La lune et le doigt

Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt… La maxime est pertinente au vu de l’avalanche de commentaires sur LinkedIn suscitée par la publication de notre enquête sur le financement des start-up en France dans l'édition de novembre 2021 du Journal des Entreprises.

Comme souvent, un post initial d’une évidente mauvaise foi a suscité des réactions courroucées d’une communauté plus encline à réagir qu’à s’informer. Certaines de ces réactions nous ont fait sourire… D’autres moins.

Comment un média dont le siège est à Nantes, qui publie 14 éditions de son magazine dans neuf régions françaises et qui décline cette pluralité sur le web et dans ses newsletters quotidiennes avec une trentaine de journalistes locaux au contact direct des entreprises dans les territoires, peut-il être taxé de "parisianisme" ? La Start-up nation est à l’évidence déboussolée. Il convient donc de remettre à l’heure les pendules de l’ignorance en donnant à lire une nouvelle fois des faits que certains ont préféré ignorer pour mieux donner prise à la polémique. Et faire le buzz.

Qu’avons-nous écrit ? Que le baromètre du capital-risque en France pour le premier semestre 2021 publié par le cabinet EY affirme que "l’Île-de-France […] concentre 81 % des investissements" réalisés dans des start-up en France, "suivie par la région Auvergne Rhône-Alpes (5 %) puis l’Occitanie (2 %), qui décroche la 3e place".

Les Hauts-de-France n’arrivent qu’en 8e position, ce qui, on le comprend, peut froisser certains ego quand la bataille est rude pour se positionner en pole position du palmarès financier de l’innovation. La revendication par les uns et les autres de palmes académiques – premier incubateur de France, d’Europe, du monde… - peut faire sourire. La réalité demeure.

Pour autant, il ne s’agit pas de nier la vitalité des start-up en régions ni leur capacité à lever des fonds. À cet égard, le déséquilibre entre Paris et la province consacre tout au plus la prédominance économique de la région capitale qui concentre encore 25 % du nombre d’entreprises en France et 31 % du PIB.

En bons provinciaux, nous le déplorons, mais attention à ne pas tuer le messager. La situation évolue, chaque jour, en mieux, comme nous l’écrivons. Les levées de fonds sur les territoires ont augmenté en valeur absolue depuis trois ans et ont accéléré au premier semestre 2021. Voilà ce que dit l’article. Il n’est donc pas question ici de nous justifier, seulement de rétablir certaines vérités objectives puisque c’est, après tout, notre métier. Et de tordre le cou à tous les faux procès que l’on voudrait nous intenter.

Philippe Flamand, directeur des rédactions du Journal des Entreprises