L’ancien directeur de la gestion des produits de Riot Games dénonce une culture d’entreprise misogyne. Dans un témoignage, il raconte les comportements problématiques d’hommes travaillant pour le studio créateur de League of Legends.

Mise à jour du 30 août à 10h : Deux jours après la publication mettant en cause Riot Games, le studio de jeux vidéo a répondu en assurant que « l’inclusivité, la diversité, le respect et l’égalité ne sont pas négociables ». Dans un communiqué, la société reconnait qu’ « il y a beaucoup à améliorer » et assure que Riot Games fait de la lutte contre les comportements sexistes et misogynes sa « priorité ».

Article original : Barry Hawkins était directeur de la gestion des produits chez Riot Games. Le 27 août 2018, il raconté dans une publication de blog les raisons qui l’ont poussé à quitter ses fonctions au sein du studio de jeux vidéo. Son récit évoque une culture d’entreprise sexiste au sein de la société éditrice du jeu League of Legends.

Peu après son arrivée au sein de Riot Games, Barry Hawkins a constaté « la récurrence et l’intensité de comportements inappropriés au travail », dont il explique avoir commencé à se préoccuper.

L’ancien dirigeant explique avoir observé deux types de comportements problématiques : « l’utilisation de références et de gestes à caractères sexuels, de la part d’hommes hétérosexuels vers d’autres hommes hétérosexuels » ainsi qu’ « un langage sexiste et inapproprié pour parler des femmes ». Barry Hawkins raconte qu’en dressant ce constat il a supposé que son arrivée chez Riot Games devait servir à la société pour lutter contre ce sexisme.

Le logo de Riot Games // Source : Flickr/CC/Chris Yunker

Le logo de Riot Games

Source : Flickr/CC/Chris Yunker

Des remarques agressives entre hommes

Entre août 2012 et février 2014, Barry Hawkins décrit une misogynie ambiante au sein de l’entreprise. Comme le relève Business Insider, l’ancien directeur des produits de Riot Games indique que ses tentatives pour lutter contre les comportements sexistes ont été vaines, si bien qu’il a préféré partir du studio de jeux vidéo.

Décrivant le comportement de certaines hommes entre eux, Barry Hawkins note que les invectives qu’ils s’adressaient étaient « souvent de nature homosexuelle », mais qu’elles pouvaient aussi manifester une forme d’agressivité sexuelle, tournée vers les proches de ces hommes — alors qu’un employé rapportait un conflit avec l’un de ses pairs, son manager lui aurait répondu « mec, tu te comportes comme s’il avait couché avec ta femme ».

Selon l’ancien directeur, ces remarques agressives entre hommes « semblaient être un mécanisme pour asseoir leur contrôle » : les hommes invectivés de la sorte, et réagissant de manière colérique, prenaient le risque d’être perçus comme immatures par leurs collègues.

Une blague sur le viol lors d’un discours

Barry Hawkins revient notamment sur un incident survenu au printemps 2013. Il explique que lors d’un événement organisée en dehors des locaux de Riot Games, auquel les managers du studio étaient conviés, le PDG Brandon Beck a fait une plaisanterie douteuse lors d’un discours. Racontant comment un candidat a d’abord décliné une offre de travail au sein de Riot Games, avant de se laisser convaincre par l’entreprise d’accepter le poste, le PDG a déclaré qu’un « non ne signifie pas nécessairement non ». Pour Barry Hawkins, cette plaisanterie s’inscrivait dans la culture du viol.

C’est cette blague qui a incité Barry Hawkins à quitter Riot Games, après plusieurs échanges avec son PDG. « J’en ai conclu que je ne serais pas en mesure d’avoir une influence suffisante sur la culture d’entreprise problématique de Riot », écrit Barry Hawkins dans sa publication. Désormais, il est en charge des programmes techniques au sein de Hulu.

Business Insider précise que Riot Games nie les allégations que Barry Hawkins porte à l’encontre de la société. Sollicité par nos confrères, Riot Games n’a fait aucun commentaire sur cette situation. Ces derniers mois, les témoignages d’anciens employés dénonçant une atmosphère sexiste au travail se sont multipliés, chez Pixar, Snapchat ou Google.

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