Féministes contre le cyberharcèlement — CYBERVIOLENCE ET CYBERHARCÈLEMENT : PUBLICATION...

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CYBERVIOLENCE ET CYBERHARCÈLEMENT : PUBLICATION DES RÉSULTATS DU PREMIER VOLET DE L’ENQUÊTE AUPRÈS DES FRANÇAIS ET FRANÇAISES

l’association Féministes contre le cyberharcèlement publie aujourd’hui les résultats du premier volet de son enquête inédite sur les violences en ligne, « Cyberviolence et cyberharcèlement : état des lieux d’un phénomène répandu », conduite à sa demande par l’institut de sondage IPSOS du 2 au 4 novembre 2021 auprès d’un échantillon de 1008 Français·es. Partant du constat que les cyberviolences sont encore trop peu étudiées, l’association a jugé nécessaire de les quantifier et de les documenter afin de susciter une prise de conscience du caractère massif du phénomène, de ses ressorts spécifiques et de l’urgence de mettre en place des campagnes d’information nationales et des recours satisfaisants pour les victimes.

L’enquête a été réalisée avec le soutien de la Fondation Kering et du Fonds pour les Femmes en Méditerranée.

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UN CONSTAT ALARMANT

Les données collectées auprès des Français·es sur les cyberviolences et le cyberharcèlement dressent un état des lieux alarmant : 41% des Français·es déclarent avoir été victimes de cyberviolences et 31% admettent en avoir commis. Les violences en ligne sont un phénomène extrêmement répandu qui cible en particulier les jeunes et les personnes appartenant à des groupes minorisés. Elles ont de lourdes conséquences sur la vie et la santé des victimes, parfois jusqu’à la tentative de suicide pour plus d’une victime sur 10, et restent pourtant largement minimisées et impunies. La lutte contre ces violences repose encore en majorité sur les victimes, qui, faute de recours satisfaisants en matière de signalement et de procédure judiciaire, développent des stratégies d’auto-défense ayant tendance à restreindre leur liberté d’expression. Pour mieux lutter contre ces violences, les Français·es préconisent notamment de renforcer la prévention et l’éducation aux droits et de mettre en avant le 30 18, numéro d’urgence à destination des les jeunes victimes de violences numériques.

Les cyberviolences et le cyberharcèlement sont un phénomène massif qui ne concerne pas que les plus jeunes.

Plus de 4 Français·es sur 10 ont déjà été victimes de violences en ligne. Bien que ce phénomène concerne plus particulièrement les 18-24 ans, qui sont 87% à déclarer avoir subi une situation de cyberviolence, il ne reste pas cantonné à cette tranche d’âge et touche l’ensemble de la population française. Si les réseaux sociaux et les messageries instantanées apparaissent comme les espaces les plus propices aux cyberviolences, on les retrouve dans tous les espaces numériques, des forums aux applications de rencontre, en passant par les SMS.

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Les enfants semblent concerné·e·s par les cyberviolences dans des proportions assez proches de la moyenne des Français·es, notamment en ce qui concerne les rumeurs et les moqueries ; ce sont 31% des parents qui déclarent que leurs enfants ont été au moins une fois victime de cyberviolence et 1 sur 10 qui admet ne pas savoir ce qu’il en est réellement pour son enfant. Les personnes appartenant à des groupes minorisés sont particulièrement visées par les violences en ligne : 85% des personnes LGBTQIA+ et 71% des personnes racisées déclarent en avoir été victimes. Dans près des deux tiers des cas, les victimes de cyberviolences connaissent la véritable identité de l’agresseur. Par ailleurs, 31% des Français·es reconnaissent avoir été à l’origine d’une situation de cyberviolence. Parmi elles·eux, 1 Français·e sur 10 admet avoir envoyé des photographies non sollicitées de ses parties intimes ou menacé une personne sur les réseaux sociaux.

Les cyberviolences ont de lourdes conséquences sur la santé et la vie des personnes qui en sont victimes.

Les conséquences psychiques et sociales des cyberviolences sont nombreuses et significatives chez les victimes, encore plus lorsqu’il s’agit d’enfants, de femmes et de personnes appartenant à des groupes minorisés. Les victimes de violences en ligne rapportent des impacts très lourds, qu’ils soient sociaux-économiques ou relatifs à la santé.

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Ainsi 22% se sont désinscrit·e·s des réseaux sociaux, 11% déclarent avoir perdu leur emploi ou raté leurs études suite aux violences, 41% d’entre elles se sont senties déprimées ou désespérées, 17% ont pensé au suicide et 16% qu’elles méritaient ce qui leur arrivait. La récurrence des agressions en ligne amplifie les conséquences pour les victimes : près de la moitié (45%) des personnes ayant été victimes a plusieurs reprises de diffusion de photos et de vidéos dégradantes ou intimes ont pensé au suicide. L’appartenance à un groupe minorisé et le fait d’être une femme sont également des facteurs qui démultiplient l’impact des violences.

