'adrénaline sont votre moteur ?
💬Tourner autour de bouées sans toutes ces sensations, je pense que ça m'aurait saoulée depuis longtemps. Il y a aussi pas mal de tactique mais ça va tellement vite que c'est de l'instinct. Souvent, à la fin de l'entraînement, on se retrouve tous, on va un peu surfer les vagues, c'est incroyable, c'est un sport qui est fou. On est des "glissous", on aime aller chercher cette sensation de glisse ultime.
Quelle place accordez-vous à la préparation mentale ?
💬C'est un paramètre très important dans un sport hyper engagé comme le kite. J'échange avec mon préparateur mental (André Armand) deux heures par mois. Je travaille avec lui depuis trois ans, il m'a beaucoup aidée. Au début, mon problème, c'est que je ne parvenais pas à canaliser mon énergie, je partais dans tous les sens. En compétition, par exemple, il a fallu que j'apprenne à ne pas passer ma vie à raconter des blagues sur la plage pour ne pas arriver sur l'eau surexcitée !
Quelles sont vos grandes échéances avant les JO ?
💬Après l'Europe, il y aura la Semaine Olympique Française fin avril puis le Mondial à Hyères mi-mai. Ça se passe chez moi, je ne vais pas laisser le titre à quelqu'un d'autre (rires), je veux le garder. Si je gagne, ce sera un bel avant-goût de ce qui pourra se passer deux mois plus tard ! »
Cette interview a été réalisée par Pascal Sidoine, à Fuerteventura (Espagne)mis à jour le 6 février 2024 à 11h20.
Extrait de l'article https://www.lequipe.fr/Voile/Actualites/Lauriane-nolot-la-barre-est-haute-pour-rester-a-ce-niveau/1446903
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Athlète Kitefoil 🇫🇷 - 🥈 Vice-championne Olympique 2024 - 🥇 Championne du Monde 2024 & 2023
9 mois🔥🔥🫶🏽