Si les équipes de la mairie de Paris cherchaient le buzz pour faire connaître leur votation « anti-SUV », c’est réussi. Ce dimanche 4 février, les Parisiens inscrits sur les listes électorales sont invités à dire s’ils veulent « plus ou moins de SUV à Paris ». Derrière ce titre, racoleur et trompeur, se cache en fait le souhait de la mairie de Paris de remplir les caisses avec un triplement des tarifs de stationnement pour les véhicules jugés « trop lourds ». Tout ceci n’a finalement plus grand-chose à voir ni avec les SUV, ni avec leur circulation dans Paris.
Le résultat est hélas couru d’avance, on pressent que les votants vont aller dans le sens de l’équipe municipale. Les rares Parisiens ayant une voiture ne seront globalement pas ou peu concernés, puisque la mesure ne touche pas au stationnement résidentiel. Donc, si l’on peut lourdement taxer les péquenauds qui volent les places de stationnements des Parisiens ou qui gênent ceux qui n’ont pas de voiture, le choix est vite fait.
« Pour ou contre la création d’un tarif spécifique pour le stationnement des voitures individuelles lourdes, encombrantes, polluantes ? »
mairie de Paris
Rien à faire des victimes collatérales
Désolée pour les acheteurs du nouveau Peugeot e-3008. Pour vous, le stationnement à Paris ne sera pas de 4 ou 6 € l’heure (selon l’arrondissement), mais de 12 ou 18 € l’heure. Anne Hidalgo a tranché, il ne fallait pas acheter au-delà du nouveau Renault Scénic e-tech. Pour les voitures électriques, la limite de poids à ne pas dépasser afin de payer son stationnement normalement (ce qui est déjà très cher) est fixée à 2 tonnes.
J’en vois déjà certains ricaner un peu vite dans leur berline électrique du malheur des autres en SUV. Cependant, si le vote vise en théorie ces véhicules surélevés, la réalité est bien différente. Tous les propriétaires de Tesla Model S, de Porsche Taycan, de BMW i4, de BYD Seal, de certaines Hyundai Ioniq 6 ou Kia EV6 (et bien d’autres modèles), sont en fait dans le même bateau. C’est ballot !
Pour les voitures thermiques et hybrides, la limite de poids est fixée à 1,6 tonne. Les grands perdants sont notamment les véhicules hybrides, qui n’ont pour l’heure pas le droit à un petit abattement parce qu’ils polluent moins. C’est même tout le contraire, puisqu’une version diesel d’un modèle donné va se retrouver sous la limite de poids, quand la version hybride sera au-dessus.
Paf ! La berline ou le break Peugeot 508 hybride (1 736 kg et plus). Dans les dents aussi, la nouvelle Toyota Prius hybride rechargeable tout équipée qui dépasse les 1 600 kg à cause de 5 kg en trop. Vous cherchez la logique ? Moi aussi.
Avalanche d’arguments fallacieux
Le pire réside probablement dans la campagne (la propagande ?) qui entoure cette votation. La mairie utilise, par exemple, des chiffres issus d’une étude américaine pour pointer du doigt la dangerosité supposée des SUV en ville. C’est pourtant le grand écart au niveau du parc automobile entre les USA et Paris. Un Cadillac Escalade de 2,8 tonnes n’a rien à voir avec le Dacia Duster et sa 1,4 tonne qui roule à 30 km/h dans Paris. Le journaliste Eric Bergerolle, dans un article publié sur Challenges, a démonté décrypté les arguments utilisés à tort par Anne Hidalgo et son équipe, et il y a de la matière à lire.
Bref, la mairie de Paris qui raconte n’importe quoi pour vendre son projet, ce n’est hélas pas nouveau. Que la mesure soit particulièrement impopulaire dans la région francilienne semble même particulièrement motiver les équipes en place. Tant pis pour les touristes de passage et les travailleurs franciliens, il faut profiter de l’automobile vache à lait au maximum, les vélos ne sont pas aussi rentables.
Forcément, à force de supprimer volontairement plusieurs dizaines de milliers de places en surface, la manne budgétaire commence à faiblir. Alors, il faut bien trouver un moyen de récupérer de l’argent, toujours plus d’argent — à dépenser ensuite futilement, de préférence. Mais, de là à multiplier la facture par 3 pour certains véhicules, voilà qui est abusif.
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