Android Things : tout ce qu’il faut savoir sur le nouvel OS de Google dédié à l’Internet des objets

 
Aujourd’hui, Google a annoncé un aperçu d’Android Things, la version remaniée du projet Brillo. En plein boom de l’Internet des objets, ce remaniement était très attendu par la communauté.
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L’internet des objets est un immense désordre. Imaginez un marché naissant que l’on estime à plusieurs milliards de dollars et des centaines de constructeurs, grand public et professionnels, se ruant sur cette poule aux œufs d’or sans concertation, avec autant de systèmes d’exploitation, d’interfaces et de moyen de communiquer qu’il y a de gadgets connectés. Et dans cette piaule adolescente mal rangée, un géant balaie tout cela avec une idée en tête : mettre de l’ordre. Ce géant, c’est Google.

 

Qu’est-ce que c’est ?

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Android Things OS, ce n’est pas un projet sorti du chapeau magique de Google, mais un long shot qui date. Le 10 mai 2011, il y a donc plus de cinq ans à peu près, Google annonçait un projet nommé Android@Home, qui, en bref, devait connecter tous les objets de votre maison pour en faire une « maison intelligente ». On pouvait alors lire au hasard sur TechCrunch des choses comme : « L’environnement Android@Home peut être utilisé pour contrôler des consoles de jeu, des lumières, des prises, des systèmes d’irrigations et à peu près tout ce que les développeurs pourront imaginer ».

Ce beau projet était peut-être prématuré, car il a disparu des conférences les années suivantes pour ne faire que des apparitions sporadiques dans les hackathons et autres rassemblements de passionnés du bricolage et du robot vert. Pas de panique pour autant, car en 2015,  Google a eu pour ambition de retenter une percée sur le marché des objets connectés avec une nouvelle fois un double projet : Weave, un langage pour que les objets connectés discutent ensemble et Brillo, un système d’exploitation permettant de rendre smart les objets du quotidien, tous deux interfacés facilement avec un smartphone. Entre temps, en plus d’Android@Home, Weave et Brillo…. Google a également mis la main sur Nest (en janvier pour 3,2 milliards d’euros), Dropcam (par Nest en juin 2014) puis Revolv (par Nest également). Et nous voici fin 2016, Google vient de dévoiler Android Things.

Android Things s’est joint à la famille Android aux côtés d’Android TV, Android Auto et Android Wear. Android Things est une version allégée d’Android, conçue pour fonctionner sur des appareils à basse consommation d’énergie, c’est un relooking du projet Brillo. C’est ce que l’on appelle, un OS temps réel (RTOS) — un système d’exploitation pour les applications embarquées.

Dans un premier temps, Google a donc mis en place une Developer Preview et un SDK pour permettre aux développeurs de prendre la main sur les outils dédiés et de concevoir les premiers objets connectés et applications sous Android Things. Le set d’outils fourni par Google permet aux développeurs de créer des objets connectés en utilisant les API Android et les Google Services. Au sein du classique Android Studio, le développement n’est pas très différent de ce que les développeurs Android connaissent. Parmi les outils dédiés, les développeurs pourront faire appel au protocole Google Weave pour faciliter la communication entre les appareils ainsi que des services Google Cloud ainsi que Google Cloud Vision.

 

Et en seulement quelques caractères ?

Pour dire les choses vite, Android Things est une version modifiée d’Android pensée pour donner une vie numérique à des objets. La plateforme est peu gourmande en ressource, ne pèse pas grand-chose et est plus sécurisée encore qu’Android pour les smartphones. Android Things est également extrêmement peu consommateur d’énergie, ce qui va lui permettre d’être utilisé sur des objets dont la durée de vie loin d’une prise est particulièrement importante, comme des capteurs d’humidité ou de pluie.

 

À quoi ça sert ?

Certains constructeurs ont bien essayé de faire quelque chose pour unifier la maison : Qualcomm a fondé son AllJoyn Alliance et a mis à disposition des frameworks de développement unifiés. Philips a eu la bonne idée d’ouvrir sa plateforme à d’autres créations lumineuses qui pouvaient se connecter à son hub. Le français Somfy a mis la main sur Myfox, spécialisé dans les caméras connectées. Des exceptions qui ne permettent pas grand-chose de plus : chacune des technologies présentées était indépendante et nécessitait son lot de connecteurs, d’applications et autres comptes pour fonctionner. Depuis, peu de choses ont bougé.

La caméra Myfox
La caméra Myfox

Ce qu’il manque à cette pile d’objets pour devenir communicants en plus d’être connectés, c’est donc bien un centre névralgique, un outil de contrôle normalisé qui permettrait de tous les rendre interdépendants, une sorte de HAL 9000 à l’échelle de la maison, de la ferme, de l’hôpital ou de la ville… Car l’intérêt est évident pour quiconque se penche sur la question : imaginez que votre thermostat connecté détecte une trop forte chaleur dans votre appartement. S’il est relié à la climatisation, il pourra uniquement augmenter sa puissance et de fait, vous faire consommer plus d’électricité et participer un chouille de plus à la dégénérescence de notre environnement.

