Vous connaissez peut-être le défi qui consiste à installer Doom sur n’importe quel appareil électronique en circulation ? Hé bien Dmitry Grinberg, un ingénieur américain, s’est lancé le même défi, mais avec le noyau Linux nous révèle Ars Technica. Et sa dernière prouesse a de quoi sincèrement épater puisqu’il a installé le système sur un processeur de calculatrice datant de 1971. Le tout premier microprocesseur grand public au monde à vrai dire.
L’Intel 4004 embarque pas moins de 2300 transistors, affiche une vitesse d’horloge de 740 kHz et a 53 ans au compteur. Pour vous donner une idée de l’écart générationnel qui existe entre ce modeste processeur pour calculatrice et nos composants actuels, un Intel de dernière génération est environ 8000 fois plus puissant que ce timide morceau de silicium et de métal.
15 heures pour exécuter une commande
Pour autant, l’Intel 4004 a donc un statut mythique dans le petit monde de l’informatique puisqu’il s’agit du premier microprocesseur grand public au monde. En 1971, l’ère des ordinateurs personnels n’est même pas arrivée, les fameux PC IBM ne déboulant qu’en 1978 avec le processeur Intel 8086, descendant lointain de notre Intel 4004. Démarrer un quelconque système d’exploitation sur un processeur de ce type est donc un petit miracle en soi. Un très, très, lent miracle par contre.
Comme le montre la vidéo postée par Dmitry Grinberg, le noyau Linux met plus de 4 jours à démarrer sur ce minuscule processeur. N’importe quelle commande met plusieurs jours, voire plusieurs semaines à s’exécuter. Même bêtement lister l’arborescence d’un dossier en ligne de commandes prend une quinzaine d’heures environ. Autant dire que la machine n’est pas faite pour les tâches du quotidien. À moins que vous soyez plutôt du genre patient.
L’exploit de Dmitry Grinberg est clairement plus une preuve de concept qu’autre chose. Plus gadget qu’autre chose, l’énorme circuit imprimé et le système qui l’accompagne sont clairement destinés à montrer la flexibilité du noyau Linux plus qu’à être utilisé pour quoi que ce soit.
Un château de cartes en silicium
L’exploit est d’ailleurs encore plus impressionnant quand on sait que le processeur en lui-même est en fait incapable de faire tourner Linux nativement. Dmitry Grinberg a en réalité développé un programme d’émulation imitant un processeur MIPS R3000 (sortie en 1988).
Pour aller plus loin
Le bug de processeur qui a tout changé il y a 30 ans : la drôle d’histoire du Pentium FDIV
Pour résumer, un processeur de calculatrice sortie en 1971 émule un processeur de station de travail sortie en 1988, qui démarre à son tour un noyau logiciel développé en 1991. Le plus étonnant dans tout ça est moins que l’ordinateur mette 4 jours à démarrer, mais plus que tout ce château de cartes ne s’écroule pas au premier coup de vent. Si vous voulez tester vous-même, les instructions sont disponibles en libre accès.
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