Article mis à jour le 30 mai 2018 après l’annonce de la fin de l’application SAIP.
L’application SAIP n’a pas déclenché d’alerte lors de l’attaque du Louvre le 3 février 2017. Censée prévenir les populations en cas d’événement grave, par le biais d’une alerte envoyée au smartphone grâce à la géolocalisation, elle ne s’est pas déclenchée, comme lors de l’attentat perpétré à Nice le 14 juillet dernier. À l’origine développée pour pallier d’éventuels incidents lors de l’Euro 2016 de football, SAIP (pour Système d’alerte et d’information des populations) a subi plusieurs dysfonctionnements qui ont mené à son abandon.
Et ce d’autant plus qu’une alternative existe et est déjà utilisée dans plusieurs pays.
Plutôt que de passer par l’intermédiaire d’une application, et donc via les réseaux 3G, 4G et Wi-Fi qui sont vulnérables comme le soulignait en juin le hacker Gaël Musquet auprès de nos confrères de Libération, les autorités françaises pourraient envisager de recourir à la diffusion cellulaire. Plus connue sous le nom de Cell Broadcast, elle permet d’envoyer un message identique à l’ensemble des abonnés inscrits au service et qui se trouvent à l’intérieur d’une même zone géographique.
Adapté à tous les mobiles et non intrusif
Avec le Cell Broadcast, le SMS n’est pas envoyé à un terminal mais à une cellule du réseau, soit une antenne des réseaux d’opérateurs, qui a son tour diffuse le message à l’ensemble des téléphones mobiles qui se trouvent dans la zone couverte par l’antenne. Le système permet ainsi de définir la zone de diffusion du message en question, qui peut aller d’une seule cellule du réseau à un pays tout entier. En France, la diffusion cellulaire a été standardisée à l’époque du GSM par l’Institut européen des normes de télécommunications (ETSI) et une démonstration a même eu lieu à Paris en 1977, indique ZDNet.
Un tel système semble donc très efficace pour diffuser des consignes de sécurité en cas d’attentat ou de catastrophe naturelle. Non seulement son affichage est généralement non intrusif, c’est-à-dire qu’il ne génère pas de notification sonore comme un SMS classique, mais il présente aussi l’intérêt de s’adapter à tous les mobiles, du dernier smartphone au téléphone le plus basique.
Ainsi, le Cell Broadcast peut toucher une population large — notamment les personnes âgées. Par ailleurs, les canaux spécifiques par lesquels passe la diffusion cellulaire le rendent prioritaire. Le système ne craint donc pas la congestion des réseaux data 3G et 4G, qui va souvent de paire avec les pics de communication.
Déjà utilisé dans plusieurs pays
Depuis 2010, Israël a mis en place la diffusion cellulaire par l’intermédiaire du système de la start-up Evigilo, qui développe des systèmes d’alertes utilisés par les gouvernements et les services d’urgence en cas de situation catastrophique. En plus des SMS, le système peut également envoyer des e-mails, passer par les réseaux sociaux, la radio ou encore la télévision. Egalement déployé au Chili en 2012, la diffusion cellulaire a prouvé son efficacité à l’occasion du tsunami de 2014 où elle a permis d’informer les personnes qui se trouvaient dans les zones à risques qu’ils devaient se mettre à l’abri rapidement.
À New York, la diffusion cellulaire fonctionne selon le dispositif Emergency Alerts. Il a notamment été utilisé en 2016, afin de retrouver Ahmad Khan Rahami, suspecté d’avoir des liens avec les attentats à la bombe à Manhattan et dans le New Jersey du 17 septembre. Le lundi suivant, les New-Yorkais ont reçu ce message : « Recherché : Ahmad Khan Rahami, homme de 28 ans. Voir dans les médias pour sa photo. Appelez le 9-1-1 si vous le voyez ».
Le Japon s’est également doté du système Earthquakes Early Warning, qui permet d’informer grâce au Cell Broadcast du début d’un tremblement de terre, donnant du temps aux Japonais pour se mettre à l’abri. Le message envoyé transmet plusieurs éléments essentiels, tels que l’intensité estimée du séisme et l’heure à laquelle devraient survenir les secousses les plus fortes.
Des exemples qui montrent la pertinence de ce système, surtout mis face-à-face avec feue l’application d’alerte SAIP du gouvernement français qui se limite aux smartphones tournant sous iOS et Android. D’ailleurs, des utilisateurs de Windows Phone avaient lancé en juin 2016 une pétition pour que soit créée une version de l’application qu’ils puissent télécharger. « Les utilisateurs de Windows Phone ont les mêmes droits que les autres systèmes d’exploitation d’être prévenus en cas de menaces terroristes. (…) Nous demandons le portage de cette application sur Windows Phone le plus rapidement possible. » Aujourd’hui, ce sont les réseaux sociaux américains qui ont touché le gros lot.
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