Il y a tout juste un an, les Restos du Cœur tiraient la sonnette d’alarme. Face à l’inflation galopante et à l’augmentation du nombre de bénéficiaires, l’association craignait de terminer l’année avec un déficit abyssal de 35 millions d’euros. Un appel à l’aide lancé dans l’urgence, qui a suscité un formidable élan de générosité de la part des Français. Mais un an après, où en sont réellement les Restos du Cœur ? Entre réduction de l’aide alimentaire et augmentation continue de la précarité, le bilan est pour le moins contrasté.
Une aide vitale mais réduite pour les plus démunis
Pour Mireille, bénéficiaire des Restos du Cœur en Gironde, pas le choix. Une fois par semaine, elle vient chercher de quoi se nourrir dans l’un des centres de distribution de l’association. Fruits, légumes, produits de base… Une aide essentielle pour cette femme sans emploi, qui reconnaît que “ça aide, oui. Et puis les fruits, c’est très cher. Ici, on peut en avoir avec les légumes”. Pourtant, cette année, Mireille comme les autres bénéficiaires ont dû faire face à une réduction de l’aide alimentaire fournie par les Restos du Cœur. En cause : la flambée des prix des denrées. Car l’association achète elle-même un tiers de la nourriture qu’elle distribue.
Face à ce contexte difficile, les bénévoles ont dû s’adapter et parfois prendre des décisions douloureuses. “On a été obligés de refuser des gens, on savait qu’ils étaient dans le besoin donc c’est dur”, confie Annick, bénévole de longue date. Au total, ce sont près de 110 000 personnes qui ont dû être refusées cette année par les Restos du Cœur, faute de moyens suffisants.
Notre principale inquiétude, c’est cette augmentation de la précarité.
Patrice Douret, président des Restos du Cœur
Un sursaut de générosité salutaire mais temporaire
Pourtant, grâce à l’appel à l’aide lancé par les Restos du Cœur en 2023, l’association a pu éviter le pire. Les dons des particuliers ont afflué de manière exceptionnelle, permettant de boucler l’année avec un excédent de 22 millions d’euros, loin du déficit historique tant redouté. De quoi voir l’avenir avec un peu plus de sérénité pour Patrice Douret, le président de l’association. “Cet argent va nous permettre dès le mois de novembre de mieux aider les bénéficiaires, et particulièrement les familles monoparentales ainsi que les enfants de moins de 3 ans”, détaille-t-il.
“Ces enfants, on va les accompagner spécifiquement avec une aide alimentaire adaptée, mais aussi, on va pouvoir les accompagner sur tous les autres besoins : aide aux devoirs, être habillé comme ses petits camarades, aller au cinéma…” – Dany Saulnier, déléguée régionale des Restos du Cœur en Nouvelle-Aquitaine.
La précarité continue de progresser, l’avenir reste incertain
Malgré ce répit bienvenu, les responsables des Restos du Cœur restent prudents et inquiets pour les mois à venir. Car à l’approche de la campagne hivernale, la précarité continue de gagner du terrain en France. Selon les derniers...