Pour atteindre les objectifs de carboneutralité du Canada, il nous faut un nouveau plan
Une action rapide dans trois secteurs clés pourrait fonder les bases d’un avenir durable
Nous sommes arrivés à un moment critique dans les efforts de lutte contre les changements climatiques. L’élévation du niveau de la mer et les phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents ne devraient laisser aucun doute quant à l’urgence d’agir si nous voulons laisser une planète habitable aux générations futures.
Le gouvernement du Canada, ainsi que d’autres signataires de l’Accord de Paris, a récemment annoncé une série d’engagements liés au climat, y compris des cibles de réduction des émissions de 40 à 45 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux d’émissions de 2005, et la création d’un réseau électrique à zéro émission nette de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2035. Ces objectifs sont essentiels si nous voulons limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5 degré Celsius et positionner le Canada comme chef de file en matière de technologies de réduction des GES.
Toutefois, les efforts déployés par le Canada jusqu’à maintenant pour lutter contre les changements climatiques ont été insuffisants. En 2019, les émissions de GES étaient inférieures de seulement 1,1 % par rapport aux niveaux de 2005. Conserver l’approche actuelle ne nous permettra pas d’atteindre notre objectif au cours des huit prochaines années. Nous avons besoin d’un nouveau plan.
Le plus récent rapport Ingénierie Net Zéro de SNC-Lavalin a cerné une occasion pour la stratégie du Canada pour 2030 de mettre l’accent sur des mesures rapides dans trois secteurs clés, tout en adoptant les changements sociaux et économiques qui permettront au Canada d’atteindre ses objectifs de carboneutralité d’ici 2050.
Transports :
Les véhicules sur les routes du Canada produisent le quart des émissions de GES du pays, les voitures et les camions légers se partageant la part du lion. La conversion du plus grand nombre possible de ces véhicules en véhicules électriques (VE) est le moyen le plus rapide et le plus viable de réduire les émissions.
Malgré un nombre croissant de VE sur le marché, l’adoption par les consommateurs et les entreprises a été lente, principalement en raison du coût et de « l'inquiétude liée à l’autonomie » qui découle du manque d’infrastructures de recharge. Le gouvernement fédéral a récemment annoncé plusieurs programmes de subventions pour les VE, ce qui est une étape encourageante. Toutefois, pour que l’on puisse surmonter l’inquiétude liée à l’autonomie, le gouvernement devra considérablement ajouter des installations de recharge aux 7 400 actuellement en exploitation partout au pays, soit par des investissements directs, des subventions ou des incitatifs fiscaux. À moins que les Canadiens aient confiance en la capacité d’un VE de les amener là où ils doivent aller, la technologie ne sera pas acceptée par le grand public.
Pétrole et gaz :
Malgré les efforts déployés par l’industrie pour réduire les émissions, la demande croissante d’énergie au Canada et l’expansion subséquente de la production des sables bitumineux ont fait en sorte que l’industrie est responsable de 26 % de toutes les émissions de carbone au Canada, soit la proportion la plus élevée de tous les secteurs.
Cependant, le rapport de SNC-Lavalin a révélé une possibilité. La façon la plus viable de réduire les émissions dans le secteur pétrolier et gazier est en diminuant les émissions de méthane. Au Canada, 13 % de toutes les émissions de GES sont des émissions de méthane, dont 43 % proviennent de la production de pétrole et de gaz. Les deux principales sources de méthane rejeté sont les émissions de mise à l’air et les émissions fugitives, des imperfections dans les activités actuelles qui offrent la possibilité d’agir rapidement et d’en tirer des avantages économiques tout en améliorant l’efficacité de l’industrie.
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Grâce à l’adoption généralisée de technologies de captage du méthane, complétées par la prévention des fuites, l’industrie pétrolière et gazière pourrait faire de grands progrès vers ses objectifs en matière d’émissions. L’élimination des émissions fugitives ne nécessiterait pas un financement important ni des ajouts technologiques aux systèmes existants. Selon l’Agence internationale de l’énergie, environ 75 % des émissions mondiales de méthane liées au pétrole et au gaz pourraient être évitées si toutes les options de réduction du méthane étaient déployées dans l’ensemble du secteur.
Électricité :
L’électrification à grande échelle des secteurs résidentiel, commercial, manufacturier et des transports devrait faire grimper la demande d’électricité, qui pourrait doubler par rapport aux niveaux actuels d’ici 2050.
Pour répondre à cette demande, le Canada devra se doter d’une capacité de production de 5 à 7 GW d’électricité à partir de sources non émettrices. Cela pourrait se faire par un plus vaste déploiement des ressources éoliennes et solaires, mais il faudra aussi des centrales nucléaires et hydroélectriques.
Cependant, il y a des exigences précises pour réussir.
En ce qui concerne le nucléaire, il est essentiel de choisir une technologie prête à l’emploi ayant déjà fait l’objet d’un certain examen réglementaire et d’une certaine approbation. Il faudrait accélérer le traitement des questions réglementaires, comme l’autorisation des sites et les évaluations environnementales, par rapport aux échéanciers traditionnels. Et il faudrait construire des réacteurs nucléaires en Ontario et en Alberta, où l’on prévoit les plus fortes augmentations de charge.
Quant à l’hydroélectricité, il faudrait une saine combinaison de projets à moyenne et à grande échelle. Comme dans le cas du nucléaire, il faudrait accélérer les évaluations environnementales. De nouveaux projets de production hydroélectrique devraient être construits en Colombie-Britannique, au Québec, au Manitoba et à Terre-Neuve, et combinés à des interconnexions au réseau pancanadien.
Le taux de construction décrit ci-dessus est ambitieux, mais pas inédit au Canada. En fait, il serait semblable au taux de construction de nouvelles centrales nucléaires et hydroélectriques que le Canada a atteint dans les années 1970 et 1980. Nous pourrions réaliser cet exploit si le processus était lancé au cours des deux ou trois prochaines années, parallèlement au démarrage de plusieurs projets.
Nous sommes à huit ans des objectifs provisoires zéro émission nette de 2030, mais nous ne sommes pas sur la bonne voie pour les atteindre. Les idées énumérées ci-dessus sont radicales et ambitieuses, mais nécessaires si nous prenons nos obligations au sérieux. Le Canada a réalisé de grandes choses à court terme dans le passé, et on nous demande encore une fois de le faire.
À SNC-Lavalin, nous croyons qu’il est possible d’atteindre les objectifs relatifs à la lutte contre les changements climatiques du Canada. Il n’y a pas de planète B. Nous devons relever ce défi pour nos enfants.
Vous pouvez lire l’intégralité du rapport Ingénierie Net Zéro ici.