Vous commencez seulement à saisir ce qu’est la technologie OLED ? Manque de chance, un nouveau procédé d’affichage est en train d’émerger : le QLED. Poussé par Samsung, il pourrait bien devenir un concurrent sérieux à l’OLED. Numerama fait le point.

LED, OLED et maintenant QLED. Si les fabricants de téléviseurs voulaient semer de la confusion dans l’esprit des consommateurs en quête de leur prochaine TV à acheter, ils ne s’y prendraient sans doute pas autrement. Alors que les écrans à cristaux liquides (LCD) ont fini par triompher de l’autre grande technologie concurrente, le plasma, qui appartient aujourd’hui au passé, plusieurs évolutions du LCD ont fini par voir le jour, sans qu’une tendance ne se dégage vraiment.

Tout est parti des diodes électroluminescentes.

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Afin d’améliorer l’affichage des images, il a été décidé de remplacer progressivement les précédentes méthodes de rétroéclairage sur les écrans LCD par la technologie LED (pour Light-Emitting Diode). Placées à l’arrière des pixels et / ou en bordure de la dalle, ces diodes offrent un rétroéclairage plus homogène, un obscurcissement localisé (local dimming) ou les deux, en fonction de l’approche choisie. Par ailleurs, la généralisation de la technologie LED a contribué à affiner les écrans.

Depuis, deux autres pistes technologiques sont apparues : l’OLED (pour Organic Light-Emitting Diode), c’est-à-dire des diodes électroluminescentes organiques, que l’on trouve dans certains écrans de petite taille, comme le Galaxy S8 de Samsung, et dans des téléviseurs encore assez onéreux (comptez plusieurs milliers d’euros pour vous en offrir un), ainsi que le mystérieux QLED (pour Quantum LED), une solution portée essentiellement par Samsung.

Vous avez dit QLED ?

Ces écrans LED à « points quantiques » (ou « boîtes quantiques ») reposent sur l’insertion d’une couche de nanocristaux liquides entre l’écran LCD et le système de rétroéclairage LED. Pour quels résultats ? « Des couleurs plus intenses, un meilleur équilibre des noirs et des blancs, et une constance de l’image quel que soit l’angle de vue », affirmait Samsung lors de la présentation, ce printemps, de ses nouveaux téléviseurs à Paris.

Des couleurs plus intenses, un meilleur équilibre des noirs et des blancs et une constance de l’image

Ces nanocristaux se colorent sous l’effet de la lumière et délivrent une gamme de couleurs beaucoup plus étendue. Ils permettent de générer une luminosité et une clarté plus élevées, indépendamment du niveau d’éclairage dans la pièce, ajoutant ainsi du confort au visionnage, (et plus de luminosité signifie la possibilité d’étendre le spectre lumineux d’une image et donc de faire un traitement HDR) des contrastes renforcés, une bonne qualité d’image sur un angle de vision plus large sans subir d’effets de rémanence, c’est-à-dire des artefacts visuels restants à l’écran.

« Cette technologie permet aux minuscules nanocristaux d’émettre une couleur qui leur est propre lorsqu’ils sont soumis à une lumière LED. On obtient ainsi des contrastes plus élevés et des couleurs plus saturées que ceux des anciens écrans dotés de Quantum Dots. En outre, les écrans QLED sont plus lumineux. […] Cela signifie que même au niveau des sections plus lumineuses et plus sombres de l’image, toutes les couleurs et nuances conservent leurs caractéristiques et leur intensité », note Samsung.

La technologie Quantum Dot n’est pas tout à fait une nouveauté chez Samsung. C’est en fait une évolution du SUHD. L’entreprise sud-coréenne propose le SUHD dans son catalogue haut de gamme depuis deux ans. Le groupe explique que le « Quantum Dot a fait son apparition début 2015 sur nos téléviseurs du segment supérieur, améliorant la technologie LED existante ».

Comparé à l’OLED

Contraste, luminosité, palette de couleurs, consommation électrique, angles de vue, réactivité, clarté… comme du temps de la guerre entre le LCD et le plasma, il peut être facile de multiplier ad nauseam. les critères de comparaison.

En vérité, la différence fondamentale entre l’OLED et le QLED repose sur le procédé d’éclairage des pixels. Dans le cas de l’OLED, pas besoin de les rétro-éclairer puisque les cristaux ont cédé leur place à des diodes électroluminescentes qui génèrent leur propre lumière. Cela a une conséquence directe sur les appareils qui en sont équipés : sans rétroéclairage, ils sont un peu plus légers mais aussi un peu plus fins, jusqu’à quelques millimètres d’épaisseur à peine !

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La luminosité, l’un des atouts du QLED.

