Le troisième vol d’essai du Starship pourrait être l’occasion de tester une manœuvre inédite : le transfert de propergol dans l’espace. Cet essai est nécessaire dans le cadre du programme Artémis, qui vise à renvoyer des astronautes sur la Lune.

On ignore encore à quelle date aura lieu le prochain essai grandeur nature du Starship, mais des indices commencent à émerger sur la suite du programme. Ainsi, le troisième essai serait l’occasion pour SpaceX d’expérimenter le « transfert de propergol » dans l’espace. C’est un scénario étudié par l’entreprise et la Nasa, rapporte CNBC dans son édition du 5 décembre.

« La Nasa et SpaceX étudient les options pour que la démonstration ait lieu lors d’un essai en vol intégré de Starship et du Super Heavy [les deux parties qui composent la fusée, NDLR]. Cependant, aucune décision définitive sur le calendrier n’a été prise », a réagi un porte-parole de l’agence. Selon SpaceX, la fusée pour le troisième test devrait être prête vers Noël.

Starship
Source : SpaceX

Même si le lanceur est opérationnel dans les toutes prochaines semaines, cela ne veut pas dire qu’il pourra revoler dans la foulée. Il faut que SpaceX obtienne au préalable le feu vert des autorités américaines. Par ailleurs, l’analyse des données du deuxième vol doit être complétée, comme l’enquête de SpaceX pour élucider les causes de la fin prématurée du test.

Toutes ces étapes entraînent une incertitude sur la fenêtre d’opportunité du futur tir. À titre d’exemple, il s’était écoulé sept mois entre les deux premières tentatives. En outre, ce « transfert de propergol » pourrait aussi être déplacé à une autre date. En la matière, il n’est pas rare d’assister à des changements de planning de dernière minute.

Des Starships pour assurer le ravitaillement

La capacité de transférer du propergol (ce qui sert à la propulsion de la fusée et que l’on stocke dans les réservoirs) est un élément clé du programme Artémis. SpaceX doit assurer des missions de ravitaillement pour soutenir les ambitions lunaires de la Nasa. À partir d’Artémis III, des astronautes fouleront le sol du satellite naturel de la Terre.

Au décollage, une fusée consomme une large quantité de propergol qu’elle embarque pour arracher sa propre masse (celle de la fusée et celle du propergol) à la gravité terrestre. Pour que SpaceX en livre ailleurs, il faut donc charger davantage les réservoirs. Cela a mécaniquement une incidence sur la consommation de la fusée, car il y a plus de poids en jeu.

Il faut également prévoir assez de propergol pour les opérations spatiales : faire le voyage vers la Lune, effectuer un alunissage maîtrisé, redécoller vers l’orbite de la Lune et repartir vers la Terre. Même si cela implique plusieurs véhicules différents, il faut les approvisionner pour qu’ils puissent assurer leur rôle. Ce qui nécessite donc de livrer et de transférer ledit « carburant ».

Ravitailleur Starship
Une vue d’artiste d’une opération de ravitaillement. // Source : SpaceX

D’où l’idée d’avoir des versions du Starship qui gèrent ce ravitaillement. C’est l’une des déclinaisons, justement, du lanceur qu’a en tête SpaceX. Ces versions spéciales du Starship pourraient ainsi réapprovisionner d’autres véhicules Starship. Voilà pour la théorie. Il reste maintenant à concrétiser cela. Un premier test grandeur nature doit permettre d’avancer sur ce dossier.

CNBC rappelle que le contrat actuel entre la Nasa et SpaceX prévoit une tentative consistant à transférer 10 tonnes d’oxygène liquide entre les réservoirs de la fusée Starship. Cela se fera sur le même lanceur. Il n’est pas prévu aujourd’hui d’organiser un rendez-vous spatial avec une « fusée-réservoir ». Cependant, ce sera un scénario qu’il faudra bien jouer un jour.

Le caractère relativement modeste de l’essai à venir traduit peut-être la difficulté de la manœuvre pour SpaceX. Selon un rapport de la cour des comptes américaine, qui s’appuie sur de la documentation de la Nasa, « SpaceX a fait des progrès limités dans la maturation des technologies nécessaires pour soutenir cet aspect de son plan. »

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