Après des mois de rumeurs et de fuites en tout genre, Google a lancé, le 19 octobre 2021, ses tout nouveaux Pixel 6 et Pixel 6 Pro. Derniers descendants d’une lignée de smartphones nés en 2016, les nouveaux produits de Google rompent un peu avec ce que l’on avait l’habitude de voir sortir des bureaux de Mountain View. Exit les téléphones compacts, discrets et passe-partout, Les nouveaux Pixel veulent marquer leur différence et conquérir le cœur des plus technophiles d’entre nous. À tel point que Google a augmenté son volume de production pour prouver que, cette fois-ci c’est du sérieux.
Ce positionnement, à contre-courant de ce que faisait Google jusqu’ici, se voit tout particulièrement sur le Pixel 6 Pro qui embarque la plupart des technologies disponibles sur le marché mobile actuel. Après une dizaine de jours de test, voici nos retours sur le smartphone haut de gamme de Google.
Nous avons testé un Pixel 6 Pro prêté par Google. Le téléphone est vendu 899 €.
Design et caractéristiques du Pixel 6 Pro
La première chose qui frappe sur le Pixel 6 Pro, c’est son design relativement atypique, voire perturbant, selon la personne à qui vous vous adressez. Alors que jusqu’ici les Pixel avaient un look très (trop ?) simple, cette nouvelle génération de téléphone à un profil assez unique en raison de l’énorme excroissance photo qui se trouve au dos des téléphones. Plutôt que d’afficher un « îlot » photo comme l’iPhone 13 ou le Galaxy S21, les Pixel 6 et 6 Pro optent pour un « bandeau » photo qui s’étale sur toute la largeur des smartphones. Cela leur donne un look tout à fait unique (et permet au téléphone d’être stable quand il est posé sur une table), mais perturbe un peu l’équilibre général du smartphone qui sera plus lourd sur la partie supérieure. Sur le Pixel 6 Pro, vous vous retrouverez aussi fréquemment à mettre vos doigts sur ce fameux bandeau, il faudra donc faire bien attention à le nettoyer quand vous voudrez prendre une photo, sans quoi vous risquez d’avoir un voile de traces de doigts sur vos clichés.
Quoi qu’on pense de ce parti pris esthétique, force est de constater qu’il permet au moins au téléphone de se démarquer, alors que le reste du design est somme toute assez commun. Du verre (Gorilla Glass) couvre l’avant et l’arrière du smartphone, l’écran de 6,7 pouces occupe toute la face avant, et l’appareil photo frontal est logé dans une petite bulle en haut de la dalle. Pour le dire plus simplement, si ce n’était pas pour son bandeau photo, le mobile ressemblerait à beaucoup d’autres téléphones Android vendus aux alentours de 1 000 euros. Côté fiche technique, c’est à peu près la même chose, Google suit les grandes tendances.
Caractéristique | Google Pixel 6 Pro |
Taille de l’écran | 6,7 pouces |
Technologie de l’écran | OLED |
Fréquence | 10 à 120 Hz |
Processeur | Google Tensor, 8 cœurs, 5 nm |
GPU | 8 cœurs |
Poids | 210 g |
Objectifs | Grand-angle, Très grand-angle (0,7x), Télé (4x) |
Accessoires photo | Flash, autofocus laser |
Déverrouillage biométrique | Capteur d’empreintes |
Résistance eau | IP 68 |
Charge sans fil | Qi |
Charge rapide | 30 W |
Connecteur | USB-C |
Réseau | 4G, 5G |
Wi-Fi | 802.11 a/b/g/n/ac/6e |
Là encore, 90 % de ce qui est présenté est assez commun, à l’exception d’un petit détail : le processeur Google Tensor.
Android 12 et les fonctionnalités liés à Google Tensor
Nous sommes déjà revenus en longueur sur tout ce que permet cette nouvelle puce mobile imaginée par Google. Meilleur suivi logiciel, meilleur contrôle exercé par Google, meilleures performances pour les tâches liées à l’intelligence artificielle… Bref à écouter Google, la puce Tensor fait tout mieux que tout le monde. Mais qu’en est-il dans les faits ?