Il n’en demeure pas moins que quelques grandes tendances se dessinent : en matière de luminosité et de couleurs, la technologie QLED est sur le papier supérieure à celles fournie par l’OLED — elle est même parfois plus basse que celle de certains fleurons du LCD, la faute à l’absence d’un système de rétroéclairage. Idem du côté de la taille d’écran : là où l’OLED peine à se déployer sur des grands téléviseurs, avec des diagonales autour de 70 et 80 pouces, le QLED peut monter à 90 pouces. Pour l’instant.

Mais l’OLED a évidemment des points forts à faire valoir. Puisque chaque diode émet sa propre lumière, elle peut s’éteindre complètement et ainsi produire un noir absolu. En clair, son contraste est bien meilleur que la technologie QLED. Elle offre également un angle de vision plus étendu que le QLED, ainsi qu’une réactivité inégalable : l’image n’est ni floue, ni superposée avec celle qui était affichée juste avant. Suffisant pour trancher en faveur de l’un ou l’autre ?

Sans doute pas.

Le QLED est-il mature ?

La technologie QLED n’a en effet pas encore atteint son plein potentiel et plusieurs progrès sont attendus dans les années à venir. Ainsi, les téléviseurs pourraient bénéficier d’une solution à la croisée des chemins entre le QLED et l’OLED, avec des pixels capables de produire leur propre lumière. Lorsque cela arrivera, les appareils gagneront en légèreté et en finesse, et la qualité d’affichage façon QLED sera alors bien plus proche de celle que l’on peut avoir avec l’OLED… au point d’être indiscernables ?

Cette évolution est évoquée aux alentours de 2020.

Un écran QLED accroché au mur.

Un écran QLED accroché au mur.

Mais attention : l’OLED ne va pas non plus en rester là. Concernant la luminosité, son principal point faible, la prochaine génération devrait être plus efficace. C’est ce que promet LG Electronics, le principal acteur du marché de l’OLED : « le problème sera résolu avec la prochaine génération, qui permettra d’atteindre 1 000 candelas par mètre carré, soit deux fois plus qu’un téléviseur LCD ». De quoi remettre les compteurs à zéro entre les deux technologies rivales ?

Mais peut-être que la bataille se jouera au-delà des considérations techniques. Si une image OLED est étourdissante, sa fabrication est complexe et peine à coloniser les écrans de grande taille. Et puisqu’elle coûte cher à produire, cela se ressent sur le prix affiché en magasin. Tout le monde ne pouvant pas se payer un téléviseur très haut de gamme, c’est peut-être ici que la technologie QLED tirera son épingle du jeu, avec une production plus facile et moins cher, du fait de l’absence de matériaux organiques.

Quelle offre QLED ?

Face aux écrans OLED sur lesquels LG Electronics mise énormément, Samsung souhaite faire de sa technologie Quantum LED le fer de sa contre-attaque. Et cela, même si la firme a mis un pied dans les diodes électroluminescentes organiques, en proposant au fil des ans différents appareils équipés de ce procédé d’affichage. Une riposte que le groupe espère payante, alors que les écrans OLED de 2K et 4K commencent à devenir de plus en plus courants.

Il faut dire que Samsung a en quelque sorte zappé la case OLED pour ses dalles, d’où son orientation à marche forcée vers le QLED, au niveau de sa recherche et développement… en ayant évidemment conscience que sa technologie accuserait un certain retard au début. Mais à moyen et long termes, cela peut s’avérer payant, en adaptant leurs usines pour produire leurs dalles. C’est un pari économique long terme ; même si l’offre n’est pas encore au niveau de l’OLED actuel, la capacité en termes de rythme de production d’écrans et de tailles peut faire la différence.

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Samsung, principal acteur du QLED.

Lors du salon berlinois de l’IFA, Samsung a évidemment présenté ses produits QLED. Mais il n’était pas le seul : Philips a lui aussi montré des produits avec ces fameux écrans LED à « points quantiques ». Le principe a même été exploré par Sony, TCL ou même LG, mais sans toutefois déclencher une vraie lame de fond. Pour l’heure, les fabricants de téléviseurs sont surtout accaparés avec la mode de l’OLED, LG alimentant même certains de ses rivaux en dalles.

Toute la question est de savoir si l’influence de Samsung et les qualités propres du QLED entraîneront une reconfiguration du marché. L’enjeu est de taille, car se joue en trame de fond une bataille entre les deux poids lourds sud-coréens, LG et Samsung, chacun ayant des raisons commerciales et stratégiques de défendre l’OLED pour le premier et le QLED pour le second. Et tout comme lors du conflit entre le HD DVD et le Blu-Ray ou bien celui entre le LCD et le plasma, il ne peut en rester qu’un.

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