En revanche, si le thermostat parle aussi bien à votre système de gestion de la chaleur qu’à vos fenêtres, vos stores, et différents capteurs, d’autres options s’offrent à lui pour réguler la température. Pourquoi ne pas, par exemple, baisser légèrement les stores pour que le soleil n’entre plus à grands rayons dans l’habitation ? Pourquoi ne pas détecter cette légère brise d’été captée par un anémomètre connecté et entrouvrir juste assez deux fenêtres pour créer un courant d’air rafraîchissant ? Les exemples d’interactions entre les différents objets ne manqueraient pas et on imagine déjà des applications comme IFTTT, faire un saut vers les objets pour laisser les utilisateurs programmer simplement certaines interactions.

Voilà le contexte où Android Things s’inscrit.

Android Things est un OS léger, capable de faire tourner des applications, avec très peu de consommation d’énergie et peu de ressources. Pour vous en rendre compte, il suffit de voir la quantité de mémoire RAM nécessaire pour faire tourner Android Things. Alors qu’Android 7.0 Nougat classique est destiné à des appareils dotés d’un minimum de 512 Mo de mémoire RAM, il en faut seulement 16 à 32 Mo sur Android Things.

Dans un futur pas si lointain, Android Things sera préembarqué dans la maison de vos parents, sans qu’ils se soucient de la façon dont cela fonctionne. Android Things sera l’épine dorsale de Google pour l’Internet des objets.

Et si vous pensez qu’Internet des objets est un mot technique, nous parlons de votre maison qui pourra obtenir des fonctions connectées intelligentes comme votre smartphone : des serrures intelligentes, des fours Wi-Fi et des ampoules connectées, à ajouter aux thermostats intelligents, vous devez déjà avoir entendu parler de tout ça. C’est ce qui représente la domotique.

Et ce ne sont pas uniquement vos maisons qui pourront bénéficier d’Android Things, mais également de nombreux secteurs privés et professionnels.

 

Quels sont les appareils compatibles ?

Pour le moment, Google a annoncé le support d’Intel Edison, du NXP Pico et du Raspberry Pi 3.

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Raspberry Pi 3

 

Qui sont les concurrents ?

Google n’est pas le seul à proposer un OS temps réel (RTOS). Les plus populaires sont Contiki (disponible gratuitement sous licence BSD) et TinyOS.

Samsung ne semble pas (encore) avoir de mouture de Tizen adaptée à l’Internet des objets. Par contre, les SoC Artik dédiés à l’Internet des objets du fabricant sud-coréen fonctionnent avec Nucleus RTOS, l’OS léger temps réel d’Embedded Software Division de Mentor Graphics.

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Samsung Artik

ll faut aussi compter sur ARM et son OS mbed OS, sans oublier l’Open Interconnect Consortium et l’AllSeen Alliance qui regroupent de nombreuses sociétés et développent des standards pour accompagner l’essor de l’IoT.

Intel n’est pas en reste avec l’acquisition de Wind River en 2009 qui a développé le système d’exploitation temps réel VxWorks.

De son côté, Microsoft a récemment publié une version de Windows 10 pour l’iOT avec Windows 10 IoT Core. Huawei est aussi de la partie avec LiteOS, son OS ultra léger qui s’inscrit dans une solution complète baptisée Agile Internet of Things.

 

Qu’est-ce que Weave ?

Et qui dit communication, dit langage. Celui des objets, dans un futur googlesque, se nomme Weave. Weave est la première brique des nouveaux outils offerts aux développeurs et se trouve la plus simple à utiliser : un langage de programmation qui n’a pas besoin de tourner sur un OS spécifique.

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Oui, cela signifie que Google a compris qu’il fallait remettre de l’ordre sans bousculer les choses : un constructeur qui souhaite connecter son gadget à ceux d’autres acteurs du marché sans pour autant modifier son système propriétaire et utiliser un OS qu’il ne maîtrise pas de bout en bout pourra utiliser Weave sans souci. Un argument décisif pour les entreprises qui ne souhaitent pas forcément dépendre de Google dans leurs moindres faits et gestes.

 

Un mot pour la fin ?

Google est en train de construire un écosystème. Comme à son habitude, Google tente de conquérir le marché par tous les points d’entrée et va proposer des solutions plus ou moins radicales pour s’adapter à toutes les situations que pourraient rencontrer les laboratoires de R&D. Et le jeu en vaut la chandelle : après les smartphones, les tablettes, les voitures, les ordinateurs, la fibre optique, les montres, les bracelets, les lunettes, la recherche, les mails, la vidéo ou la publicité, il ne restait pas grand-chose que Google n’avait pas dans son portefeuille de bout de réel.

Avec Android Things et Weave, le potentiel de développement est colossal, car ces deux projets n’ont virtuellement pas de limite : ils peuvent s’incarner dans tous les objets connectés qui prennent aujourd’hui d’assaut les maisons, les collectivités et les entreprises.


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