Hé bien, il faut bien avouer que le Pixel 6 Pro propose une expérience utilisateur quasi irréprochable. Toutes les fonctionnalités promises par Google fonctionnent sans accroc. Le traitement des photos est hyper rapide, la transcription audio plutôt bluffante (même si de petits efforts restent à faire en français) et la traduction automatique marche en un claquement de doigts. Plus généralement, toute la couche d’intelligence artificielle proposée par Google à travers son fameux Assistant s’intègre parfaitement bien à l’OS. Pas besoin de lancer un logiciel gourmand en énergie ou d’effectuer une quelconque manipulation, votre téléphone tentera de vous rendre la vie plus facile sans se faire remarquer. Cela se voit notamment sur la fonction « gomme magique » proposée par Google. En un clin d’œil, le Pixel 6 Pro est capable d’identifier les sujets en trop sur une photo et de les effacer tout seul. Sur le parvis du centre Pompidou à Paris, Google est parvenu en moins de 3 secondes à effacer l’intégralité des badauds venus prendre le soleil. Un résultat bluffant et presque un peu inquiétant.
Si vous recevez un message en langue étrangère, une simple bulle apparaitra en haut de l’écran pour vous proposer de le traduire, et le résultat s’affichera au sein de votre application de message comme si on vous avait écrit dans votre langue maternelle. La reconnaissance de texte (et la traduction automatique) dans les photos, ou directement au travers de l’application Lens, est assez bluffante aussi. L’intégration des fonctionnalités d’intelligence artificielle sur le Pixel 6 Pro est discrète et efficace en somme.
L’expérience logicielle, au-delà de ces outils liés à Tensor, a également été soignée. Grâce à la nouvelle philosophie « Material You », Android 12 a un peu plus de caractère que les versions précédentes. Les ajouts comme le tableau de bord de confidentialité ou le check-up de sécurité sont des outils appréciables qui simplifient la gestion de ces aspects au quotidien.
Android 12 représente une amélioration réussie du système, mais il ne révolutionne rien. Les nouveautés les plus intéressantes sont celles directement liées au processeur maison de Google, et donc celles qui sont en grande partie réservées aux téléphones Pixel. À tel point qu’on pourrait penser que les Pixel 6 sont juste une vitrine pour montrer ce dont la puce Google Tensor est capable.
Bonne nouvelle enfin, le Pixel 6 Pro aura le droit à 5 ans de mise à jour de sécurité. Une amélioration par rapport aux derniers Pixel, mais on aimerait que Google aille plus loin encore. Acheter un Pixel reste malgré tout la meilleure manière de recevoir les mises à jour d’Android rapidement.
L’écran 120 Hz du Pixel 6 Pro
L’un des détails qui distinguent le Pixel 6 Pro du modèle « standard », c’est la présence d’un écran 120 Hz. Si cela ne vous parle pas, sachez que c’est la même technologie que l’on retrouve sur les iPhone 13 Pro. Toujours pas plus avancée ? Pour le dire simplement, un écran 120 Hz permet une meilleure fluidité d’affichage. Exit le flou lors du défilement d’une page web ou lors de la navigation dans le système. L’écran est capable de rafraichir l’image affichée à une telle vitesse que les animations paraissent plus fluides et le système plus réactif. On s’habitue vite à ce petit confort à l’œil, qui manque dès que l’on retourne sur un écran « classique » (à 60 Hz).
L’écran du Pixel 6 Pro est aussi capable de descendre jusqu’à un taux de rafraichissement de 10 Hz, pour les moments où la fluidité de l’image n’est pas primordiale. Ainsi si vous jouez aux jeux vidéo, le téléphone vous offrira une fluidité impeccable, alors que si vous lisez un ebook par exemple, l’écran s’agitera moins afin d’économiser la batterie. Tout cela se fait de manière totalement invisible pour l’utilisateur ou l’utilisatrice.
L’écran de 6,7″ du Pixel 6 Pro n’est bien évidemment pas compatible avec une utilisation à une main, mais il existe un mode dédié qui permet de faire descendre virtuellement l’interface pour simplifier les manipulations. Enfin, les plus tatillons seront heureux de savoir que les couleurs affichées par la dalle du 6 Pro sont propres et naturelles, loin du rendu fluo que peuvent avoir d’autres écrans OLED.
L’autonomie du Pixel 6 Pro
L’un des avantages de l’écran à taux de rafraichissement variable, c’est l’impact sur l’autonomie du smartphone. En diminuant l’activité de l’écran lors des phases de veille (et en confiant les activités peu gourmandes en énergie à 4 « petits » cœurs sur le processeur), le Pixel 6 Pro peut afficher une très bonne autonomie.
