[Journée Mondiale des Zones Humides]
La Convention de Ramsar fête aujourd’hui son 54ème anniversaire, dans un contexte on ne peut plus morose pour les zones humides de France.
On se souviendra que les zones humides ont longtemps été perçues comme des espaces insalubres et inutiles. Un témoin de cette conception négative est la loi du 19 juin 1857, qui a conduit à accélérer la transformation d’une grande partie des Landes de Gascogne en une monoculture de pins maritime…
Il y a eu depuis des avancées conséquentes. La loi sur l’eau du 3 janvier 1992 consacrait une définition légale des zones humides (C. envir., art. L.211-1, I, 1°). Par la suite, la loi du 24 juillet 2019 portant création de l'Office français de la biodiversité a, au terme de nombreuses années d’atermoiements juridiques, établi le caractère alternatif et non plus cumulatif des critères (pédologique et botanique) permettant de caractériser une zone humide.
Reste qu’il ne faut pas prendre pour acquise la protection que le législateur et le pouvoir règlementaire ont accordé, au fil du temps, à ces milieux fragiles et qui sont, aujourd’hui encore, exposés à de multiples pressions foncières, qu’elles soient agricoles ou urbanistiques.
A cet égard, il faut avoir à l’esprit que la première mouture de la proposition de loi visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur (https://lnkd.in/eDFgRArw) entendait rétablir le caractère cumulatif des critères permettant de définir une zone humide. Le texte, voté au Sénat fin janvier, doit désormais être discuté à l’Assemblée nationale.
On se souviendra aussi d’une régression règlementaire de taille, avec l’arrêté du 3 juillet 2024 (https://lnkd.in/enYemqFA), qui simplifie considérablement la création de petits plans d’eau (inférieurs à 1 ha) sur les zones humides.
Dans ces conditions, il est regrettable que le principe de non-régression environnementale (C. envir., L.110-1) ne soit pas inscrit dans notre Constitution. Ce principe, peu respecté, a en plus de cela été parodié par la PPL Duplomb, dont la version initiale entendait intégrer dans la loi un principe de non-régression… du potentiel agricole !
Ces coups portés à la protection des zones humides reviennent à scier la branche sur laquelle nous sommes assis. Or, loin d’être des contraintes pour les agriculteurs, les zones humides sont pourtant leurs précieuses alliées pour faire face aux conséquences du dérèglement climatique.
L’amenuisement de la protection juridique des zones humides invite les acteurs locaux à agir pour assurer leur préservation. Les collectivités locales et leurs groupements ont un rôle de premier plan à jouer pour protéger les zones humides, car elles disposent de nombreux leviers sur lesquels s'appuyer (PLU, obligations réelles environnementales, ...)
📷 Photo : Lagune du Pont Lisse, Séné, périmètre de Golfe du Morbihan - Vannes Agglomération, Janvier 2025