Si Marvel’s Echo rappelle l’ancienne série Netflix Marvel’s Daredevil, ce n’est pas vraiment en raison de la présence de Matt Murdock. Son apparition dans le premier épisode ne vole en aucun cas la vedette à Maya Lopez, qui n’a nul besoin de lui pour briller : Alaqua Cox est charismatique et la série, disponible sur Disney+ depuis ce 10 janvier, repose avant-tout sur ses épaules. En revanche, l’œuvre reprend pleinement les codes policiers, sombres et brutaux de feu Daredevil. De quoi plaire à celles et ceux qui adoraient les aventures urbaines de Matt Murdock.
Via quelques flashbacks, le premier épisode replace le contexte, qui a démarré dans Hawkeye en 2021 : après que le père de Maya a été assassiné, celle-ci se jure de le venger, et rejoint la mafia de Wilson Fisk — qu’elle considère comme un « oncle ». Mais elle découvre que celui-ci lui a menti : à la fin de Hawkeye, elle l’abat d’une balle dans la tête.
Maya est désormais traquée par les hommes de Fisk. Mais elle veut aussi prendre sa place. Dans son périple, elle doit retourner dans son village natal pour affaire. Elle y renoue avec ses racines autochtones, et croise plusieurs visages de son enfance — sa grand-mère, sa cousine Bonnie (qui était aussi sa meilleure amie) et son cousin Biscuits. Il y a nettement une dimension de drame familial dans Echo.
Echo est un thriller d’action quasi indépendant du MCU
La première série du label Marvel’s Spotlight répond à l’exigence d’une série que l’on pourrait qualifier de « mature ». Là où les espoirs étaient d’abord tournés vers Secret Invasion en la matière, c’est finalement Echo qui parvient à proposer une œuvre télévisuelle de ce type dans le MCU. Comme dans Daredevil, la narration se place à un niveau urbain — les entrepôts industriels, les rues, la mafia –, et à une échelle intime.
Le récit, comme promis par le label Spotlight, n’est pas sans cesse multiréférencé au sein d’enjeux cosmiques. C’est un thriller d’action qui pourrait se tenir, même s’il n’était pas une série Marvel. Seule ombre au tableau, l’histoire reste assez maigre et se retrouve donc étirée en longueur sans vraiment chercher à pousser l’inventivité bien loin. Mais la série connaît son atout, et c’est sa mise en scène : l’atmosphère est sombre, les combats sont chorégraphiés pour impressionner. L’action se traduit en une sorte de chaos contrôlé, ce qui là encore rappelle Daredevil.
Et, si Maya est certes très taciturne, l’actrice parvient à faire passer de judicieuses émotions en situation : on ressent sa panique, sa peine, sa colère, ses pics d’adrénaline, avec une intensité physique intéressante. Ainsi, le personnage est suffisamment intrigant pour donner envie de connaître son destin.
Marvel’s Echo s’émancipe tout de même en partie de Daredevil en ajoutant une dimension mystique : puisque Maya fait partie des autochtones d’Amérique, cette origine est pleinement intégrée à la narration au fil de séquences sépulcrales hallucinées, comme des ponts entre le présent et un lointain passé. Sans compter que son double handicap, la surdité ainsi qu’une prothèse, en font aussi un personnage profondément résilient. La langue des signes est intelligemment intégrée à la narration et, lors de nombreuses scènes d’action, le son est soudain coupé pour nous immerger dans la peau de Maya. On regrettera seulement que ses autres sens ne soient pas cinématographiquement mis en exergue lors de ces moments, même si son acuité au combat est censée le montrer d’elle-même.
L’interprétation que nous livre Vincent D’Onofrio dans Echo contribue bien entendu à la série, et à ses rappels mémoriels de Daredevil. L’acteur y est même plus inquiétant, plus intimidant encore, dans cette version de Wilson Fisk.
Sans doute Echo n’est-elle pas une série aussi marquante que WandaVision, et elle ne bénéficiera pas de l’aura de Loki aux yeux du public, mais elle fait du bien et s’avère plutôt réussie en tenant ses promesses. Le label Spotlight montre déjà son intérêt : se pencher sur un seul personnage, son histoire, ses drames, redonne un avenir sensé à un MCU qui se noyait dans ses crossovers et mélis-mélos multiversels à n’en plus finir.
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