Après une journée d’utilisation plutôt intense avec plus d’une cinquantaine de photos, une heure de navigation GPS et un peu de streaming audio et vidéo, le téléphone n’était tombé qu’à 40 % vers 19h. De quoi éviter l’angoisse de la panne sèche. Si vous avez une journée plus calme, le Pixel 6 Pro vous tiendra facilement 2 journées pleines avant de réclamer son chargeur.
Question recharge d’ailleurs, il faudra compter 2h environ pour une charge complète. Rien de tout à fait traumatisant, mais d’autres smartphones Android proposent des charges beaucoup plus rapides.
La photo sur le Pixel 6 Pro
Impossible de parler de la gamme Pixel sans revenir longuement sur le volet photo. Les téléphones de Google ont acquis une réputation solide dans ce domaine, et l’entreprise se devait de montrer qu’elle ne s’est pas fait dépasser par la concurrence. Pour la première fois, Google a bardé son téléphone de trois capteurs photo à l’arrière, comme peut le faire Samsung ou Apple. Cela offre au téléphone une grande polyvalence dans l’exercice photographique puisqu’il sera possible de passer d’un ultra grand-angle couvrant 114° d’angle de champ, à un zoom 4x (équivalent à un objectif 104 mm). Quel que soit le sujet que vous voulez prendre en photo, vous devriez avoir l’appareil adéquat.
Pour des raisons de rapidité de chargement, les photos ont été compressées à 80 % et redimensionnées à 1500 px de large
Capteur principal
Par défaut, le Pixel 6 Pro prendra des photos grâce à son capteur principal qui produira des clichés de 12,5 Mpx. Ce dernier n’a aucun mal à rivaliser avec les téléphones à plus de 1 000 euros question qualité. Les photos sont riches en détails, correctement contrastées et profitent d’une dynamique (écart entre les zones les plus sombres et les plus lumineuses) tout à fait maitrisée.
Seul problème de ce module photo : des difficultés ponctuelles à faire le point. C’est rare, mais sur certains sujets pris de près, le smartphone patine et livre parfois une photo floue. Cela ne nous est arrivé que rarement, cela dit, en une dizaine de jours de test et sur plus d’une centaine de photos. Puisque le problème ne semble pas matériel, espérons qu’une petite mise à jour puisse le corriger.
L’ultra grand-angle
Quasiment toutes les qualités et tous les défauts du capteur principal se retrouvent sur l’ultra grand-angle. Le traitement photo est toujours impeccable avec une colorimétrie bien maitrisée et un contraste propre. Seul le piqué souffrira parfois un peu, surtout sur les détails les plus fins. On peut le voir sur la photo ci-dessous, au niveau des briques des quais de Seine par exemple.
Là où ce capteur ultra grand-angle nous laisse un peu perplexes, ce n’est pas sur la qualité de l’image, mais plutôt sur son utilité. La différence d’angle de champ entre le capteur ultra grand-angle et le capteur principal n’est pas sidérante. Il vous servira en cas de photo de groupe dans un endroit étriqué, mais la plupart du temps, mieux vaudra faire un pas en arrière et vous reposer sur le capteur principal.
Zoom 4x
La vraie nouveauté du Pixel 6 Pro (et ce qui le démarque le plus du Pixel 6) c’est son zoom 4x. Le Pixel va donc plus loin que l’iPhone 13 Pro ou que le Samsung Galaxy S21 qui se limite à du x3. L’option, accessible en un clic depuis l’interface de l’application photo, permet de se rapprocher d’un sujet de manière très nette. Cela permet d’obtenir des compositions d’image différentes sans avoir à se rapprocher physiquement d’un sujet. Jugez plutôt la polyvalence qu’un tel module photo offre.
De jour, le module 4X s’en sort plutôt avec les honneurs. Les détails sont bien conservés et le téléphone parvient à éviter le flou de bougé, grâce à un post-traitement efficace. En revanche, le rendu des couleurs n’est pas du tout le même sur ce module 4x que sur le reste de l’arsenal photo du Pixel 6. Cela est flagrant sur les feuilles des deux photos ci-dessous.
