Qui diffusera la Ligue 1 en août ? Depuis octobre 2023, la LFP négocie ardemment avec Canal+, BeIN Sports, RMC Sport, Amazon, Apple et DAZN afin de trouver un diffuseur pour la période 2024-2029.
Problème, le tarif fixé par la Ligue ne convient à personne, alors qu’Amazon n’a pas réussi à rentabiliser les droits qu’il avait acquis au tarif de 250 millions d’euros par an. La Ligue rêve du milliard d’euros malgré le flop de Mediapro, qui s’était effondré avec sa chaîne Telefoot en moins d’une demi-saison.
Dans un article publié le 21 juin, le journal L’Équipe dévoile les détails du plan B de la LFP, qui devient de plus en plus plausible à quelques semaines de la reprise du championnat. La LFP miserait désormais sur sa propre application, avec l’intime conviction que des millions de personnes sont prêtes à lui verser de l’argent dans un circuit fermé tous les mois.
À l’heure du streaming illégal et de l’IPTV, la proposition de la LFP est-elle sérieuse ?
Dans l’article de L’Équipe, on apprend que la LFP souhaiterait commercialiser son propre abonnement 100 % Ligue 1 au tarif de 30 euros par mois (on parlait de 25 euros ces dernières semaines, mais il s’agissait en réalité d’un prix hors taxe).
En comparaison aux 14,99 euros par mois du Pass Ligue 1 d’Amazon ou de BeIN Sports, c’est tout simplement énorme. L’abonnement 100 % Ligue 1 aurait pour avantage de réunir toutes les rencontres au même endroit, mais se contenterait du football français. Les abonnements des autres diffuseurs, comme Canal, Amazon ou BeIN, incluaient d’autres championnats, un catalogue de films, de séries et d’émissions.
Même si son offre est très chère et très limitée, la LFP se veut confiant. Elle s’attendrait à attirer 2 072 500 abonnés la première année, soit un revenu de 518 millions d’euros d’ici l’année prochaine (une fois les coûts d’exploitation retirés, il lui resterait 418,8 millions d’euros).
Grâce à une incroyable croissance annuelle, la LFP pense pouvoir atteindre les 3,37 millions de clients payants d’ici 2029, soit un chiffre d’affaires record de 718 millions d’euros. En moyenne, sur cinq ans, la LFP espère gagner 578 millions d’euros par an. On est loin du milliard d’euros, mais la LFP saurait s’en satisfaire.
Reste à répondre à une question importante : tout cela est-il bien réaliste ? Selon NPA Conseil, malgré le bon rapport qualité-prix de son offre, Amazon aurait plafonné à 1,7 million d’abonnés. Son investissement lui aurait fait perdre de l’argent, ce qui explique la raison de sa non-candidature au nouvel appel d’offre. Mediapro, avec sa chaîne à 25 euros par mois (Ligue 1 + Ligue des Champions), n’aurait pas dépassé les 500 000 abonnés.
Avec son tarif de 30 euros par mois, la LFP pourrait limiter les pertes si le même nombre de personnes s’abonne à son pass 100 % Ligue 1. Mais quelle est la probabilité de voir un tel scénario se produire malgré la présence de tous les matchs au même endroit ? À l’heure du piratage et de l’IPTV, personne n’imagine la LFP dépasser le nombre d’abonnés maximal Amazon avec un abonnement à 30 euros par mois. Le risque pour le football français est celui d’un effondrement total, avec le risque de ne pas être sauvé par un nouveau diffuseur cette fois-ci. Autre question : la Ligue est-elle capable de monter une chaîne, une application et une équipe de journalistes en quelques semaines ?
La LFP joue-t-elle un grand bluff ?
L’abonnement 100 % Ligue 1 de la LFP verra-t-il vraiment le jour ? La Ligue semble sérieusement l’envisager, comme en témoignent ses discussions avec les opérateurs et les services de streaming (elle mise sur Orange, Free ou Amazon pour commercialiser son abonnement en option, pour intégrer ses nouvelles chaînes à tous les téléviseurs).
Néanmoins, on ne peut s’empêcher de se demander si l’existence de ce plan B n’est pas un moyen de faire pression sur les chaînes, dans l’espoir de faire augmenter les enchères. DAZN serait toujours intéressé par la Ligue 1, mais pas au prix voulu par la LFP… De son côté, la Ligue rêve de voir Canal+ revenir à la table des discussions, mais le géant français préfère pour l’instant rire de la situation dans laquelle le football français s’est mis.
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