Processus adiabatique
En thermodynamique, un processus adiabatique est une transformation effectuée sans qu'aucun transfert thermique n'intervienne entre le système étudié et son environnement, c'est-à-dire sans échange de chaleur entre les deux milieux.
Définition
[modifier | modifier le code]Étymologie
[modifier | modifier le code]Le mot « adiabatiqueÉcouter » a été construit à partir du grec ἀδιάϐατος / adiabatos (« infranchissable »), dérivé de διαϐαίνω / diabaínō, « traverser, franchir »[1],[2].
Un matériau adiabatique est imperméable à la chaleur[2],[3]. Une « enceinte adiabatique » empêche tout échange de chaleur entre un système et son environnement[4]. Dans ce sens, les mots « atherme » et « athermane » sont synonymes[5].
Une transformation thermodynamique dans laquelle le système étudié n'échange aucune chaleur avec son environnement est dite « transformation adiabatique » ou « processus adiabatique »[2],[3]. Dans ce sens, le mot « athermique » est synonyme[6].
Une « courbe adiabatique », ou plus simplement une « adiabatique », est une courbe représentant une transformation adiabatique dans un diagramme thermodynamique[3].
Un corps qui laisse passer la chaleur est dit « diathermane », « diatherme » ou « diathermique »[4],[7],[8],[9],[10]. Le terme « diabatique » est parfois utilisé, particulièrement en météorologie[11],[12],[13],[14].
Processus adiabatique
[modifier | modifier le code]Le premier principe de la thermodynamique énonce que, lors d'une transformation quelconque, la variation d'énergie interne d'un système fermé (qui n'échange pas de matière avec l'extérieur) est égale à la somme du travail et de la chaleur échangés entre ce système et son extérieur. Pour une transformation élémentaire (donnant lieu à une petite variation des paramètres décrivant le système), on a alors :
Le travail des forces (notamment la pression) agissant sur le système durant la transformation est un transfert ordonné d'énergie mécanique. La chaleur est un transfert désordonné d'énergie thermique.
Un processus adiabatique est par définition une transformation sans aucun transfert thermique, c'est-à-dire sans échange de chaleur, soit . La variation d'énergie interne du système est égale au seul transfert d'énergie mécanique par le travail des forces appliquées sur le système[15] :
Processus isentropique et réversibilité
[modifier | modifier le code]Le deuxième principe de la thermodynamique introduit l'entropie définie par l'inégalité de Clausius :
avec la température absolue. La transformation est[16] :
- réversible si ;
- irréversible si .
La différentielle de l'énergie interne s'écrit alors :
Le terme peut être dû à une réaction chimique ou au travail d'une force irrécupérable, comme celui des forces de frottements ou de viscosité dissipé en chaleur.
Un processus isentropique est une transformation dans laquelle l'entropie ne varie pas, soit . On peut établir que[16],[17] :
- un processus isentropique et réversible est adiabatique : on a et d'où ;
- un processus isentropique et irréversible n'est pas adiabatique : on a et d'où ;
- un processus adiabatique et réversible est isentropique : on a et d'où ;
- un processus adiabatique et irréversible n'est pas isentropique : on a et d'où .
Il n'y a par conséquent pas d'équivalence entre les termes « adiabatique » et « isentropique ». Une transformation n'est à la fois adiabatique et isentropique que si elle est réversible[17].
Processus adiabatique réversible
[modifier | modifier le code]Par définition des coefficients calorimétriques, on a les relations générales pour une transformation adiabatique réversible, en l'absence de réaction chimique :
avec :
- la capacité thermique isobare ;
- la capacité thermique isochore ;
- le coefficient de compression isotherme ;
- le coefficient de dilatation isotherme ;
- la pression ;
- la chaleur ;
- l'entropie ;
- la température thermodynamique ;
- le volume.
Les capacités thermiques dépendent de la pression et de la température pour , du volume et de la température pour .
Les relations de Maxwell donnent les première et deuxième relations de Clapeyron :
Application aux gaz parfaits
[modifier | modifier le code]Cas général
[modifier | modifier le code]Les gaz parfaits répondent aux deux lois de Joule, aussi leurs capacités thermiques et ne dépendent-elles que de la température.
L'équation des gaz parfaits, , induit :
On obtient donc, pour les gaz parfaits uniquement[18] :
Loi de Laplace
[modifier | modifier le code]Les deux relations obtenues ci-dessus donnent :
On note l'indice adiabatique, ou coefficient de Laplace :
et on réécrit :
En considérant comme constant, on obtient par intégration la loi de Laplace[19],[20] :
La constante étant supérieure à 1, une transformation adiabatique réversible fait varier la pression dans le sens inverse du volume : la pression augmente lorsque le volume diminue.
En combinant la loi de Laplace avec la loi des gaz parfaits, on obtient d'autres formulations de la loi d'évolution adiabatique réversible.
Une transformation adiabatique réversible fait varier la pression dans le même sens que la température : la pression augmente lorsque la température augmente.
Une transformation adiabatique réversible fait varier le volume dans le sens inverse de la température : la température augmente lorsque le volume diminue.
Pour un gaz parfait monoatomique, tels les gaz rares (argon, etc.), à toute température. Pour un gaz diatomique (azote et oxygène, les principaux composants de l'air) dans les conditions normales de température et de pression (CNTP) .
