Alors que le Royaume-Uni activera la vérification de l’âge des internautes qui veulent voir des sites pornos mi-juillet, la France pourrait suivre. C’est en tout cas ce que demande un député.

La France marchera-t-elle dans les pas du Royaume-Uni au sujet du contrôle de l’accès aux sites pornographiques ? Un parlementaire appartenant aux Républicains, Thibault Bazin, souhaite en tout cas en discuter. L’intéressé a rédigé une question écrite adressée à Cédric O, le secrétaire d’État au numérique, pour sonder les intentions du gouvernement en la matière.

L’élu de Meurthe-et-Moselle se montre intéressé par le mécanisme imaginé outre-Manche. Dans les grandes lignes, il s’agit de contrôler l’âge de l’internaute via une plateforme tierce. Elle fait la jonction entre les sites X et des services en mesure de vérifier la majorité d’un internaute. Cet intermédiaire est censé éviter que l’on puisse directement lier une identité avec ses activités en ligne.

pornhub

Le logo de Pornhub.

Source : Pornhub

La transposition d’un tel dispositif dans l’Hexagone permettrait, juge-t-il, de « protéger les enfants de ces contenus inappropriés », extrêmement nombreux sur la toile et qui « sont accessibles beaucoup trop facilement ».

L’élu évoque d’ailleurs « tous les effets secondaires que [la consommation de contenus pornographiques par un mineur] peut provoquer » pour soutenir son propos et mettre en exergue les enjeux sociétaux que cette question contient. Cependant, il ne précise pas la nature de ce qu’il entend par effets secondaires : sont-ils d’ordre psychique — par exemple une relative dépendance à ce type de contenus — ou de nature relationnelle, en modifiant le rapport à l’autre, comme l’image de la femme ou de l’acte sexuel ?

Effets indésirables à prévoir

Outre-Manche pourtant, la mesure soulève un certain nombre d’enjeux. De régulation, d’abord, car le système britannique a choisi de confier à l’industrie du porno de gérer le pass porno. De sécurité des données personnelles et de protection de la vie privée ensuite. Même si un cloisonnement est prévu, des bases de données vont être remplies et des renseignements circuleront entre les sites. Ces informations pourraient être exposées à des actions de piratage ou à des mésusages.

Ça ne s’arrête pas là. L’efficacité du système sur l’ensemble du porno en ligne ne paraît pas crédible, tant les sites X pullulent en ligne. Certes, les sites qui ne se conforment pas sont susceptibles d’être bloqués. Mais il n’est pas improbable que ces mesures de blocage atteignent par ricochet des sites tout à fait légitimes qui n’ont rien demandé. Cela s’est déjà vu : les exemples de sur-blocage ne manquent pas.

Et il y a enfin l’attitude même des internautes, qui pourraient ne pas avoir envie de se plier à ce type de contrôle. Les mineurs comme les mineurs pourraient avoir envie de gruger le système, par exemple en faisant transiter leur connexion par un autre pays pour faire croire qu’ils se connectent depuis le Canada, la France, l’Italie ou n’importe quel autre pays, du moment qu’ils donnent l’illusion de ne pas être au Royaume-Uni.

La question écrite, publiée au Journal officiel le 21 mai, n’a pas encore reçu de réponse.

Le système de contrôle britannique, lui, entre en vigueur le 15 juillet prochain.

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