Les Jeunes et le bureau idéal post confinement
Et les Jeunes dans tout cela ? Le télétravail forcé à la maison a-t-il modifié leur vision du bureau et de l'espace de travail à la sortie de l'école ? Ces jeunes, qu'on a souvent qualifiés d'hyper-connectés, ne souhaitant travailler qu'en mobilité constante, si possible dans des espaces partagés, etc. etc., la cible même de l'âge d'or du Flex office et du Coworking développés et mis en avant ces cinq dernières années, dans un contexte de hausse sans précédent des prix, des loyers et des coûts immobiliers...
Quelle est leur vision du bureau idéal, une fois cette crise sanitaire passée, le télétravail adopté dans les moeurs... ?
La quatrième édition de notre enquête Mon bureau de demain®, réalisée par la chaire de recherches Workplace de l'ESSEC Business School, a porté cette année sur le bureau idéal post-confinement souhaité par les étudiants, nos futurs managers et collaborateurs.
Comme pour les trois précédentes éditions, cette enquête réalisée auprès des étudiants de la Grande Ecole et des mastères spécialisés de l’ESSEC, permet de les interroger sur leur vécu en matière d’espace de travail (pour ceux ayant déjà une expérience professionnelle dans un bureau, c'est-à-dire près des 3/4 d'entre eux) et sur leur vision de l’espace de travail idéal à la sortie de leur école, pour l'ensemble des étudiants. Réalisée avec rigueur (échantillon aléatoire avec un niveau de confiance de 95 % et 5 % de précision), nous avons à présent depuis 7 ans, un beau recul sur cette génération dite Y et aujourd'hui renommée Z.
Tout d'abord il convient de souligner que l'espace de travail reste toujours aussi décisif et déterminant dans le choix du futur employeur pour 43 % d'entre eux - et ce en nette évolution depuis les enquêtes précédentes (36 % en 2016).
Malgré le développement sans précédent des modes de travail virtuel, des tiers-lieux et du télétravail, 8 étudiants sur 10 souhaitent retourner travailler au bureau classique.
J'entends déjà les commentaires... une population favorisée, exclusivement parisienne, etc. Notre échantillon tiré de manière aléatoire est composé d'étudiants majoritairement de nationalité française (86 %). Et 22 % seulement de nos répondants sont originaires de Paris. Enfin, 74 % d'entre eux ont déjà connu une expérience professionnelle en entreprise en moyenne de 9 mois et ont travaillé dans un bureau (notamment en stage ou apprentissage).
Retourner au bureau est essentiel pour la très grande majorité des étudiants :
- non seulement retourner au bureau pour y travailler de manière régulière : 59 % de leur temps de travail (soit 3 journées). Le télétravail représentant idéalement les 30 % restants (soit 1,5 jour par semaine), et les tiers-lieux, à la marge avec 11 % du reste du temps de travail.
- 87 % des répondants souhaitent trouver un bureau avec poste de travail attribué, individuel fermé de préférence (38 %) ou en petits espaces fermés partagés (27 %). Contrairement aux idées reçues, l'open space n'est aucunement rejeté dans la mesure où le poste de travail y est attribué (22 %). Par contre, et sans surprise, très peu en flex office (8 %) et encore moins dans des espaces de coworking (4 %).
- Idéalement, le bureau doit refléter pour 40 % d'entre eux avant tout l'organisation hiérarchique de l'entreprise.
Evidemment à la lecture de ces résultats, la question du flex office, plus récemment des tiers lieux et notamment des espaces partagés de coworking se pose. Ces lieux développés massivement avant la crise covid, pour des raisons essentiellement de réduction des coûts immobiliers, dans un contexte où la série de # marketing tels que #sérendipité, #Lean management #générationY "sharedesking etc. permettait de développer une nouvelle offre immobilière dans un contexte de compétition toujours plus active entre les métropoles et d'une industrie immobilière en quête de renouvellement alors que les marchés de l'investissement immobiliers sont constamment tendus et demandeurs d'actifs.
