Le programme Artémis, qui doit ramener les USA sur la Lune, a déjà été décalé de deux ans. De son côté, la Chine a un calendrier pour y aller aussi, avec la Russie en partenaire. Chez les élus américains, on s’inquiète que ces reports finissent par offrir une opportunité à la Chine.

Depuis 1972 et la mission Apollo, il n’y a plus eu la moindre présence humaine sur la Lune. Les États-Unis n’avaient plus besoin de continuer à y aller, démonstration avait été faite de leur supériorité. L’URSS n’a jamais rattrapé son retard. L’intérêt scientifique, à l’époque, était limité et, surtout, la conquête de la Lune coûtait très cher.

Un demi-siècle a passé et désormais Washington est lancé dans un vaste projet de retour sur le satellite. C’est le programme Artémis. En théorie, des astronautes américains, puis plus généralement occidentaux ensuite, vont fouler le sol de la Lune avant la fin de la décennie 2020. Du moins, s’il n’y a pas d’imprévu.

Lune
La Lune, nouveau terrain de rivalité entre les USA et la Chine ? // Source : NASA/Bill Ingalls

Premier problème : le programme Artémis connaît un certain glissement sur le calendrier. Initialement, il était prévu de déposer un équipage en 2024. C’était, en tout cas, le souhait de Donald Trump. Irréaliste aux yeux de la Nasa. Une nouvelle date, 2025, a été avancée. Mais là encore, les délais sont trop serrés. On parle maintenant de 2026.

Second souci : la Chine. Pékin aussi a de grandes ambitions dans le spatial. Si le plan qu’elle a concocté avec Moscou, son partenaire dans cette aventure, ne semble pas prévoir d’alunissage habité avant 2030, l’écart se réduit. Les États-Unis ont déjà décalé de deux ans. La Chine pourrait-elle vouloir accélérer ?

La Chine est dans le rétro des USA

Impossible à dire, mais il n’en demeure pas moins que cela devient une source de préoccupation de plus en plus importante outre-Atlantique. Le site Space.com a rapporté à la mi-janvier la crainte croissante de certains élus américains vis-à-vis de la Chine. Il y aurait un risque que l’Empire du Milieu double l’Oncle Sam.

Une crainte que ne partage pas la Nasa, citée par le Washington Post. « Je pense que la Chine a un plan très agressif. Je pense qu’elle aimerait atterrir avant nous parce que cela pourrait lui donner un coup de pouce en termes de relations publiques. Mais le fait est que je ne pense pas qu’ils le feront », a déclaré Bill Nelson, le patron de l’agence.

Les parlementaires mentionnés par Space.com ne partagent pas forcément cette sérénité. « Le pays qui atterrira le premier aura la possibilité de créer un précédent concernant les activités lunaires futures, qui pourront être menées de manière ouverte et transparente ou de manière plus restreinte », a dit l’un d’eux.

Source : Bill Ingalls
Bill Nelson, ici en 2021, est moins inquiet que certains élus. // Source : Bill Ingalls

Cette réaction, lâchée par le représentant Républicain Frank Lucas, qui préside la commission des sciences, de l’espace et de la technologie de la Chambre des représentants, dans son discours d’ouverture, traduit les inquiétudes d’autres élus. Certaines sont davantage alarmistes, d’autres plus maîtrisées.

D’aucuns pourraient considérer qu’avoir « la Chine aux trousses », selon la formule de la représentante Démocrate Zoe Lofgren, est une chance pour démultiplier les efforts américains. Avoir un challenger de poids serait de nature à mobiliser les cœurs et les esprits, en somme toute une nation vers le même objectif.

La course à l’espace entre Moscou et Washington a illustré cette capacité américaine à mettre le paquet lorsque les États-Unis sont challengés. En effet, les USA ont été piqués au vif après les deux exploits soviétiques — Spoutnik 1 et Youri Gagarine. Plusieurs programmes ont été lancés, dont l’emblématique Apollo.

Reste à savoir jusqu’à quel degré de prise de risque l’Amérique serait prête à accepter. Le drame d’Apollo 1 a marqué cruellement l’histoire spatiale des États-Unis. La Nasa, de toute évidence, ne souhaite pas pas aller dans cette direction pour le moment. Le report d’un an des missions Artémis II et III a justement été décidé au nom de la… sécurité.

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