L’antisionisme est-il une nouvelle forme d’antisémitisme ? Pour Meta, l’entreprise qui régit Facebook et Instagram, la réponse est oui. Avec des nuances. Le mot « sioniste » est désormais classé au rang numéro 1 de sa liste des discours haineux, ce qui devrait amplifier la modération des contenus jugés problématiques.

Il y a un problème d’antisémitisme sur les réseaux sociaux, et il n’est pas nouveau. Depuis l’attaque du 7 octobre en Israël et le début de la guerre à Gaza, un déferlement de contenus haineux s’abat sur les personnes de la communauté juive, souvent avec beaucoup d’amalgames. Le mot « sioniste », au même titre que certaines expressions inventées par des regroupements antisémites (« dragon céleste » par exemple), servent à véhiculer des idées antisémites haineuses, sans la moindre distinction entre le mouvement politique israélien (qui défend la construction d’un État juif) et des personnes qui n’ont rien à voir avec ce conflit.

Le 9 juillet, le groupe Meta, qui régit trois des plateformes les plus puissantes de la planète (Facebook, Instagram et WhatsApp), a annoncé un changement majeur dans sa politique de modération. À partir d’aujourd’hui, le mot « sioniste » (Zionist en anglais) n’est plus systématiquement considéré comme politique, mais peut aussi être un détournement du mot juif pour véhiculer des idées haineuses. Il est toujours possible de critiquer le mouvement sioniste en tant que tel, mais pas d’insulter quelqu’un en le traitant de sioniste.

Facebook va-t-il vraiment mieux modérer les contenus « antisionistes »

Dans un billet de blog, Meta explique qu’il n’a pas été facile de prendre une telle décision. L’entreprise a sondé 145 historiens et experts du droit humain afin de mieux comprendre l’évolution du mot sioniste au fil du temps.

Un de ses constats est que « ce terme fait souvent référence aux partisans d’un mouvement politique, ce qui n’en fait pas une caractéristique protégée par notre règlement, mais, dans certains cas, il peut être utilisé par procuration pour faire référence aux Juifs ou aux Israéliens, qui sont des caractéristiques protégées par notre politique en matière de discours haineux ». Tout l’enjeu pour l’entreprise de Mark Zuckerberg est de savoir quand modérer, et quand laisser les internautes s’exprimer.

« Nous allons maintenant supprimer les discours ciblant les « sionistes » dans plusieurs domaines où notre système montre que le discours tend à être utilisé pour désigner les Juifs et les Israéliens par des comparaisons déshumanisantes, des appels au mal ou des dénis d’existence », indique désormais le groupe Meta, qui indique avoir « constaté que ses règles existantes ne tenaient pas suffisamment compte de la manière dont les gens utilisent le terme « sioniste » en ligne et hors ligne ».

Des images du conflit entre Israel et le Hamas // Source : Le Monde / YouTube
La guerre entre Israël et le Hamas a intensifié les contenus haineux sur les réseaux sociaux. // Source : Le Monde / YouTube

Le mot « sioniste » va-t-il être banni de Facebook, comme certains complotistes vont sûrement le répéter dans les prochains jours ? La réponse est non. Il est toujours possible de critiquer le mouvement politique, de contester la politique d’Israël et de défendre les Palestiniens, en écrivant, par exemple, que « les sionistes sont des criminels de guerre », mais plus d’attaquer un quelconque pouvoir sioniste.

Si une publication signalée à la modération de Facebook joue avec le mot « sioniste » pour véhiculer un cliché antisémite sur les juifs, alors Facebook indique qu’il le traitera comme de la haine de catégorie 1, ce qui l’incitera à supprimer le contenu. Reste à savoir ce qu’il se passera vraiment, puisque Facebook a tendance à refuser d’intervenir sur certains contenus, parfois même nazis, en indiquant ne rien avoir remarqué d’anormal. Sa souplesse est assez grande.

« Les sionistes contrôlent le monde » : Meta dit surveiller plusieurs dérives

Sur son billet de blog, Meta indique que sa vision de la liberté de l’expression l’amène à autoriser les critiques, mais à refuser les ciblages de communautés. « Nous supprimerons un message indiquant que « Les adeptes de la religion X sont stupides », mais nous autoriserons « Les partisans du mouvement politique X sont stupides » » indique l’entreprise.

« À l’avenir, nous supprimerons les contenus attaquant les « sionistes » lorsqu’ils ne concernent pas explicitement le mouvement politique, mais utilisent des stéréotypes antisémites ou menacent d’autres types de dommages par l’intimidation ou la violence à l’encontre de Juifs ou d’Israéliens sous le couvert d’une attaque contre les sionistes ».

Parmi les exemples cités par Meta, il y a :

  • L’idée selon laquelle les sionistes « dirigeraient le monde ou contrôleraient les médias »
  • « des comparaisons déshumanisantes, telles que des comparaisons avec des porcs, des saletés ou de la vermine »
  • « des appels à la violence physique »
  • « la négation de leur droit d’exister »
  • « des moqueries sur le fait d’être atteint d’une maladie ».

Sur son site, Meta indique qu’il traitait déjà le mot sioniste différemment dans certains cas. Sa nouvelle politique l’incitera à être encore plus prudent, en surveillant d’autres phénomènes.

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