C’est la nouvelle décision surprise du milliardaire : Elon Musk a annoncé qu’il comptait porter plainte, pour diffamation, contre la Ligue Anti-Diffamation. Cela pourrait paraitre incongru, mais le patron de X (anciennement Twitter), Tesla et SpaceX avait habitué à plus absurde, notamment en essayant d’organiser un match de boxe en cage avec Mark Zuckerberg.
Depuis, la Ligue Anti-Diffamation semble être sa nouvelle obsession. Le 4 septembre 2023, Elon Musk a publié un message énigmatique sur X, expliquant qu’il était « pro liberté d’expression » mais « contre l’antisémitisme ». Interrogé par ses fans, il indique dans un autre message, que, depuis son rachat de Twitter devenu X, « l’ADL (acronyme anglophone de la Ligue, ndlr) essaye de tuer la plateforme en nous accusant faussement d’être antisémites ».
Selon lui, l’ADL, une organisation non gouvernementale américaine qui lutte contre l’antisémitisme, serait responsable de la chute de 60 % des revenus publicitaires de X. Elon Musk ne verrait dès lors qu’une seule solution s’offrant à lui : « pour laver le nom de notre plateforme en matière d’antisémitisme, il semble que nous n’ayons pas d’autre choix que d’intenter une action en diffamation contre l’ADL … l’ironie ! ».
Un problème d’antisémitisme sur X ?
Il y a plusieurs éléments à prendre en compte dans cette histoire. D’abord, il n’est pas garanti qu’Elon Musk fasse bien ce qu’il annonce. Le milliardaire a, à plusieurs reprises, esquivé ses engagements précédents (notamment le combat en cage avec Zuckerberg).
Enfin, il est important d’adresser la véracité de ses propos. L’ADL est-elle vraiment responsable de la baisse des revenus publicitaires de X ? Selon Musk, le groupe aurait fait pression sur les annonceurs pour qu’ils renoncent à leurs campagnes publicitaires sur le site — une information qui viendrait directement de ces annonceurs, d’après Musk.
Il n’y a pas de preuves concrètes concernant ces chiffres, mais, comme le rappelle CNN, deux marques ont déjà annoncé qu’elles arrêtaient de lancer des campagnes publicitaires sur X, car leurs publicités avaient été diffusées à côté de comptes néo-nazis. La nouvelle aurait dû servir de signal d’alarme pour Elon Musk. Pourtant, la solution qu’il a choisie est complètement à l’opposé : selon lui, le problème ne viendrait pas du fait qu’il y ait des contenus néo-nazis sur X, mais bien que l’ADL le fasse remarquer.
En décembre 2022, quelques mois après l’arrivée d’Elon Musk à la tête du réseau social, l’ADL et le Center for Countering Digital Hate (Centre contre la haine numérique) avaient publié une étude montrant que le volume de discours haineux avait explosé sous sa direction. Les insultes contre les personnes LGBTQI+ ont plus que doublé, et l’utilisation du « N word » est « trois fois supérieure à la moyenne de 2022 », selon CNN.
Ce n’est pas réellement une surprise. La décision de faire revenir les comptes qui avaient été bannis et de limiter la modération sur le réseau social a bien évidemment rendu X plus dangereux pour beaucoup d’utilisateurs. Elon Musk semble toutefois préférer blâmer l’ADL, plutôt que d’affronter les conséquences de son management du réseau social.
Selon Elon Musk, les études de l’ADL et du Centre contre la haine numérique étaient « totalement fausses ». Le patron de X avait d’ailleurs affirmé que les impressions de discours haineux étaient en baisse depuis son arrivée à la tête de l’entreprise. Il avait ensuite porté plainte contre le Center for Countering Digital Hate, en l’accusant de vouloir torpiller la plateforme en publiant des rapports critiques envers X.
Elon Musk essaie, à nouveau, d’employer la même tactique avec l’ADL, en esquivant les critiques de sa mauvaise gestion, et en préférant blâmer des organismes extérieurs qui pourraient lui nuire, en se victimisant et en se positionnant, toujours, comme le sauveur de la liberté d’expression (et de la démocratie, par la même occasion). On avait déjà dit que l’homme d’affaires avait perdu le contrôle de X, et il semblerait bien que sa longue descente aux enfers continue.
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