La méconnaissance de la loi et la banalisation de ces violences encouragent l’impunité.

Si la grande majorité des Français·es a conscience de ce qu’est le cyberharcèlement, le fait que ces agissements tombent sous le coup de la loi est souvent moins connu. À peine plus du quart des Français·es reconnaissent l’ensemble des actes de cyberviolence énumérés comme tels. Ce sont les personnes les plus familières des réseaux sociaux (les jeunes, les personnes présentes sur beaucoup de réseaux) qui ont le plus de difficultés à reconnaitre ces situations comme relevant de la cyberviolence. Par ailleurs, 73% des Francais·es déclarent ne pas connaître les risques pénaux encourus lorsqu’un acte de cyberviolence ou de cyberharcèlement est commis.

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La gravité de ces violences est pourtant largement reconnue : plus de 9 Français·es sur 10 considèrent que les cyberviolences sont graves. Fait marquant : les personnes qui ont le plus tendance à les minimiser sont aussi les plus visées par les violences en ligne. On retrouve notamment cette tendance chez les femmes, mais également chez les personnes déclarant appartenir à un groupe minorisé : elles sont 43% à penser qu’il s’agit de faits assez graves à très graves, contre 74% des personnes n’ayant pas déclaré appartenir à un groupe minorisé.

Des recours qui apparaissent comme insuffisants et des signalements qui restent lettre morte.

En majorité, qu’ils ou elles aient été victimes ou non de cyberharcèlement, les Français·es ne savent pas à qui s’adresser en cas de cyberviolence ou de cyberharcèlement. Plus de la moitié des Français·es déclare ne pas savoir (59%) ou ne pas avoir su (52%) ni réagir ni à qui s’adresser en tant que victime d’un acte de cyberviolence.

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Par ailleurs, le soutien des plateformes de réseaux sociaux en matière de lutte contre le cyberharcèlement est majoritairement perçu comme insuffisant. Près de deux tiers (65%) des Français·es estiment que les plateformes n’en font pas suffisamment en matière de lutte contre les violences en ligne. Si plus d’1 Français·e sur 3 déclare avoir déjà fait la démarche de signaler un contenu ou un profil considéré comme malveillant ou inapproprié, dans plus de la moitié (58%) des cas, soit le réseau social n’a pas répondu, soit sa réponse a été insatisfaisante.

Si 1 victime sur 5 déclare s’être rendue à la police ou à la gendarmerie pour porter plainte, moins de la moitié de ces plaintes (47%) ont donné lieu à des poursuites judiciaires et deux tiers (67%) des personnes qui ont fait la démarche d’aller porter plainte se sont vues refuser ce dépôt.

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L’autocensure comme moyen d’auto-défense.

Parmi les 6 Français·es sur 10 utilisant les réseaux qui déclarent ne rien publier, 1 sur 10 déclare se l’interdire par peur des conséquences malgré son envie de publier. Quant aux personnes qui publient, elles déclarent faire attention ; seule une minorité publie des contenus sans se restreindre. La présence en ligne est donc pensée de manière défensive et le fait d’avoir été plusieurs fois victime amplifie la tendance à l’autocensure. Ce sont les publications sur les croyances religieuses, les opinions politiques, l’orientation sexuelle et les photos dénudées (maillot de bain par exemple) sur lesquelles les utilisateurs et utilisatrices des réseaux sociaux déclarent se restreindre le plus.

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« Les cyberviolences ont fréquemment des ressorts sexistes, racistes et LGBTQIA+phobes, ce sont autant de moyens d’intimidation qui incitent à ne pas prendre trop de place et à se conformer à la loi de l’agresseur pour utiliser les réseaux » commente Johanna Soraya Benamrouche, co-fondatrice de Féministes contre le cyberharcèlement, « C’est d’ailleurs ce que préconisent malheureusement certaines tendances dépolitisées de l’éducation numérique » ajoute Ketsia Mutombo, présidente de l’association.

Des leviers essentiels pour lutter contre les cyberviolences selon les Français·es.

Le renforcement de la prévention et de l’éducation aux droits apparait essentiel aux Français·es pour améliorer l’information du public et en particulier des plus jeunes. Iels préconisent également la mise en avant du 3018, le numéro d’urgence pour les jeunes victimes de violences numériques, ou la simplification du dépôt de plainte pour mieux accompagner les victimes. En revanche, la levée de l’anonymat ou du pseudonymat n’est pas considérée comme un levier important, et pour cause, puisque dans la majorité des cas les victimes connaissent l’identité de l’auteur des violences.

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