L’ISS commence à être vieille. L’administration américaine souhaite poursuivre les opérations jusqu’en 2030, et l’agence spatiale européenne semble vouloir suivre. C’est moins sûr pour la Russie. Et en fin de décennie, des défis techniques vont se poser.

La construction en orbite de la Station spatiale internationale (ISS) a démarré en 1998. Elle est habitée par des astronautes depuis 2000 de manière continue. En orbite basse terrestre, l’ISS fonctionne avec du matériel datant de plus de 20 ans — par exemple, à l’origine, et jusqu’en 2017, les ordinateurs à bord étaient équipés de Windows XP (maintenant, c’est Linux).

Elle était prévue pour durer 10 à 15 ans, mais approche maintenant doucement les 30 ans. Son histoire touche à sa fin pour des raisons techniques, mais aussi parce que le spatial entre dans une nouvelle époque. À quelle date peut-on estimer cette fin ?

Initialement, l’ISS avait l’autorisation d’être opérationnelle jusqu’en 2024. Mais en 2018, une loi avait failli passer au Congrès américain, visant à repousser cette fin de service à la fin de décennie — 2028 ou 2030. Largement votée au Sénat, la proposition avait finalement été rejetée par la Chambre des représentants. Finalement, lors du passage à la nouvelle année 2022, la Nasa a annoncé dans un post publié le 31 décembre 2021 que la Maison blanche avait directement décidé de prolonger les activités de l’ISS jusqu’à 2030.

Des astronautes de l'ISS en sortie. // Source : Pxhere/CC0 Domaine public (photo recadrée)
Des astronautes de l’ISS en sortie. // Source : Pxhere/CC0 Domaine public (photo recadrée)

La transition vers de nouvelles stations spatiales

« La participation continue des États-Unis à l’ISS renforcera l’innovation et la compétitivité, et fera progresser la recherche et la technologie nécessaires pour envoyer la première femme et la première personne racisée sur la Lune dans le cadre du programme Artemis de la NASA et ouvrir la voie à l’envoi des premiers humains sur Mars », précise le communiqué de l’agence spatiale.

Le programme Artémis vise effectivement à installer une toute nouvelle station spatiale, mais en orbite autour de la Lune. Intitulée Lunar Gateway, elle sera un avant-poste pour y envoyer des humains.

S’ajoutent d’autres projets de nouvelles stations spatiales. La Chine a lancé la construction de la sienne courant 2021, qui devrait s’achever en 2022. Des stations commerciales sont également prévues : l’une développée par Lockheed Martin (Starlab), l’autre par Blue Origin (Orbital Reef), ou encore une autre baptisée Axiom. De manière générale, on observe un mouvement de transition, d’une station basée sur un partenariat intergouvernemental vers des projets provenant d’acteurs privés — avec lesquels la Nasa bâtit des partenariats.

Modélisations d'Orbital Reef fournies par l'entreprise. // Source : Blue Origin
Modélisations d’Orbital Reef fournies par l’entreprise. // Source : Blue Origin

L’avenir de l’ISS demeure incertain

Malgré la confirmation d’une volonté de l’administration Biden-Harris de poursuivre les opérations de l’ISS jusqu’en 2030, il faut également qu’un certain nombre de partenaires suivent. Dans un tweet, le directeur générale de l’agence spatiale européenne (ESA), Josef Aschbacher indiquait « féliciter cette annonce » et « soumettre une proposition aux États membres de l’ESA de poursuivre également jusqu’à 2030 ». Il faudra que cette proposition soit votée.

Du côté de la Russie, c’est plus incertain. Le partenariat est censé expirer fin 2024. Roscosmos, l’agence russe, a ses propres projets de station. Qui plus est, comme le relève SpaceNews, le directeur de Roscsomos, Dmitry Rogozin, avait exprimé des doutes sur les capacités techniques de l’ISS à tenir bon : « L’accord actuel prévoit que nous continuerons à l’exploiter jusqu’en 2024. Il peut, bien sûr, continuer à voler après 2024, mais chaque année suivante sera plus difficile à gérer », avait-il déclaré, faisant référence à des risques de dysfonctionnements techniques.

C’est l’obstacle technique qui devra probablement pousser, un jour, la Nasa à renoncer à exploiter l’ISS. C’est ce qu’expliquait, en 2018, l’ancien administrateur de l’exploration humaine à la Nasa, Bill Gerstenmair : « Nous avons une bonne durée de vie opérationnelle au moins jusqu’en 2028, et peut-être même un peu plus. Nous devons simplement continuer à surveiller la station, à l’entretenir. Ce que nous ne voulons pas, c’est passer plus de temps à faire de la maintenance qu’à faire de la recherche. À ce moment-là, l’utilité de la station commencera à diminuer. »

La Station spatiale internationale // Source : Nasa
La Station spatiale internationale // Source : Nasa

Lorsque cette désuétude technique sera irrémédiable et que tous les regards scientifiques (et dorénavant commerciaux) seront tournés vers d’autres stations, il faudra alors mettre fin à l’ISS. Cela signifie la retirer de son orbite.

À l’heure actuelle, la Nasa n’a pas officialisé de plan spécifique pour désorbiter la station, mais elle y travaille. « La Nasa travaille activement avec l’ensemble des partenaires de la Station spatiale internationale sur des plans visant à désorbiter la station spatiale en toute sécurité à la fin de sa vie », indique l’agence au site spécialisé Space.

Normalement, quel que soit le plan exact choisi, cela signifiera de laisser l’ISS se désintégrer dans l’atmosphère — comme le Skylab — après que les astronautes et certains équipements clés auront été ramenés sur Terre. Cette désintégration devra être contrôlée pour limiter les risques de déchets spatiaux, et que la trajectoire soit dirigée vers une zone maritime non habitée.

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