Post de Comité interprofessionnel des Vins d'Alsace

Pour Gabriel Lepousez, neurobiologiste spécialiste de la perception sensorielle, le vin n’induit pas seulement un plaisir de dégustation, il est aussi nourriture intellectuelle. Le scientifique y trouve un support de travail dans sa quête de compréhension du fonctionnement de notre cerveau et de notre sensorialité. L’Alsace, par sa multiplicité, en est une superbe illustration. Quels vins vous ont introduit à l’Alsace ? Mes premières grandes émotions, ce sont les moelleux et liquoreux d’Alsace. En les goûtant, j’ai réalisé qu’il existait un tout autre monde, loin des vins acidulés de supermarché qui m’avaient laissé un souvenir vague de l’Alsace. Pendant mes études et à l’orée de ma carrière scientifique, j’ai fait partie de clubs d’œnologie. À Paris, lors de soirées organisées par l’école de dégustation Grains Nobles, les étudiants pouvaient goûter les vins servis aux journalistes, sommeliers et vignerons, en échange du service et de la vaisselle. C’est là que j’ai découvert les Vendanges Tardives et Sélections de Grains Nobles, qui plus est sur de vieux millésimes. On ne peut pas imaginer ces vins, il faut les goûter pour les rencontrer. Les aimez-vous toujours ? Bien sûr, ces vins procurent une véritable ivresse sensorielle. Récemment, avec ces mêmes amis du club d’œnologie, le temps s’est dilaté à la dégustation d’un Pinot Gris Clos Windsbuhl Sélection de Grains Nobles 2010 du Domaine Zind-Humbrecht. On a tous fermé les yeux, en silence, tant le vin semblait parler. J’en ai discuté ensuite avec le vigneron, Olivier Humbrecht, qui m’a confié que le botrytis noble, à l’origine de ces vins, se faisait rare, le dérèglement climatique modifiant les équilibres. Avec cette bouteille, m’a-t-il dit, nous goûtions à quelque chose qui n’existera peut-être plus. Quels sont les atouts de l’Alsace à vos yeux ? Les Vins d’Alsace constituent un support pédagogique idéal de par leur diversité. Par exemple, si je travaille sur la perception de la salinité, je peux facilement trouver trois vins, parfois du même cépage et du même vigneron, présentant trois salinités différentes. Un autre atout de l’Alsace, ce sont les surprises qu’elle renouvelle. Je tombe toujours sur quelque chose que je n’ai pas goûté. Les vins de macération, en particulier, sont le fruit d’une capacité d’adaptation brillante des Alsaciens face à des cépages aux équilibres bousculés par le changement climatique, à l’image du #Gewurztraminer. Le travail de macération est intéressant, le vin perd du nez -de l’aromatique-, mais gagne en bouche, en texture. Que dégageront ces vins dans quelques décennies, quand les tanins auront mué ? Je suis très curieux de leur potentiel de vieillissement. J’ai hâte également d’être dans dix ans pour découvrir le futur des rouges d’#Alsace, l’autre pierre précieuse locale. La région est en train de devenir un grand terroir de rouges. Entretien complet dans le numéro 13 du magazine Flute

  • Aucune description alternative pour cette image
Georges TRUC

Œnogéologue, promoteur de la dégustation géosensorielle, expert des relations terroirs et vins

4 mois

La fin du post de Gabriel souligne le fait que les rouges d'Alsace sont devenus de très grands vins. Ceux que j'ai eu le privilège de déguster, provenant des secteurs d'Albé et de Reichsfeld, sur schistes, sont extraordinaires.

Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Explorer les sujets