La crise Covid nous interroge à présent. Nous remet en question nos certitudes ? Certes, nous sommes dans une nouvelle "révolution immobilière". L'immeuble et l'espace de bureau souvent conçu pour répondre,
- tantôt dans les années 1970-80, aux attentes avant tout des investisseurs (les grands open space paysagers montés "en blanc", ces locaux aux standards internationaux de 2,70 mètres de hauteur, 18 mètres de trame etc. etc. sensés répondre aux besoins de toute multinationale ou grande entreprise),
- tantôt après la crise financière de 2008, aux besoins des nouveaux directeurs immobiliers dont la fonction devient stratégique en entreprise (et surtout du flex office et bureaux partagés pour répondre aux besoins des manageurs et à la hausse du coût immobilier),
- mais en encore dans les 2010 aux besoins des développeurs, des architectes, des métropoles et des DRH (les espaces de coworking sensés capter les jeunes talents et conserver les collaborateurs senior en centre-ville alors que les entreprises se délocalisent), doit se renouveler et prendre aujourd'hui en compte les besoins des Occupants - tous les occupants, manageurs ainsi que tous les collaborateurs.
La fonction essentielle du bureau se réinvente. Pour nos jeunes, le bureau devient le moyen de maintenir avant tout le lien social entre les employés, d’être l’endroit où les gens vont pour tisser des liens avec les collègues, travailler sereinement et marginalement participer à la vie de l’organisation. Près de 5 étudiants sur 10 veulent aller au bureau essentiellement pour Rencontrer, Echanger et Créer. 3 sur 10 pour y travailler sereinement.
Enfin, mais sans surprise tout compte fait, alors que près de 7 étudiants sur 10 pourraient refuser un travail en ville par manque de calme, et près de 5 étudiants sur 10 en raison de la mauvaise qualité de l'air, la localisation idéale du bureau post-confinement est en train d'évoluer.
Si Paris intramuros conserve sa place de leader des localisations attractives où travailler à la sortie de l’école (voir enquête Mon Bureau de demain® III de 2018), elle perd tout de même en popularité (en passant de 55 % à 49 % entre 2018 et 2020) et notamment au profit des métropoles régionales. Ceux qui sont originaires de Paris sont 78 % à choisir Paris intramuros comme localisation préférée de leur futur emploi ; ceux qui sont originaires des métropoles régionales et villes moyennes, ne retiennent qu'à 35 % un emploi dans Paris intramuros.
D’ailleurs, seule la région (et notamment les grandes métropoles) parvient à gagner des points cette année, en passant sur la même période de 20 % à 30 % des localisations souhaitées.
Le télétravail va certainement rentrer dans nos habitudes de vie, à plus ou moins faible dose. On le constate, idéalement les jeunes souhaitent 1,5 jour maximum de télétravail, en-deçà donc des 2 jours de télétravail qui remettent en question les problématiques d’organisation du travail et d’optimisation du coût immobilier.
Mais incontestablement, l'immeuble de bureau classique reste le lieu de travail idéal des jeunes, et ce localisé à proximité de leur domicile (84 % souhaitent moins de 45 minutes de transport pour se rendre sur le lieu de travail) et principalement dans des villes durables, où il fait bon vivre et respirer.
Le cercle des partenaires de la Chaire Workplace Management reste ouvert, n’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez rejoindre l’aventure !
http://workplace-management.essec.edu/
Co-founder & CEO Work & Go | Founder & CEO Anticafé (exit) | Co-président Ensemble Ukraine
3 ansTrès intéressant, merci !
Research Director at the University of Paris-Saclay, President at Planet S@voir, Author, Advisor and International Keynote Speaker.
3 ansMerci Ingrid pour cette excellente contribution !
Président de PANHARD INTERNATIONAL SAS
3 ansUne analyse intéressante et plutôt rassurante. Pour nos étudiants et futurs employés, le bureau , nonobstant l’impact du télétravail, va rester le creuset du lien social dans l’entreprise où va continuer à se tisser sa culture , essentielle à son identité. Méfions nous du « hors sol » !
Responsable site de Toulouse - Urssaf Caisse nationale
3 ansMerci Ingrid. Étude très intéressante, des résultats à contre-courant quelques fois...
Group Human Resources Director Ecommerce , Tech, Data & Digital Transformation | Associate member at Team for the planet
3 ansBelle Inphographie, très instructif sur l’évolution des tendances depuis la première édition du baromètre