Travail d'un gaz lors d'un processus adiabatique réversible
[modifier | modifier le code]Les deux relations établies pour le gaz parfait donnent :
et :
Le travail produit par le système étudié lors du processus adiabatique réversible (compression ou détente), entre un état initial et un état final , vaut :
d'où, en considérant et comme constants[21] :
avec :
- , et les pression, volume et température initiaux, avec ;
- , et les pression, volume et température finaux, avec ;
- pour un gaz parfait.
Le travail ainsi calculé représente la variation d'énergie interne du système étudié[20]. Le milieu extérieur au système récupère le travail .
Autres applications
[modifier | modifier le code]Efficacité énergétique d'un processus adiabatique
[modifier | modifier le code]L'efficacité énergétique est définie comme le rapport entre le travail fourni par le système et l'énergie utilisée pour fournir ce travail.
Dans un processus adiabatique, par définition, la variation d'énergie interne du système est égale au seul transfert d'énergie mécanique par le travail de forces appliquées sur le système, car les transferts thermiques sont nuls, d'où :
Ceci revient à dire que l'efficacité énergétique d'un processus adiabatique est par définition de 100 %, ou bien qu'il n'y a aucune perte ni aucune addition d'énergie thermique durant le processus adiabatique. Ceci suppose en particulier qu'il n'y ait aucun frottement ou aucune viscosité, forces dont le travail irrécupérable dissipe de l'énergie sous forme de chaleur. Un processus adiabatique est donc un cas idéal.
Cycle de Carnot
[modifier | modifier le code]Un moteur thermique est un dispositif permettant d'échanger du travail et une quantité de chaleur avec un milieu extérieur. Cet échange se fait par un cycle répété de nombreuses fois. Il se produit une série de transformations thermodynamiques dont certaines sont adiabatiques.
Par exemple, le cycle de Carnot correspond à un ensemble de deux transformations adiabatiques et deux transformations isothermes. Durant ce cycle, le gaz subit, dans l'ordre : une détente isotherme réversible, une détente adiabatique réversible (donc isentropique), une compression isotherme réversible et une compression adiabatique réversible (donc isentropique)[22].
Refroidissement adiabatique
[modifier | modifier le code]Le refroidissement adiabatique est une méthode de rafraîchissement d'air basée sur l'évaporation de l'eau. Cette technique est aussi appelée « bioclimatisation », « rafraîchissement d'air par évaporation » ou « climatisation naturelle ».
L'air chaud et sec qui passe à travers un aérosol d'eau induit une évaporation partielle de celle-ci. L'énergie nécessaire à l'évaporation de l'eau est extraite de l'air, qui est ainsi refroidi et humidifié. Si l'on excepte l'eau pulvérisée qui doit alimenter un tel système, la seule énergie consommée est le travail du ventilateur nécessaire à la circulation de l'air à travers le flux d'eau[23],[24],[25].
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Informations lexicographiques et étymologiques de « adiabatisme » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
- « Adiabatique », dictionnaire Larousse.
- Informations lexicographiques et étymologiques de « adiabatique » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
- Infelta et Graetzel, p. 3.
- Commission d’enrichissement de la langue française, « adiabatique », sur FranceTerme, ministère de la Culture (consulté le ).
- Commission d’enrichissement de la langue française, « adiabatique », sur FranceTerme, ministère de la Culture (consulté le ).
- Informations lexicographiques et étymologiques de « diatherme » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
- « Diatherme », dictionnaire Larousse.
- Commission d’enrichissement de la langue française, « diathermane », sur FranceTerme, ministère de la Culture (consulté le ).
- Commission d’enrichissement de la langue française, « diatherme », sur FranceTerme, ministère de la Culture (consulté le ).
- G. Oscar Villeneuve, Glossaire de météorologie et de climatologie, Presses Université Laval, coll. « Choronoma Series », , 680 p. (ISBN 9782763768960, lire en ligne), p. 359.
- Météo-France La Réunion, « Adiabatique (transformation) », sur meteofrance.re (consulté le ).
- Météo-France La Réunion, « Diabatique », sur meteofrance.re (consulté le ).
- TV5MONDE, « Diabatique », sur langue-francaise.tv5monde.com (consulté le ).
- Faverjon, p. 85.
- Infelta et Graetzel, p. 36.
- Infelta et Graetzel, p. 38-40.
- Infelta et Graetzel, p. 47.
- Infelta et Graetzel, p. 48.
- Faverjon, p. 85-86.
- Faverjon, p. 86.
- Infelta et Graetzel, p. 33-34.
- Alain Garnier, Le bâtiment à énergie positive : Comment maîtriser l'énergie dans l'habitat ?, Éditions Eyrolles, coll. « L'efficacité énergétique du bâtiment », , 296 p. (ISBN 9782212162110, lire en ligne), p. 176.
- Jack Bossard, Christian Feldmann et Jean Hrabovsky, Pratique de la climatisation : en 24 fiches-outils, Dunod, , 264 p. (ISBN 9782100813155, lire en ligne), p. 120 (fiche n°13 - rafraîchissement adiabatique).
- Manfred Hegger, Construction et énergie : architecture et développement durable, PPUR Presses polytechniques, , 280 p. (ISBN 9782880747961, lire en ligne), p. 130.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Pierre Infelta et Michael Graetzel, Thermodynamique : Principes et Applications, Boca Raton, Floride, BrownWalker Press, , 484 p. (ISBN 1-58112-995-5, lire en ligne).
- Georges Faverjon, Thermodynamique MPSI, Editions Bréal, coll. « Les Nouveaux précis Bréal », , 192 p. (ISBN 9782749502304, lire en ligne).