De nuit par contre, la baisse de qualité s’observe en mode zoom. Le bruit numérique (ces aberrations chromatiques qui dégradent la qualité) s’invite assez largement sur les clichés, faisant perdre en précision.
Capteur avant
Enfin, le quatrième et dernier module photo présent sur ce Pixel 6 Pro est celui sur la face avant du smartphone dédié aux selfies. Comme sur le reste de l’attirail photo du téléphone, la qualité est là. Les tons de peau sont bien restitués et les photos fourmillent de détails. Il est possible de basculer en mode portrait pour créer un joli bokeh d’arrière-plan.
Quand la lumière vient à manquer par contre, le module perd les pédales et produit une image bourrée d’aberrations chromatiques, aux détails absents et aux lissages forcés.
Les différents modes photo
Comme on a pu le voir, Google a doté son Pixel 6 Pro de nombreux modules photos pour pouvoir jongler entre les différents modes de vue. Mais ce n’est pas tout, de nombreuses options logicielles ont également été ajoutées, toutes se reposent évidemment sur la force de calcul de la puce Google Tensor.
On pourra par exemple prendre des photos en mode « mouvement » : le sujet ou bien le fond, au choix, sera flou pour donner une impression de vitesse. Cela fonctionne assez bien, ne demande aucune manipulation spécifique et permet de donner du style à ses photos. Ce n’est probablement pas un mode que l’on utilisera tous les jours, mais c’est sympathique à avoir.
Le mode portrait est évidemment toujours de la partie avec un flou d’arrière-plan bien maitrisé. Le sujet est parfaitement découpé et le flou bien progressif.
Mais là ou le Pixel 6 brille encore, c’est sur le Mode Nuit. Sur une scène avec très peu de lumière, le téléphone parvient à récupérer une quantité d’informations étonnante, donnant presque l’impression que quelqu’un a allumé une lumière supplémentaire au-dessus de vous.
Il n’y a pas de magie derrière ce mode nuit. Google se contente de faire une pose plus longue, permettant au capteur d’absorber plus de lumière et donc de déboucher les zones les plus sombres. Une petite cible présente lors de l’enregistrement de la photo permet de ne pas trop bouger pendant la capture. Si ce que parvient à faire le Pixel 6 Pro est frappant, le résultat est très loin d’être naturel, se rapprochant presque d’un effet de « nuit américaine ». La lumière est assez artificielle et les contrastes forcés.
Prix et date de sortie du Pixel 6 Pro
Le Pixel 6 pro a été annoncé le 19 octobre 2021. Il est disponible en précommande pour 899 euros. Si vous le commandez avant le 28 octobre (sa date de sortie officielle), un casque Bose 700 est offert.
Le verdict
Google Pixel 6 Pro
Voir la ficheOn a aimé
- La qualité photo
- Android 12 et les fonctions liés à l'IA
- L'autonomie
- La fluidité de l'écran 120 Hz
On a moins aimé
- Un design clivant
- Une charge qui mériterait d'être plus rapide
- De micros défauts de jeunesse en photo
Le Pixel 6 Pro semble être un nouveau départ pour Google. Le smartphone est très différent de ses prédécesseurs, avec une fiche technique bien plus haut de gamme et des caractéristiques empruntées à Samsung par-ci, Apple par là. Adieu les Pixel discrets, cette sixième génération de téléphone veut frapper un grand coup et se positionner en vraie rivale des smartphones ultra haut de gamme de la concurrence. Pour ça, Google peut compter sur son processeur maison, les toutes dernières technologies à la mode et une pléthore de modules photo.
Le Pixel 6 Pro perd donc un peu la marque de fabrique de la lignée Pixel, à savoir-faire plus avec moins. Mais cette approche permet aussi à Google de proposer une expérience matérielle et logicielle réussie, cohérente et bien optimisée. Pour la première fois, on dirait que Google prend le marché vraiment au sérieux et tente de s’armer aussi bien que la concurrence. Le tout pour un prix inférieur de quelques centaines d’euros.
Tout n’est pas parfaitement rose. Le design du téléphone ainsi que sa taille risquent de bloquer certains fans de la gamme Pixel. Quelques petites améliorations au niveau de Google Assistant en français seraient aussi appréciables. Mais à part ça, Google signe avec ce 6 Pro un très beau nouveau chapitre de son histoire mobile.
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